Pour ce 328ème Track-by-track, un disque qui, s'il date officiellement de 1976, n'est sorti, dans le monde (Australie excepté, où il est bien sorti en temps et en heure), qu'en 1981. C'est Dirty Deeds Done Dirt Cheap, d'AC/DC, un album remarquable qui compte parmi mes préférés du groupe. La pochette et le tracklisting concernent, ici, l'édition sortie en 1981, depuis édition CD universelle. A l'époque (1976), en Australie, l'album sortit en effet sous une autre pochette et avec un tracklisting un peu différent. Bon Scott (chant) est mort en 1980, l'album est donc sorti après sa mort aux USA et partout ailleurs, rendant la promotion de For Those About To Rocck (We Salute You) (1981, deuxième album avec Brian Johnson au chant) difficile, déjà que cet album au canon (pochette) n'est pas terrible ! L'album contient notamment la version studio d'une chanson (Rocker) initialement présente sur le live If You Want Blood...You've Got It de 1978 (à l'époque, elle n'était connue qu'en version live), ainsi qu'une chanson (Problem Child) qui se trouve aussi sur l'édition américaine de Let There Be Rock (1977). Il y à aussi une chanson (Squealer) qui, en 1981 encore, était totalement inédite en Australie, pourtant terre officielle d'AC/DC ! En fait, comme souvent avec les albums d'AC/DC des années 70, c'est un gros bordel. Cet album, le voici :
Dirty Deeds Done Dirt Cheap : 3,45 minutes remarquables pour ouvrir l'album. Riff assez puissant et lourd, et des paroles hilarantes et cyniques, magistralement interprétées par Bon Scott. Le sujet : si vous avez des problèmes avec votre professeur, votre boss, etc, appelez-moi, et je le bute tranquillement, et vous ne serez pas inquiétés, en plus, c'est pas cher. Le spoken-word final de Bon, entre deux Done dirt cheap, est grandiose : Concrete shoes, cyanide, TNT... une liste de tout ce qu'il propose pour résoudre les problèmes, un petit catalogue en somme ! Dans l'ensemble, Dirty Deeds Done Dirt Cheap est une gigantesque chanson, mythique, une des toutes meilleures d'AC/DC, et, donc, de l'album qui lui doit son nom. Absolument quintessentiel !
Love At First Feel : Une chanson assez peu connue (ceux qui ne possèdent pas l'album n'ont quasiment aucune chance de la connaître autrement) et qui, ma foi, est franchement bonne. Love At First Feel n'est pas aussi quintessentielle que la précédente chanson (ou que la suivante), mais elle assure, Bon Scott est en forme, le groupe aussi, rythmique impeccable, durée idéale (3 minutes), riff tenace et efficace, chant parfait... Du pur AC/DC des familles, une chanson sans prétention, sans grande recherche (c'est vrai), mais très efficace, le genre de chansonnette hard-rock qui ne dépare pas sur un album, qui ne gâche pas le plaisir, sans pour autant faire partie des trésors du groupe. En bref, une chanson correcte, secondaire, mais vraiment pas honteuse.
Big Balls : 2,45 minutes pataudes et hilarantes, mythiques aussi. Big Balls est une chanson à double-sens, on y parle d'un homme qui nous explique qu'il a de grosses balles. Bien entendu, 'balls', en anglais, c'est 'balles', c'est aussi 'bals', et c'est aussi, en argot, 'couilles'. I've got big balls, badly big balls... De quoi parle Bon (qui chante avec son sens de la truculence, inimitable) ? D'un homme qui organise, chez lui, de grosses, grosses fiestas (If your name is on the guest-list...), ou d'un homme qui se vante d'avoir une sacrée grosse paire de couilles (My balls are always bouncing to the left and to the right, it's my believe for my big balls to be full every night) ? Les choeurs (Ballsucker, ballsucker, ballsucker) sont hilarants, les paroles aussi, la musique volontairement pataude est remarquable, on a de beaux jeux de mots (Great balls of fire) dans les paroles, Bon Scott est en forme, Big Balls est, au final, une immense chanson, une de mes préférées, une des plus salaces du groupe. On notera un final étrange, le morceau s'arrête en plein Biiiiig baaa-, laissant la place au riff de Rocker. Comme une fin coupée, un bug, ou c'est volontaire, je ne sais pas, mais c'est le seul défaut, pour moi, de la chanson ! Avec le fait qu'elle soit trop courte.
Rocker : 2,45 minutes (là aussi) assez speedées. Une chanson basique, mais franchement sympathique, que ce Rocker. On notera que la chanson, datant de 1976, avait trouvé sa place, en version live, sur If You Want Blood...You've Got It, monstrueux live du groupe datant de 1978. A l'époque de la sortie du live (qui est sorti mondialement dans la même version), personne, mis à part les Australiens et ceux qui s'étaient procuré Dirty Deeds Done Dirt Cheap en import australien, personne, donc, ne connaissait vraiment cette chanson (enfin, si : les fans hardcore, etc, mais les masses populaires, non). La présence de la version studio est donc vraiment nécessaire, même si c'est un peu tardif (dans le livret CD de Dirty Deeds Done Dirt Cheap, il est précisé que la chanson est en version live sur l'album de 1978). Une version studio que je préfère à la version live, hé oui ! Mais Rocker, basique, simpliste mais efficace, n'a en même temps jamais été une de mes préférées du groupe. En fait, si elle avait été plus longue, probable que je ne l'aimerait pas !
Problem Child : 5,45 minutes achevant la face A. La chanson date de 1976, des sessions de l'album, mais l'album, comme je l'ai dit, n'est sorti mondialement parlant (sauf en imports) qu'en 1981. Et à cette époque, tout le monde connaissait déjà Problem Child, car une version légèrement plus courte (une vingtaine de secondes de moins : en fait, la même version qu'ici sans le petit rappel instrumental final qui se finit en fade-up) de la chanson avait été placée sur l'édition américaine de Let There Be Rock (1977) en lieu et place de Crabsody In Blue. Version américaine qui est depuis la seule en CD (sauf sans doute en Australie). Quand Dirty Deeds Done Dirt Cheap est enfin sorti mondialement en 1981, donc, la chanson s'est retrouvée en doublon, aors qu'à la base, c'est sur cet album qu'elle a sa place, voyez comme c'est con ! Bon, parlons un peu de la chanson : elle est vraiment excellente, grandiose. Après, c'est vrai que si vous possédez déjà Let There Be Rock, ça fait doublon, ce qui est vraiment con, mais on n'y peut rien !
There's Gonna Be Some Rockin' : Mouais... Ouvrant la face B (laquelle est sensiblement plus longue que la A : la A fait dans les 18 minutes, la B, elle, en fait 21), There's Gonna Be Some Rockin' (3,15 minutes) est une chanson franchement moyenne, mineure, et incontestablement la moins bonne de tout Dirty Deeds Done Dirt Cheap. En fait, ici, rien ne me branche, je ne sais pas pourquoi au juste. La chanson fait très 'années 50' dans l'âme, mais elle a été écrite par le trio infernal Young/Young/Scott comme les 8 autres de l'album (et comme l'ensemble des chansons de l'ère Bon Scott, à une ou deux exceptions). Le riff de guitare, pataud, n'est pas terrible, les paroles sont très connes (mais bon, ce n'est pas, loin de là, la seule chanson d'AC/DC avec des paroles à la con, et puis, ce n'est pas l'attrait principal du hard-rock binaire pur et dur, les paroles bien torchées, alors...), c'est une chanson ultra répétitive et sans intérêt, même Bon Scott semble en pilotage automatique ici... Vraiment une chanson secondaire. Voire tertiaire. Voire même encore pire !
Ain't No Fun (Waiting Round To Be A Millionaire) : 7 minutes (à trois secondes près...) assez imposantes. Déjà la durée, plus long morceau de l'album et un des plus longs morceaux d'AC/DC en studio (en fait, c'est le plus long morceau studio du groupe). Ain't No Fun (Waiting Round To Be A Millionaire), ensuite, en impose de par son riff, qui est tout simplement majestueux, et son intro, de même. Mais le morceau, ensuite, devient assez répétitif, une sorte de longue jam au final, bien foutue, mais redondante. La durée est en fait exagérée, le morceau se traîne un peu en longueur. Ceci dit, c'est quand même nettement meilleur que There's Gonna Be Some Rockin', rien à dire, mais il aurait été préférable de virer deux minutes, ça aurait été encore mieux ainsi. A noter le spoken-word hilarant de Bon en intro, The following is a true story, but the names had been changed to protect the guilty. Impossible de ne pas penser à la pochette (qui est celle de la version 1981, la version 1976 étant différente, le groupe dessiné devant un billard, dans un bistrot) qui montre des gens lambda de divers horizons, jeunes, vieux, hommes, femmes, et même un chien, avec des bandeaux noirs sur le regard, anonymat oblige (sauf le chien, seul innocent de la pochette apparemment) !
Ride On : 5,50 minutes ahurissantes. Le groupe l'interprètera en live au cours d'un de leurs concerts du Stade De France (leur premier, si je ne m'abuse), ce qui sera un évênement, la chanson étant très rarement, voire jamais, jouée live. En 1986, le film Maximum Overdrive de Stephen King, dont la musique est signée AC/DC (album de la bande-son : Who Made Who), utilisera vaguement cette chanson, la seule de la période Bon Scott à être sur l'album de la bande-son. Ride On est un blues terminal, magnifique, sur lequel Bon est au sommet absolu, je pense qu'il n'a jamais aussi bien chanté, de sa vie, qu'ici. Le morceau est étonnant, plus sobre et lent que d'ordinaire, même si ça s'emballe un peu vers la fin. Mais Ride On, c'est surtout un pur blues-rock, limite émouvant, et totalement parfait. Cultissime et immense.
Squealer : 5,15 minutes remarquables qui achèvent à la perfection l'album. Squealer est absente de la version australienne de l'album, et, chose étonnante, elle est même absente de la discographie australienne d'AC/DC, ce qui est étonnant comme je l'ai dit, car le groupe, rappelons-le, est australien. Intro tapageuse, riff de basse remarquable, ambiance bluesy et quelque peu menaçante, Bon Scott assez sobre, calme, mais le morceau dérape ensuite dans la fureur. Un final anthologique pour l'album, une chanson vraiment mémorable sur laquelle Bon Scott livre une prestation époustouflante, même si ce n'est pas la chanson de l'album sur laquelle il chante le mieux (Ride On est définitivement N°1, sans concurrents, de ce côté-là). Squealer, morceau assez peu connu (si vous n'avez pas l'album, peu de chances de la connaître, à moins qu'elle ne se trouve sur un coffret collector du style Bonfire, je dis ça, mais comme je ne l'ai pas, ce coffret, je n'en suis pas sûr - rectification après vérification : non, elle n'est pas dessus !), morceau assez peu connu, donc, mérite totalement l'écoute.
Alors, au final, que dire au sujet de ces Saloperies salement faites (traduction du titre) ? Un remarquable album d'AC/DC, offrant une belle série de classiques. Certes, le sortir en 1981 dans le reste du monde, alors qu'il date de 5 ans plus tôt, c'est assez étrange et con (surtout que deux titres se trouvaient déjà sur deux autres albums, un studio et un live, et ce, même si le morceau studio, en fait, se trouvait d'abord sur Dirty Deeds Done Dirt Cheap avant de se trouver sur Let There Be Rock - compliqué, ça, compliqué...). Mais bon, on ne va pas se plaindre non plus, y compris du fait que le tracklisting n'est pas le même que pour la version australienne initiale (pochette aussi). A l'arrivée, ce disque court (40 minutes) est une bien belle réussite de pur hard-rock, avec comme toujours un Bon Scott (mort depuis un an au moment de la sortie ricaine) survolté. Au final, cet album est un de mes grands préférés d'AC/DC avec Powerage, Back In Black, Black Ice, Let There Be Rock et Flick Of The Switch. Un très très bon cru du groupe, mais pas le plus connu et le mieux estimé, généralement, et c'est dommage.
'Big Balls', 'Ride On' et 'Squealer' sont excellentissime.
Petite précision, le vinyle que je possédais, contenait un papier glacé avec les lyrics et des photos très sympa...
Mais j'en profite pour partager, enfin, mon titre préféré d'AC/DC 'Ain't No Fun (Waiting Round To Be A 'Millionaire) c'est pas le plus violent ni le meilleur pour beaucoup...je ne veux convertir personne.
A chaque écoute je chante avec 'Bon Scott' je jubile quoi et puis je l'écoute encore une fois. Il y a quelques années quand je faisais la fiesta et que j'étais murgé je pouvais l'écouter en continu jusqu'à endormissement.
Elle représente bien, je pense, la mentalité du groupe à l'époque.