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Pour ce 307ème Track-by-track, un sommet, un disque mémorable, généralement classé assez haut dans les listes des meilleurs albums de l'histoire, et sorti en 1968. C'est le premier album solo de Van Morrison (leader des Them, groupe de rock anglais des années 60 auteurs de, notamment, Gloria), et il s'appelle Astral Weeks. Il ne contient que 8 titres pour environ 47 minutes, et chacune de ses deux faces (4 titres par face) porte un nom : In The Beginning et Afterwards. Cet album, très particulier, doté d'une ambiance franchement inclassable, et porté par la voix très particulière de Van Morrison (il faut s'y faire), est vraiment une réussite absolue. Les musiciens accompagnant Van sont Jay Berliner (guitare, comme Van), Richard Davis (basse), Connie Kay (batterie), John Payne (saxophone, flûte) et Warren Smith Jr (percussions). Van les a laissés jouer comme ils le sentaient, se contentant de chanter, sans laisser filtrer de recommandations. Le résultat donne ce disque, sobre et racé, que voici :

Astral Weeks : La première face, nommée In The Beginning, commence avec la chanson-titre, longue de 7 minutes. Astral Weeks est une pure petite merveille interprétée à la perfection, et remarquablement écrite (quel dommage que les paroles ne soient pas dans le livret, car elles sont vraiment magnifiques). Jamais ennuyeux malgré sa durée qui est, vraiment, bien utilisée, Astral Weeks n'est pas forcément la plus facile d'accès de l'album, mais sa position chanson ouvrant l'album est cependant parfaite, car la chanson permet de se faire un peu à l'atmosphère quasi mystique qui plane sur le disque. The Way Young Lovers Do est plus facile d'accès, ceci dit ! Une magnifique chanson.

Beside You : 5 minutes pour Beside You, chanson à peine plus facile d'accès que la chanson-titre, et franchement très belle. Interprétation tout bonnement excellente, que dis-je, exceptionnelle, de Van the Man (surnom de Van Morrison), paroles magnifiques, et cette voix si particulière et remplie d'émotions, tout ça fait de Beside You une très belle chanson, sans pour autant être le sommet de l'album (il y à vraiment encore plus réussi sur Astral Weeks). Pas grand chose à dire sur cette chanson, si ce n'est que la voix est magnifique et les paroles, sublimes. Beside You vaut vraiment l'écoute !

Sweet Thing : Magnifique, grandiose chanson, pas très longue (4 minutes et des poussières), que ce Sweet Thing tout simplement quintessentiel. Aussi bien vocalement que musicalement, cette chanson est une des meilleures absolues non seulement d'Astral Weeks, mais aussi du chanteur, tout simplement (si vous êtes intéressé par Van Morrison, ruez-vous sur Moondance, qui est immense aussi et plus soft). Paroles grandioses, interprétation de très haute volée, musiciens (Richard Davis, Jay Berliner...) en forme et livrant de sublimes mélodies, Sweet Thing est une pure merveille de plus pour l'album. Grandiose, même si le meilleur reste encore à venir.

Cyprus Avenue : Le sommet de l'album, pour moi, et la chanson achevant la première face. Chanson qui semble parler d'un pédophile (sujet douteux, et on n'est de plus pas vraiment sûr que la chanson parle de ça), Cyprus Avenue est une des plus longues de l'album : 6,50 minutes. Musicalement tout simplement quintessentielle (une mélodie inoubliable, entêtante, douce, sublime), la chanson est, selon Van Morrison, et tout comme Madame George, sortie de sa tête sans qu'il le cherche vraiment, elles ont été écrites inconsciemment, par une inspiration subite. Le titre de la chanson s'inspire d'une rue d'un petit quartier de Belfast (Van est Irlandais), souvenir de son adolescence. Comme je l'ai dit, il se pourrait bien que cette chanson parle d'un homme un peu pédophile sur les bords, suivant les petites filles remontant Cyprus Avenue, mais il se pourrait bien aussi que la chanson parle tout simplement de l'enfance perdue à jamais, de souvenirs... Quoi qu'il en soit, chanson un peu controversée, donc, mais magnifique, aussi et surtout.

The Way Young Lovers Do : C'est avec cette chanson très courte (3,10 minutes, la plus courte de l'album...et elle se trouve juste avant la plus longue, comme c'est souvent le cas, j'ai remarqué), The Way Young Lovers Do, que commence Afterwards, la deuxième partie de l'album, et par ailleurs, évidemment, la face B. Une très bonne chanson, interprétée à la perfection par Van the Man, encore une fois, et encore une fois, si vous découvrez l'album et l'artiste, il faudra vous y faire, et c'est pas gagné d'avance, à sa si particulière voix, notamment ici, dans les refrains. The Way Young Lovers Do est une sublime petite chanson, pas le sommet absolu d'Astral Weeks, pas aussi quintessentielle que les deux précédentes chansons ou que la suivante, mais c'est du très grand art, rien à dire.

Madame George : Le morceau le plus long, donc, avec 9,40 minutes. Et une des plus grandes réussites avec Sweet Thing et Cyprus Avenue. Madame George est une chanson inspirée apparemment par un travesti qui vivait non loin de chez Van the Man, et est une chanson pleine de poésie et de merveilleux. Interprétation de haute classe (toujours cette voix), paroles sensationnelles, jamais chiant malgré sa durée (qui est pourtant colossale, même si, au fond, le morceau n'est pas énormément plus long que les autres longs titres d'Astral Weeks), mélodie inoubliable, Madame George est un morceau mythique, tout simplement. Pas mon préféré absolu de l'album (je l'ai dit plus haut, c'est Cyprus Avenue), mais pas loin. Le morceau, à la base, devait s'appeler Madame Joy, mais Van le renommera Madame George, il ne sait pas au juste pourquoi (sans doute pour la phonétique).

Ballerina : 7 minutes pour Ballerina, chanson tout simplement sublime, même si, placée après le grandiose Madame George, elle peut sembler un peu moins marquante. Il faut, c'est vrai, quelques écoutes pour bien la retenir, là où il n'en faut généralement qu'une pour que la mélodie de Cyprus Avenue ou de Madame George reste en mémoire. Mais Ballerina est une superbe chanson, longue, mais pas si longue que ça en fait (Van Morrison maîtrise bien la durée, ce n'est jamais ennuyeux). Comme je l'ai dit plus haut, dans l'intro, Van a laissé les musiciens jouer selon leur feeling, ne leur donnant pas de consignes, se contentant de chanter, sans communiquer avec eux. Faisant son truc, et eux faisant le leur. Néanmoins, le résultat est, comment dire, grandiose, et on a vraiment du mal à croire que Van Morrison n'ait rien dit aux musiciens, car ça sent vraiment l'alchimie totale, sur Ballerina comme sur le reste de l'album !

Slim Slow Slider : Une petite chanson pour achever l'album : Slim Slow Slider, en effet, ne dure que 3,20 minutes. Pas ma préférée de l'album, elle achève cependant très bien Astral Weeks, mais ne figure pas parmi les réussites les plus absolues de l'album (en même temps, il n'y à aucune mauvaise chanson, on l'a vu). En fait, la chanson est...trop courte ! Elle passe trop vite, un sentiment non pas de bâclage (absolument pas), mais de temps qui passe trop vite, on aimerait que le disque dure plus longtemps... Sinon, c'est une bonne chanson, encore une fois, remarquablement bien chantée, avec des paroles très très bien foutues. Après, on est en droit de préférer Cyprus Avenue ou Madame George. Mais Slim Slow Slider est parfait en tant que conclusion, il laisse un bon sentiment de 'revenez-y', donne envie de réécouter Astral Weeks. Bref, il remplit son office, quelque part !

 Au final, Astral Weeks est donc un sublime album, très recherché, doté de chansons tout simplement admirables. S'il faut un certain temps pour se faire à la voix de Van Morrison, s'il faut aussi un peu de temps pour entrer dans l'album (chansons longues, ambiance mystique, on sent dès les première secondes que cet album n'est pas apprivoisable à la première écoute), au final, l'album se vit comme un vrai trip (ce n'est pas psychédélique du tout, ceci dit), un voyage, une expérience magnifique. L'album est sensationnel, et se doit d'être écouté rien que pour Cyprus Avenue, mais tout est sublime ici, de toute façon. Essentiel.