Vous aimez le blues ? Et le blues-rock, dites, le blues-rock, vous aimez, hein ? Oh ben, ça tombe bien, alors, vu que Hard Again est un disque de blues-rock, sorti en 1977, un album du grand, grand, que dis-je, du monumental, illustre Muddy Waters. L'album a été produit par un grand guitariste de blues, Johnny Winter (qui non seulement n'est pas noir, mais blanc, et qui non seulement est blanc, mais albinos, ah ah), qui joue par ailleurs de la guitare (mais pas Muddy Waters, qui ne fait que chanter) sur l'album. Les autres musiciens, tous nettement plus jeunes que Muddy Waters, sont James Cotton (harmonica), Pinetop Perkins (piano), Bob Margolin (guitare) Charles Calmese (basse) et Willie 'Big Eyes' Smith (batterie). L'album, gros succès, totalement électrique, a permis à Muddy Waters de prouver qu'il n'était pas 'mort' artistiquement parlant, après quelques albums assez moyens. C'est en quelque sorte le pinacle de sa carrière, et ce, malgré le fait que les puristes gueuleront devant le côté électrique de la chose.
En plus du fait que Muddy Waters ne joue pas de sa fameuse guitare ici, bien qu'il soit crédité en tnt que guitariste au même titre que Winter et Margolin (qui signe les notes de pochette de la réédition CD de 2004) ! Muddy se contente de chanter ici, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il envoie : sa voix, remarquable, n'a pas changée, c'est tout simplement somptueux, grandiose, tout du long des 45 minutes (49 en CD, il y à un bonus-track remarquable, Walking Through The Park) de ce Hard Again vraiment essentiel. Que dire face à ce Mannish Boy certes connu, ultra connu, maintes fois repris, et évidemment pas présent ici dans sa version initiale, mais qui n'en demeure pas moins une claque auditive absolue ? Je vais être clair, net et précis, pour moi, cette version de Mannish Boy, 5,25 minutes, est la meilleure jamais enregistrée, pas seulement pas Muddy Waters, mais en général. Ce riff, bordel à cul... Le reste de l'album ne dépare absolument pas, ne fait absolument pas de l'ombre à Mannish Boy : Bus Driver, Little Girl, Crosseyed Cat (morceaux les plus longs, avec respectivement 7,45, 7 et 6 minutes), ou bien I Can't Be Satisfied, ou ce remarquable morceau ouvrant la face B, The Blues Had A Baby And They Named It Rock'n'Roll, tout, je dis bien TOUT, est d'un niveau exceptionnel, faisant ce l'album un des sommets absolus, je dis bien ABSOLUS du blues.
Dos de pochette vinyle
Si votre idéal musical réside dans Robert Johnson, Willie Dixon, Elmore James, John Campbell, Stevie Ray Vaughan, Buddy Guy, Eric Clapton, John Mayall et/ou dans un des deux musiciens à l'oeuvre ici (Muddy Waters, Johnny Winter, dont la guitare est incendiaire), alors, logiquement, vous possédez déjà ce disque chez vous. Si ce n'est pas encore le cas, je pense sincèrement que Hard Again, qui montre un Muddy Waters bien vivant alors que sa carrière (et sa vie : il mourra 6 ans plus tard, en 1983) est dans sa dernière ligne droite, ce disque doit avoir sa place chez vous, coincé entre, par exemple, One Believer de John Campbell (1991) et une compilation du style best-of Robert Johnson ou Elmore James. Entre autres. Radicalement essentiel, un disque qui respire totalement le rock tout en étant totalement blues, servi par une production franchement bluffante, sincère (on entend Muddy et les musikos, parfois, converser, avant certains morceaux). Un disque puissant. Hard Again.
FACE A
Mannish Boy
Bus Driver
I Want To Be Loved
Jealous Hearted Man
I Can't Be Satisfied
FACE B
The Blues Had A Baby And They Named It Rock'n'Roll
Deep Down In Florida
Crosseyed Cat
Little Girl
écoute "Mannish Boy" en clip, tu va voir !