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Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas un fan de R.E.M., mais il y à quelques albums d'eux que j'adore : Out Of Time et Automatic For The People (les deux plus connus et vendus, avec leurs hits) ; Monster (moins commercial, plus rentre-dedans, presque grunge et sous-estimé) ; et cet album-ci. Marrant, mais ces quatre albums se suivent, de 1991 à 1996, dans la discographie de la bande à Michael Stipe. Sinon, mis à part ces albums, j'apprécie ce groupe (je dois dire cependant que de leurs premiers albums, la période IRS Records, des albums comme Fables Of The Reconstruction ou Murmur, je m'en suis un peu lassé), mais je trouve qu'une fois ce disque, que je réaborde ici, commercialisé, le groupe n'arrivera pratiquement plus à surprendre son monde. Je ne vais pas dire que c'est leur dernier bon disque, c'est pas le cas, mais c'est, en tout cas, le dernier qui me plaît. Mais de quel album est-ce que je veux parler ? Hé bien, de ce disque sorti en 1996, New Adventures In Hi-Fi. Produit par le fidèle Scott Litt (mais c'est le dernier album qu'il produira pour eux), ce disque sorti sous une sobrissime pochette noir & blanc montrant de grands espaces typiquement américains, est le dixième du groupe, et sera leur dernier avec leur batteur, Bill Berry, membre fondateur (tous les membres du groupe, depuis la création de R.E.M. jusqu'à leur dernier album et leur séparation il y à environ 9 ans, resteront les mêmes, ils ne remplaceront jamais leur batteur à titre officiel une fois Berry hors du groupe), qui est parti pour des raisons de santé, et est resté en excellents termes avec le reste du groupe (chanteur Michael Stipe, guitariste Peter Buck, bassiste Mike Mills). 

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Dans la discographie de R.E.M., New Adventures In Hi-Fi fait suite à Monster (1994), disque très rock, presque grunge, un album assez efficace mais qui ne marchera pas aussi bien que prévu et fera se poser des questions au groupe. Ils ont essayé de virer au rock le plus pur et dur, mais ça n'a pas fonctionné, le public n'a pas suivi (en plus, le disque était sorti sous une pochette hideuse, criarde et vraiment cheloue...). Le groupe part en tournée, en 1995, et c'est pendant cette tournée, comme un bon vieux Led Zeppelin II, que fut enregistré ce nouvel album. Entre fin 1995 et l'été 1996, précisément, en divers studios, Boston, Atlanta, Detroit,, Philadelphie, Memphis, Phoenix et Seattle. Selon les membres du groupe, le Time Fades Away de Neil Young, mythique album live de 1973, fut une importante source d'inspiration pour le disque et ses sonorités. Mais le disque de R.E.M. n'est pas un live. Il offre 14 titres (pour un total très généreux de 65 minutes, leur plus long à l'époque), tous inédits, dont quatre sortiront en singles entre fin août 1996 (soit quelques jours avant la sortie de l'album) et avril de l'année suivante. C'est un album qui entremêle rock et atmosphères country/folk, et qui fait l'unanimité aussi bien au sein du groupe (Stipe en parle comme de son préféré, les autres en sont également très fiers) que parmi les fans. Il faut dire que New Adventures In Hi-Fi est un régal absolu que l'on écoute avec un plaisir total malgré une durée qui aurait pu sembler éreintante. L'album est réussi en cela qu'il est très varié : il s'ouvre sur un de ses hits, How The West Was Won And Where It Got Us, servi par un piano inoubliable (cinq notes frappées, rapides, répétitives, qui vous resteront dans le crâne à vie) et un Stipe concerné ; il se poursuit sur le très rock (il aurait eu sa place sur Monster) The Wake-Up Bomb et le plus R.E.M.ien New Test Leper, se poursuit par le sublime Undertow et un morceau enregistré en collaboration avec Patti Smith (elle chante un peu dessus) qui sortira en single avant l'album, E-Bow The Letter (le morceau, qui ne marchera pas super bien dans les charts, est en hommage à River Phoenix), puis on trouve le long (7 minutes, le plus long ici) et fantastique Leave...

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La troisième face du vinyle (à noter que dans le tracklisting plus bas, j'indique des titres spécifiques pour les faces A et C, on ne les trouve pas sur le vinyle, mais sur l'édition K7, qui est sur deux faces seulement, mais j'ai trouvé sympa de les indiquer ici) s'ouvre sur un des morceaux les plus rock non pas de l'album, mais du groupe, Departure, avec son riff bien saisissant et génial, et est suivi par Bittersweet Me, sorti en single, est efficace au possible. L'album poursuit son petit bonhomme de chemin, ensuite (Binky The Doormat, Low Desert...) juqu'à un Electrolite sublimissime en final, chanson qui sortira en single et fait partie des joyaux de ce dixième album vraiment exceptionnel, un des sommets du groupe, et accessoirement, mon grand préféré d'eux, celui que je réécoute le plus souvent, avec le plus de passion. Entre Leave, Departure, E-Bow The Letter, Electrolite, Undertow et How The West Was Won And Where It Got Us (notons cependant que les morceaux les plus prodigieux sont quasiment tous dans la première moitié de l'album), cet album très rock et roots est un régal, superbement produit, varié, et, ce qui est assez peu fréquent avec un album de cette durée, il ne semble pas trop long, les 65 minutes passent comme une lettre à la poste. L'album suivant, Up (1998, le premier sans Berry qui, d'après la légende, aurait acheté, lui-même, un exemplaire de l'album en magasin comme n'importe quel fan, ayant refusé de le recevoir en cadeau parce qu'il faisait autrefois partie du groupe), fait une minute de moins, mais semble durée vingt minutes de plus, tant il semble laborieux. Ici, tout coule de source, et même les morceaux les moins époustouflants (on va dire, 5 des 6 derniers, le final mis à part) sont réussis. C'est peut-être bien le sommet de R.E.M., en tout cas, un très grand disque, et peut-être le meilleur de 1996 (avec le Murder Ballads de Nick Cave & The Bad Seeds et le Odelay de Beck).

 

FACE A (The Hi Side)

How The West Was Won And Where It Got Us

The Wake-Up Bomb

New Test Leper

FACE B

Undertow

E-Bow The Letter

Leave

FACE C (The Fi Side)

Departure

Bittersweet Me

Be Mine

Binky The Doormat

FACE D

Zither

So Fast, So Numb

Low Desert

Electrolite