Les Stranglers furent un des groupes de rock les moins aimés de l'histoire (pas autant que Suicide, n'exagérons pas, mais tout de même). Il faut dire qu'il y à de quoi : les claviers étonnants à la Doors modernes, les chansons très machistes, sexistes, l'attitude punk soigneusement cachée sous des oripeaux new-wave, et des musiciens plus âgés que de coutume (pas non plus des darons, mais le batteur, Jet Black, par exemple, est plus âgé que la totalité des membres de groupes de rock punk et new-wave de l'époque). Plus d'autres choses, probablement... Ayant lancé leur carrière discographique en 1977 aveec un premier album (Rattus Norvegicus) sous-titré IV (fallait le faire !!!), les Etrangleurs ont par la suite sorti d'excellents albums, le sommet étant probablement leur quatrième, The Raven, en 1979. En 1981, deux albums : d'abord, The Gospel According To The Meninblack, puis cet album, leur sixième, La Folie. Pour beaucoup, avec cet album commence la fin du groupe.
En effet, La Folie est un album nettement plus accessible et pop/rock, new-wave pure, que les précédents, qui étaient généralement assez space (The Raven est même, des fois, considéré comme inaudible en raison de son côté expérimental). L'album, 41 minutes, offre un tube pour le groupe, un de leurs premiers vrais hits, Golden Brown. Qui reste assurément une de leurs meilleures chansons. La chanson sortira en single, tout comme Let Me Introduce You To The Family et La Folie, chanson terminale achevant l'album sur une note aussi envoûtante et magnifique que très, très sinistre et morbide. La chanson, interprétée en français par le bassiste français (né à Londres de parents français) Jean-Jacques Burnel, parle en effet de ce Japonais fou, Issei Sagawa, qui, en 1981, a tué et à moitié dévoré une jeune femme, à Paris. Il a été extradé vers le Japon, après une courte période d'internement dans un asile français, et il vit libre, en mini-star, dans son pays. La chanson, malgré des maladresses de texte (on sent que Burnel n'est pas à son aise à l'écriture, et par moments, ça fait vraiment maladroit, un peu comme une mauvaise traduction française d'un texte anglais, ce qui est bizarre vu que la chanson a été écrite dans la langue de Molière !), est franchement remarquable. Ces claviers (de Dave Greenfield), vaporeux, distillent une atmosphère aussi magique que flippante, au vu du sujet abordé. Une conclusion imparable pour l'album.
Mais La Folie, qui doit donc son titre à cette chanson, possède vraiment d'autres petites merveilles : Tramp, Non Stop (qui, selon le chanteur et guitariste Hugo Cornwell, aurait du s'appeler Non Stop Nun à la base), The Man They Love To Hate, et donc, Golden Brown. Pas le sommet absolu des Stranglers, ce disque résolument pop mais encore assez post-punk arty dans l'âme, toujours baigné de claviers étranges et difficilement appréciable aux premières écoutes (je comprend pourquoi les Stranglers ne furent pas aimés à l'époque !), ce disque, donc, n'en demeure pas moins une réussite, un album bien supérieur à l'ensemble des albums suivants du groupe (Feline, Aural Sculpture, Dreamtime, 10...). Bref, un très bon cru !!
FACE A
Non Stop
Everybody Loves You When You're Dead
Tramp
Let Me Introduce You To The Family
Ain't Nothin' To It
The Man They Love To Hate
FACE B
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It Only Takes Two To Tango
Golden Brown
How To Find True Love And Happiness In The Present Day
La Folie