Pour ce 345ème Track-by-track, un classique de la musique disco/funk, sorti en 1980. C'est un album de Diana Ross, et probablement son meilleur et son plus connu, et il s'appelle sobrement Diana. Produit par la Chic Organization (Nile Rodgers et Bernard Edwards, qui ont signé les morceaux), c'est un disque titanesque malgré une courte durée (34 minutes, 8 titres), offrant plusieurs gros tubes de la diva soul (qui se lance ici nettement dans la disco pure), et sorti sous une pochette la montrant en t-shirt et jeans, bien loin de son look habituel très distingué. L'album, que voici, sera remixé par Berry Gordy, patron de la Motown (label de Diana, sur lequel est sorti l'album), qui estimera le mix de Chic trop spécial. Les deux mixes (celui de Motown, définitif, et celui de Chic) sont disponibles sur l'édition DeLuxe double CD, et il faut admettre que le mix Motown est meilleur que l'autre. Sinon, le voici, ce disque :
Upside Down : Monstrueux. Avec ses arrangements de cordes typiques du disco, avec son chant parfait, avec son refrain inoubliable et son solo de guitare final (enterré dans le mix original de Chic, ce qui est étonnant ; une des meilleures choses que Berry Gordy a fait en remixant l'album selon ses goûts est d'avoir ressorti du mix de solo final, qui virevolte comme jamais et est un des meilleurs moments de la chanson), Upside Down est une chanson immense, immortelle, un des hymnes absolus du disco avec le Good Times de Chic et le Don't Stop 'Til You Get Enough de Michael Jackson. Rien d'autre à dire, c'est immense. Upside down you're turn me, you give me love instictively, round and round you turn me...
Tenderness : Moins marquant que Upside Down (forcément...autant le dire, si l'album assure totalement, Upside Down en est vraiment le sommet absolu), Tenderness est une excellente petite chanson disco/pop/funk endiablée, avec tout ce qui fait l'attrait de la musique disco : arrangements symphoniques (fausses cordes), basse virevoltante, guitare remarquable, batterie très efficace... Tenderness n'est pas le sommet de Diana, mais c'est tout de même une très bonne petite chanson, sur laquelle il n'y à au final pas grand chose à dire, si ce n'est que c'est pas mal du tout.
Friend To Friend : Une chanson sublime et très calme, surtout après deux chansons bien dansantes. Chanson la plus courte avec 3,20 minutes, Friend To Friend est une pure petite merveille douceâtre, servi par un chant magnifique et chaleureux, suave, de Diana Ross, et un jeu de guitare inoubliable de Nile Rodgers. Une très belle chanson qui est une de mes préférées de l'album. Après, on peut préférer les chansons remuantes, disco, dansantes, mais dans l'absolu, Friend To Friend (dans la pochette intérieure, une photo dédicacée de Diana Ross est signée from friend to friend) est bel et bien une des réussites de ce Diana vraiment sublime et un peu méconnu de nos jours.
I'm Coming Out : Imaginez la colère, la fureur, la stupéfaction, aussi, de la Diana, quand elle s'est rendue compte de ce que Nile Rodgers lui avait fait chanter dans I'm Coming Out ! Chanson mythique (sortie en single, gros carton), deuxième chanson la plus longue de l'album avec 5,25 minutes, elle a été imaginée par Nile après avoir vu, dans un club, un travelo imitant Diana Ross. La chanson est devenue un hymne des gays et lesbiennes du monde entier, Diana est devenue une icône gay, l'expression faire son coming-out est devenue connue pour parler de quelqu'un avouant publiquement son homosexualité ou sa bisexualité... Après, on peut se demander si l'expression vient de la chanson ou bien de la chanson Make-Up de Lou Reed (1972, Transformer), qui parle de travestis se maquillant avant de sortir, et dont le refrain est We're coming out, out of our closets (sortir du placard est la traduction généralement donnée à faire son coming-out). Mais revenons à la chanson, qui est très dansante, et franchement remarquable, une des meilleures de l'album. Elle achève efficacement la face A.
Have Fun (Again) : Ouverture de la face B, Have Fun (Again), longue de quasiment 6 minutes, est le morceau qui me plaît le moins ici. Je dois dire que je le trouve un peu énervant, ce morceau, et, surtout, un peu longuet. Enfin, Have Fun (Again) n'est pas raté pour autant. Les paroles sont encore une fois assez répétitives et basiques, mais on est en face d'un album de disco, fait pour faire danser dans les night-clubs ou dans les soirées (ou seul chez soi), et pas en présence d'un disque d'un genre musical brillant par le génie de ses textes. Dans l'ensemble, c'est pas mal du tout, dansant, agréable, mais 6 minutes, c'est sans doute un peu trop (et la version originale, dans le Chic Mix, est de 7 minutes, Berry Gordy a donc coupé une minute de la chanson). Et il y à nettement meilleur sur Diana. A noter que l'édition vinyle canadienne propose un ordre de face inversé : les morceaux de la face A sont sur la B, et vice versa. Pour ce qu'on s'en fout...
My Old Piano : Sortie en single (avec la chanson suivante de l'album en face B), My Old Piano est une réussite absolue en terme de disco/pop. Que dire si ce n'est que, comme pour I'm Coming Out et Upside Down, vous avez sans aucun doute déjà entendu cette chanson très connue si vous vous y connaissez un tant soit peu en disco et funk, ou si vous avez l'âge (le mien ou plus âgé) de la connaître (elle ne passe plus en radio, actuellement) ? Tube le moins connu des trois de l'album, My Old Piano est servi par une mélodie imparable et un chant énergique de la part de la miss Diana. Encore une fois, un jeu de guitare remarquable de Nile Rodgers et une basse (de Bernard Edwards) également hors normes.
Now That You're Gone : Belle chanson qui, comme Friend To Friend sur la face A (et à la même position d'avant-dernier titre de la face), offre un petit moment de douceur, de repos, de mélancolie aussi. Now That You're Gone est une chanson, en effet, calme, downbeat, et c'est une pure réussite dans le genre. Diana chante remarquablement bien ce morceau interprétée d'une manière assez saccadée par moments, et servi par des arrangements tout simplement somptueux. Sortie en face B du single My Old Piano, Now That You're Gone n'est peut-être pas le sommet absolu de l'album, mais c'est vraiment une excellente chanson.
Give Up : Enfin, la conclusion de Diana est un morceau totalement disco et énergique. Avec son titre qui impose qu'on s'arrête (to give up : décrocher, dans le sens arrêter, renoncer), Give Up est la conclusion évidente pour l'album, un morceau trépidant et férocement disco, avec tout ce qui fait l'attrait de ce genre de musique, notamment les arrangements de fausses cordes qui rendent le tout encore plus attrayant. Give up, give up, give up your love to me... Pour la dernière fois de l'album, Diana Ross chante vraiment à la perfection ce morceau, elle qui, à la base, n'était pas très chaude pour faire ce disque monté de toutes pièces par deux jeunes loups qui n'étaient pas vraiment de son univers musical. Mais cette tension entre elle et Nile Rodgers ne se ressent pas ici, et ce morceau est, comme les autres, une vraie réussite, sortie en face B du single I'm Coming Out.
Diana est donc une totale réussite, un fantastique disque de disco/funk, produit remarquablement bien par la Chic Organization, et ce, même si Berry Gordy, de la Motown, remixera le disque pour le rendre plus accessible. Pas moins de trois tubes sur les 8 morceaux de l'album, ce qui fait de cet album un vrai triomphe (quiconque n'a jamais entendu Upside Down n'a rien entendu...), un disque remarquable, essentiel pour tout amateur de musique noire et de funk. Après, c'est vrai, l'album est définitivement trop court, et ça reste de la disco, donc, si vous n'aimez pas du tout ce style musical fait essentiellement pour la danse, alors, vous aurez sans doute du mal à pleinement apprécier l'album. Mais si vous aimez Chic, par exemple, alors vous devriez essayer Diana.