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336ème Track-by-track, et pour ce faire, un disque assez sous-estimé (mais qui n'est pas, en même temps, un chef d'oeuvre), sorti en 1981, le 11ème album studio de Genesis : Abacab. Sous sa pochette faisant furieusement penser à un zoli dessin d'élève de maternelle petite section, et sous son trange et con titre (en allusion à la structure du morceau-titre : AB - AC - AB), Abacab est un disque mal aimé, il faut le dire, et que j'ai mis du temps à aimer, justement. C'est un des Genesis parmi les plus mineurs. Ce n'est pas le moins bon selon moi (c'est ...And Then There Were Three... de 1978), mais c'est leur deuxième moins bon tout de même. Un album férocement pop, comme le précédent (Duke), mais sans finesse. On a quand même, ici, des chansons admirables (il y à 9 titres pour 47 minutes), mais Abacab est un album à conseiller uniquement à ceux qui connaissent déjà les autres albums de Genesis, et surtout leurs albums pop/rock de la période 1980/1991 (la fin, quoi). N'empêche, ce disque, que voici, contient quand même de très bonnes choses, voire même d'excellentes choses :

Abacab : Quasiment 7 minutes pour la chanson-titre, Abacab, qui ouvre le bal avec efficacité. Malgré des synthés très agressifs et retentissant dès le départ, cette chanson fait partie des meilleures de l'album, et même des meilleures de Genesis (pour leur période 1978/1991, la période pop). Phil Collins en grande forme, aussi bien au chant qu'à la batterie (il frappe fort, comme à son habitude), pour cette chanson signée Mike Rutherford pour les paroles (musicalement, c'est Genesis, à savoir Banks, Collins et Rutherford). Abacab est une chanson musclée, dotée d'un riff de guitare très efficace et de claviers qui, comme je l'ai dit, sonnent un peu violemment, agressivement, tout en étant très jouissifs. Comme ouverture d'album, on trouvera difficilement mieux dans le genre, et malgré une durée assez imposante (mais il y à plus long sur l'album, même si c'est de peu), c'est du grand art.

No Reply At All : Signée Collins pour les paroles et Genesis pour la musique, No Reply At All, qui bénéficie de la participation de la section 'cuivres' d'Earth, Wind & Fire, est une assez sympathique petite chanson pop sans envergure, sans génie, mais vraiment agréable. 4,40 minutes assez sympa, interprétées par un Phil Collins en forme. Certes, ça ne vole pas haut, c'est pop, insouciant, mais c'est pas mal du tout, notamment le refrain et le final. Et quant à la section cuivres, elle assure, et apporte une touche funky supplémentaire à ce morceau un peu mineur, secondaire, mais que j'aime, hé oui, beaucoup. Je le préfère amplement au morceau suivant, qui est...

Me And Sarah Jane : 6 minutes pour Me And Sarah Jane, chanson faisant partie des plus connues de l'album, des plus réputées (sur le live Three Sides Live qui sortira l'année suivante, elle est une des trois chansons d'Abacab à être jouée). La chanson a été écrite et composée en totalité par le claviériste Tony Banks, et permet à Collins de briller, vraiment, vocalement parlant. Le refrain est fantastique, mais la chanson est un poil trop long et est parfois légèrement ennuyeuse (rien de grave, cependant). Dans l'ensemble, Me And Sarah Jane, que je préfère dans sa version live, est une bonne chanson, un peu surestimée, mais quand même correcte. Pas une de mes préférées de l'album cependant.

Keep It Dark : La face A se finissait sur le remarquable et tubesque Keep It Dark (4,30 minutes), chanson qui fait penser un peu à Abacab (les claviers, l'ambiance bien trippante). Une des meilleures, des toutes meilleures de l'album et de Genesis dans sa période pop, Keep It Dark est sortie en single, sauf aux USA. La chanson parle d'un homme enlevé par des extra-terrestres qui l'emmènent dans un endroit magnifique, leur monde, un endroit sublime, heureux. Il est ramené sur Terre et décide de taire cet évênement (le titre de la chanson signifie, en gros, 'garder ça secret'), préférant dire à tout le monde qu'il a été enlevé par des voleurs. Il ne veut apparemment pas que l'on sache qu'il existe un meilleur endroit que la Terre, ou bien on lui a demandé de taire cette information. Une excellente chanson pop et rock, synthés agressifs, mais également assez bons. J'adore !

Dodo/Lurker : Chanson la plus longue (7,30 minutes) de l'album, Dodo/Lurker ouvrait la face B. La chanson est en fait deux chansons en une, Dodo et Lurker (sur le vinyle, les deux chansons sont distinctes, mais Lurker étant un intermède de Dodo, la distinction n'est pas visible sur les sillons). Lurker n'est qu'un petit intermède, donc, assez court, un couplet environ, et difficile de dire exactement quand il apparaît (vers la dernière partie, quand la mélodie de claviers change du tout au tout). Dodo/Lurker est le morceau le plus progressif d'Abacab, un morceau franchement remarquable, avec des paroles assez recherchées qui parlent notamment de ce fameux oiseau des îles, le dodo, qui, désormais, n'existe plus, à cause de la chasse, et qui vivait, si je ne m'abuse, à la Réunion. Une très bonne chanson, avec des mélodies synthétiques parfois abrutissantes il est vrai (comme Abacab), mais, dans l'ensemble, un des meilleurs moments de l'album.

Who Dunnit ? : 3,25 minutes vraiment catastrophiques. Signée Genesis pour la musique et Collins pour les paroles, Who Dunnit ? ('qui a fait ça ?') est la pire chanson de l'ablum, et de loin. Et même la pire, ou une des pires, chansons de Genesis, de tout leur répertoire, c'est à dire, allant de From Genesis To Revelation de 1969 à ...Calling All Stations... de 1997 (avec le chanteur de Stiltskin, Ray Wilson). Pour vous dire à quel point c'est une catastrophe. Synthés agressifs et idiots, chant répétitif et faussement robotique de Collins, qui répête des paroles totalement connes (Was it you or was it me, or was it he or she ? dans ce genre), ambiance proto-technoïde totalement flinguée, Who Dunnit ? est un carnage, mais est, heureusement, courte. La plus courte de l'album. Elle est foutralement trop longue quand même, malgré cela...

Man On The Corner : Une pure petite merveille que ce Man On The Corner signée intégralement Phil Collins. 4,30 minutes franchement magistrales, douces, baignées dans une partition admirable, reposante, sobre de synthétiseurs. Man On The Corner est une des plus belles chansons de l'album, et même du groupe, et une des plus grandes réussites de Phil Collins en tant qu'auteur/compositeur, une chanson qui prouve que ce mec sait vraiment écrire de grandes chansons. Pour moi, Man On The Corner est, avec Abacab et Keep It Dark (et Dodo/Lurker), le sommet de cet Abacab inégal mais intéressant.

Like It Or Not : Signée intégralement par Mike Rutherford, Like It Or Not est une chanson longue (5 minutes) mais assez sympa, sans être pour autant une réussite absolue. Remarquable mélodie de piano, et chant sublime, voilà les atouts majeurs de cette chanson. Ses inconvénients : des paroles un peu moyennes (mais il y à pire), une longueur un peu trop exagérée, une ambiance pop/jazz qui ne correspond pas trop au style de l'album. Mais au bout du compte, Like It Or Not est quand même une assez bonne petite chanson, secondaire, mais pas honteuse.

Another Record : Signée du groupe pour la musique, et Collins pour les paroles, Another Record est une conclusion assez sympathique, mais au bout du compte assez mineure, secondaire, pour Abacab. Ce n'est pas la pire chanson de l'album, c'est clair, mais elle fait partie des moins remarquables, et sa mélodie est assez faible et peu réussie. De plus, 4,40 minutes, c'est, comme pour la chanson précédente ou Me And Sarah Jane, un peu trop longue, enfin, je trouve. Ce n'est pas mauvais, Collins chante, comme toujours (sauf sur Who Dunnit ?), très bien, mais on s'ennuie un peu sur la longueur, et c'est dommage, car l'album se finit donc sur une note un peu moyenne.

 Pour finir, on peut donc dire de cet Abacab qu'il contient quelques chansons mémorables et quelques chansons assez médiocres, moyennes. Certainement pas un grand disque, mais pas une catastrophe non plus, c'est un album pop/rock et progressif qui, au bout du compte, et une fois qu'on l'a bien apprivoisé, est assez sympathique. A conseiller à ceux qui connaissent déjà bien l'oeuvre du groupe (pour la période pop) et qui l'apprécient, aussi et surtout, car, sinon, vous risquez de ne pas aimer. De plus, son titre et sa pochette (une pochette légèrement différente selon les éditions vinyle, en fonction du code de couleurs utilisé) ne donnent vraiment pas envie d'écouter Abacab, alors qu'il y à quand même de bons, voirs d'excellents trucs ici. Comme quoi...