325ème Track-by-track, et pour ce faire, un immense album de rock progressif, et un des sommets de Genesis : A Trick Of The Tail. Sorti en 1976 sous une sublime pochette dont les illustrations représentent les différentes chansons, A Trick Of The Tail est le septième album studio de Genesis, leur huitième album tout court, et le premier album depuis le départ de Peter Gabriel. C'est, donc, leur premier album avec Phil Collins au chant en plus de la batterie. L'album est long, 50 minutes pour 8 titres seulement, et c'est un disque aussi lumineux, solaire que sa pochette (orange clair) le laisse présager. C'est aussi un des plus parfaits disques du groupe, gros succès commercial et rempli de classiques, qui sera suivi, en 1977, d'une sorte de follow-up nettement plus 'froid' (pochette comprise), Wind & Wuthering, les deux albums formant une sorte de paire (et ma période préférée du groupe). Mais revenons à cet album mirifique de 1976, que voici :
Dance On A Volcano : Ce premier morceau dure 5,55 minutes et est assurément une des pièces maîtresses de l'album et du groupe. J'aurais tant aimé qu'il le joue au Parc des Princes en 2007 (mais non, hélas) ! Dance On A Volcano est un de mes morceaux préférés du groupe (le suivant aussi), un morceau énergique et en même temps très mélodieux, avec une introduction tout simplement...enchanteresse (guitare claironnante de Steve Hackett, mélodie entêtante qui donne l'impression de plonger littéralement dans l'histoire, de se trouver sur ce volcan, avec divers personnages étranges, en train de danser), un chant parfait, saccadé et énergique de Collins, et un final totalement délirant (Let the dance begin, dit d'une voix très ralentie, effet assez comique ; puis, la musique, elle, devient de plus en plus rapide, un vrai tourbillon sonore) qui en rajoute à la réussite de ce premier morceau tout simplement exceptionnel. Mythique. Quelle intro pour l'album !
Entangled : 6,30 minutes pour Entangled, deuxième morceau de l'album, sorti en single (peu de succès, hélas). Que dire ? L'histoire d'un homme blessé, dans un hôpital, se faisant soigner par de belles infirmières. Mais l'histoire, dans un sens, peu importe. Formellement, Entangled est sans doute la plus belle chanson de l'album (et la préférée du claviériste du groupe, Banks). Chant sublimissime de Collins (surtout les refrains), mélodie acoustique de toute beauté, et ce final, que dire de ce final faisant intervenir un mellotron imitant des choeurs féminins ? A tomber le cul par terre sans pouvoir se relever. Ce final 'de type cathédrale', dixit Banks, est à pleurer tellement c'est beau et fort. En fait, c'est plus que beau, c'est tout simplement divin, hors de ce monde, extra-terreste, céleste. Frissons assurés. A noter que la transition entre les dernière notes d'Entangled et les premières de Squonk est également quelque chose de bien marquant !
Squonk : 6,30 minutes également pour Squonk. Une chanson assez enlevée, mais triste, qui parle d'un chasseur parvenant (croit-il) à capturer, en forêt, un Squonk, petite bestiole pacifique mais peureuse et surtout, laide, qu'il enferme dans son sac ; par la suite, en voulant le regarder, il constate que son sac ne contient plus que de l'eau ! Le Squonk, comme le précise un petit texte situé après les paroles, est une petite créature (imaginaire, évidemment) qui pleure sans cesse, vivant dans la solitude en raison de sa laideur et de sa frousse, et qui, une fois capturé, fond littéralement en larmes (ce qui explique la mare d'eau dans le sac du chasseur), mourant donc de la même manière. All in all you're a very dying race, remarque le chasseur. Moralité : si les Squonks existent, foutez-leur la paix, afin de les laisser en vie, et ce, même s'ils souffrent de leur solitude ! Une chanson vraiment sublime, grandiose, avec des paroles en béton. Triste, mélancolique, mais magistrale.
Mad Man Moon : 7,35 minutes pour ce Mad Man Moon achevant à la perfection la première face, qui est décidément parfaite. Chanson mélodique, mélancolique, ce qui change après un Squonk certes triste, mais assez enlevé, musicalement parlant. Là, c'est un peu comme Entangled. Une chanson tout simplement sublime, de la mélodie (le thème introductif est joué au piano, mais fait penser à de la flûte) au chant (le refrain est juste inoubliable). Malgré sa longueur (le deuxième morceau le plus long de A Trick Of The Tail), Mad Man Moon est une totale réussite, envoûtante, qui achève donc magnifiquement la face A et donne furieusement envie d'écouter la suite ! Désolé d'en parler si peu, mais que dire d'autre ?
Robbery, Assault And Battery : La face B s'ouvrait sur les 6,15 minutes de Robbery, Assaut And Battery, morceau énergique et amusant qui parle d'un cambrioleur monte-en-l'air surpris en plein pillage de banque par le gardien des lieux, qu'il tue pour s'enfuir, et qui est ensuite poursuivi par la police. Une vidéo sera faite par le groupe, montrant Collins en voleur, Rutherford en gardien de nuit, et Banks et Hackett en flics. Vocalement parlant, Collins use de pas mal de trucs de Gabriel, comme de modifier sa voix pour les différents personnages. Robbery, Assaut And Battery est une chanson, ma foi, très sympa, assez légère malgré le sujet (un voleur commet un meurtre, quand même), mais ce n'est pas ma préférée de l'album. En fait, pour être honnête, c'est même celle qui me branche le moins, mais je l'aime quand même, hein, faut pas déconner !
Ripples... : Le titre de la chanson inclut les trois petits points, qui sont crédités sur la pochette vinyle, mais pas sur le CD, ni sur aucun autre album de Genesis. Je ne sais pas pourquoi on a par la suite oublié les trois petits points, qui sont pourtant partie intégrante du titre (par fainéantise, sans doute). Morceau le plus long de l'album avec 8 minutes, Ripples... est aussi une des plus belles non seulement de l'album, mais de Genesis tout court. Chanson mémorable sur une vieille femme toute ridée (le titre signifie 'rides') qui, en se regardant dans un miroir, se voit comme elle était quand elle était jeune et belle. Mais les rides restent, le s'en vont pas, et la jeunesse, elle, ne reviendra pas... Une chanson assez mélancolique, douce-amère, calme, possédant un solo de synthétiseur tout simplement pharaonique et un chant sublime de Collins. Ripples..., avec son magnifique refrain, est une pure splendeur.
A Trick Of The Tail : Chanson très courte (4,35 minutes : par rapport aux 7 autres titres, qui oscillent entre 5,45 minutes et 8 minutes, c'est vraiment court, le plus court morceau de l'album) et très pop que ce A Trick Of The Tail qui raconte une histoire amusante : un diable, à la longue queue fourchue, avec cornes pointues (représentation classique du Diable) découvre, un jour, l'existence confirmée d'un peuple étrange, qui ne possède pas de queues, de cornes, et qui s'avère évidemment être nous, les humains. Comme King Kong, il est capturé, montré à la foule dans un spectacle. Les hommes acceptent de le libérer afin qu'il leur montre si son royaume, là d'où il vient, est vraiment une citée d'or... La chanson, sortie en face B du single Entangled (single qui ne marchera pas fort, contrairement à l'album), est la plus pop et sautillante de l'album, une chanson mémorable, mais plus simple, classique, qu'Entangled, Dance On A Volcano ou Mad Man Moon, pour ne citer qu'elles. A Trick Of The Tail est franchement très réussie et sympa !
Los Endos : Instrumental reprenant les thèmes des différentes chansons de l'album. Ce qui, franchement, est une remarquable manière d'achever A Trick Of The Tail ! On a quelques vocalises de Philou-le-pas-encore-chauve-à-l'époque-Collins, en final, mais je ne sais pas trop ce qu'il chante (on l'entend assez peu, et les paroles ne sont pas créditées pour ce morceau, officiellement instrumental), apparemment There's an angel standing in the sun, free to get back home, qui sont des paroles issues de Supper's Ready (1972, Foxtrot). Sur Los Endos, on entend les mélodies de Dance On A Volcano, Squonk (c'est même avec ça que le morceau se finit, ainsi que, donc, l'album) et aussi, moins connu, de It's Yourself, morceau absent de l'album (présent, en fait, sur aucun album du groupe) et ayant été utilisé comme face B de Ripples..., version single. Los Endos, avec son titre multilingue, est un morceau fantastique, 5,45 minutes idéales pour achever l'album sur une note franchement féérique, et résumant bien l'album par ailleurs. En live, c'est le plus souvent immense (et en final, évidemment) !
Album mythique qui marque les débuts (les vrais débuts dans le groupe, après deux chansons sur lesquelles il chantait, sur Nursery Cryme et Selling England By The Pound : For Absent Friends et More Fool Me) au chant de Phil Collins, A Trick Of The Tail est un album féérique, tout simplement somptueux, grandiose, magistral. Un des sommets de rock progressif, et un des sommets de Genesis. 8 chansons (enfin, 7 chansons et un instrumental !) franchement remarquables, aucun mauvais titre, et un nombre énorme de classiques (Ripples... sera joué live pendant la tournée 2007 de reformation éphémère du groupe, Los Endos aussi). Souvent, tout le temps en fait, le côté 'historiette' des chansons les rend encore plus touchantes, belles, intéressantes. Musicalement, c'est souvent Byzance. En résumé, donc, cet album est tout simplement, et c'est aussi le cas du suivant Wind & Wuthering (qui est plus froid), un chef d'oeuvre, pour le groupe, et le rock progressif.
Le sommet absolu de Genesis ! Aucun temps mort (le seul de la Genèse dans ce cas...), et un album absolument parfait.