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Pour ce nouveau (et 303ème) Track-by-track, un disque que personnellement j'adore, même si ce n'est probablement pas le meilleur album de Suede (groupe de rock tenance britpop anglais des années 90, comme Oasis, The Verve, Blur ou Pulp). En même temps, c'est le seul album de Suede que je connais, et je n'ai pas particulièrement envie d'en connaître d'autres, celui-là, sorti en 1999 et appelé Head Music, me convient parfaitement, merci. Le groupe de Brett Anderson (chant, et une voix par moments un peu énervante, je le concède) livre ici un disque à la fois rock, pop et même un peu glam. J'ai découvert cet album en entendant le groupe, en 1999, à la TV, dans l'émission "Nulle Part Ailleurs" de Canal+ (c'était même au cours du Festival de Cannes, je me souviens, car le plateau de l'émission était en extérieur, sur la Croisette), jouer Electricity, qui sortira en single pour promouvoir l'album. Choc absolu, et j'ai acheté l'album très peu de temps (deux mois environ) après. Je ne m'en suis toujours pas lassé, même si, pour l'aborder ici, je l'ai réécouté, et que ça faisait bien 4 ans que je ne l'avais pas fait ! Ce disque, le voici :

Electricity : Le voilà, donc, le morceau qui m'a fait acheter l'album en 1999 (en été, d'ailleurs : je l'ai acheté, je m'en souviens, deux mois après avoir découvert la chanson) : Electricity. Sorti en single, c'est une chanson très électrique, justement, à la fois électro et rock (plus rock qu'autre chose quand même), avec un chant assez hystérique de Brett Anderson et des guitares en fusion. Le refrain (Ah-aaaah, it's bigger than the universe, bigger than the universe, bigger than the two of us...) est totalement jubilatoire, remarquable, meilleur que les couplets je dois le dire (même s'ils sont très bons). Un morceau que j'adore, qui fait partie des mes préférés de l'album, et même de mes préférés tout court, en fin de compte. Du pur électrique, 4,40 minutes de bonheur !

Savoir Faire : Une pure chanson de britpop, 4,40 minutes aussi, au titre français parce que ça doit bien le faire, pour un groupe anglais, de mettre du français sur un disque (mis à part le titre de la chanson, rien n'est en français dans les paroles). Savoir Faire est une assez bonne chanson, un peu étrange musicalement parlant, assez électropop (pas électro dans le sens Kraftwerk ou Prodigy, mais les sons de la chanson ne sont clairement pas du pur binaire), bien interprétée, même si la voix de Brett, dans les refrains (She's got savoir faire, hey hey), est un peu énervante ; il faut dire que ce mec a une voix un peu spéciale et qui ne fait clairement pas partie des plus remarquables du rock, mais généralement, elle passe bien avec la musique du groupe, cette voix. Assez bonne chanon au tempo nettement plus zen que la précédente et la suivante.

Can't Get Enough : Après un Savoir Faire plutôt calme, et avant une autre chanson (deux autres chansons... en fait, quatre chansons !) également assez calmes, place à une chanson rock : Can't Get Enough. Un morceau faisant partie des plus énergiques et violents (mot un peu fort, mais quand même) de Head Music avec Electricity. Un riff monstrueux en intro, un chant énervé et un peu distant (voix en écho) d'Anderson, un refrain assez musclé et mouvementé, voilà de quoi faire de cette chanson moyennement longue (4 minutes) un des plus rock et féroces de l'album. Pas ma préférée (ceci dit, j'adore le riff d'intro, vraiment), car mis à part Electricity, je préfère les morceaux calmes de l'album, mais quand même une excellente chanson y a pas à dire !

Everything Will Flow : Superbe petite chanson qui fait revenir l'album à un ton plus calme, après un Can't Get Enough bien survolté. Everything Will Flow, qui a l'étoffe d'un tube, est une pure magnificence auditive sur laquelle Brett Anderson livre une sublime performance. L'intro, aérienne, zen, vaguement orientale (pas autant que pour She's In Fashion, mais quasiment dans le même style, en plus lent), est tout simplement somptueuse, et le morceau est, dans l'ensemble, très mélancolique, pas triste (pas trop triste, je veux dire), mais certainement pas une chanson destinée à faire danser. Everything Will Flow possède un refrain magnifique (mais simple) et, en 4,40 minutes, est une des plus belles de l'album.

Down : Avec 6,10 minutes, Down est la chanson la plus longue de Head Music. C'est aussi une des toutes meilleures de l'album. Attention, car c'est un morceau très zen, mais aussi et surtout très triste. Ambiance pesante (musique électro, des nappes de sons assez lancinants et sobres), chant triste et remarquable, Down est une sorte de montée en puissance dans la douleur et la tristesse, avec un remarquable (le mot n'est pas faible) solo de guitare en final. Clairement la meilleure chanson de l'album, en fait, un morceau vraiment triste, pesant, mais envoûtant, avec des paroles magnifiques et une interprétation qui l'est tout autant. Sublime.

She's In Fashion : Ambiance plus ou moins orientale (les arrangement électro/lyrico/orientaux sont très beaux, mais semblent avoir déjà été utilisés plusieurs fois dans des chansons de la même époque, d'autres groupes ; c'est l'effet que ça me fait, en tout cas) pour She's In Fashion, chanson qui, si je ne m'abuse, a du sortir en single par la suite. Si ce n'est pas le cas, alors, elle aurait très bien pu sortir en single, car elle a l'étoffe d'un tube de britpop, c'est moi qui vous le dit ! Une chanson franchement réjouissante, quasiment 5 minutes, dotée d'une superbe petite ambiance, et Brett Anderson, ma foi, chante super bien ici. She's In Fashion est une des meilleures chansons de l'album, dans la veine 'pop', une chanson entraînante, pas bourrine, pas trop calme non plus, pile-poil ce qu'il faut après un Down grandiose mais très triste. Excellent.

Asbestos : 5,15 minutes pour cette chanson étrange, au titre étrange (le nom d'une ville du Québec, Asbestos n'est cependant pas citée dans les paroles de la chanson), et qui fait partie des plus lentes, douces, de l'album. Asbestos est une bien belle chanson, je dois l'avouer, au rythme lancinant, au refrain assez planant (musicalement, c'est électropop, avec des sonorités assez space par moments). Sans doute un petit peu longue, Asbestos est quand même franchement belle, avec une belle ligne de chant. Pas une de mes préférées, mais c'est une chanson que j'écoute toujour avec beaucoup d'intérêt.

Head Music : Le morceau-titre, long de 3,25 minutes (un des plus courts de l'album), est une assez bonne chanson, bien qu'assez décevante quand même. En fait, Head Music n'est vraiment pas une mauvaise chanson (la voix d'Anderson est un peu énervante dans les refrains, mais rien de grave), mais on aurait espéré plus de choses dans cette chanson-titre, car, justement, c'est à elle que l'album doit son nom, et elle est donc une des plus importantes de l'album. Las, Head Music n'est qu'une bonne chanson, mais rien d'exceptionnel, rien de fulgurant ici. C'est vraiment une chanson paradoxale, on prend plaisir à l'écouter, mais rien d'extraordinaire non plus, rien du niveau de Down ou d'Electricity. Dommage.

Elephant Man : 3 minutes pour cette chanson assez moyenne. Pléonasme : en fait, Elephant Man, avec sa rythmique quelque peu pachydermique (ça tombe bien...), et qui ne parle absolument pas du vrai Elephant Man (à savoir Joseph Merrick, renommé John Merrick dans le film de David Lynch, homme atteint d'une maladie déformant le corps et le crâne), est tout simplement le ratage de Head Music. Clairement. Le chant d'Anderson est, ici, ultra-énervant, un peu en écho qui plus est, et les paroles sont d'une stupidité crasse. Musicalement, c'est répétitif et très peu réussi, lassant. Heureusement que c'est court, c'est bien la seule chose à dire de positif au sujet de la chanson, parce que sinon... Nul !

Hi-Fi : 5,10 minutes pour cette chanson assez rock et tendue, Hi-Fi, qui remet l'album sur de bonnes bases après un Elephant Man pour le moins foiré. Hi-Fi est une chanson qui, si elle ne fait pas partie des sommets de Head Music, n'en demeure pas moins une assez belle réussite dans le registre de la chanson rock énervée, tendue et vaguement électro. Refrain assez réussi, ambiance prenante et un peu inquiétante, musicalement très lourd (pas dans le style 'pompeux', mais dans le style 'mélodie oppressante, sournoise, monolithique')n avec un chant assez distant de Brett Anderson, voix remplie d'écho, lointaine, un peu comme dans les couplets d'Electricity ou comme sur Can't Get Enough, bref, les titres les plus mouvementés de l'album. Une très très bonne chanson que ce Hi-Fi, dans l'ensemble.

Indian Strings : Comme son titre ('cordes indiennes') le dit, Indian Strings est une chanson assez aventureuses. Le chant de Brett a quelque chose d'orientalisant, d'arabisant, dans le refrain (And I see the real you), la chanson, pas trop longue (4,20 minutes), est mémorable, enivrante, envoûtante au possible. Indian Strings est une des plus belles chansons de l'album, tout simplement, un pur trésor mélancolique, mélodique, avec des arrangements électro/lyriques de toute beauté. Tout comme la suivante, Indian Strings est une chanson qui rend accro, une chanson au potentiel incroyable, capable à elle seule de sauver la mise à un album entier (ce qui n'est pas le cas de Head Music). Mémorable.

He's Gone : 5,35 minutes pour cette splendeur mélancolique. He's Gone, dernière vraie chanson de l'album (la suivante est en effet très courte et sert surtout de conclusion), est aussi une des meilleures de l'album. Une sublime montée en puissance, triste mais remarquable, sur laquelle Brett Anderson chante comme rarement sur l'album (il chante aussi bien sur Down, en fait, et Indian Strings). He's Gone est une pure merveille, au refrain mémorable, le genre de chanson qui, comme la précédente et je le redis ici, peut très bien sauver un album. Oui mais voilà, Head Music n'a pas besoin d'être sauvé, l'album étant très réussi. Mais si les chansons précédentes avaient été, pour la plupart, médiocres, une chanson telle que celle-là serait du genre à les faire oublier, tant elle est magnifique.

Crack In The Union Jack : 1,55 minute pour Crack In The Union Jack, conclusion courte (de loin le plus court de l'album) et acoustique, de Head Music. Uniquement la voix de Brett et une guitare acoustique pour ce morceau assez reposant, folk, calme et, ma foi, superbe en tant que conclusion. Ce n'est cependant pas mon morceau préféré de l'album, ni un des meilleurs, mais c'est quand même très beau en tant que tel, la voix de Bret Anderson est moins énervante que sur Elephant Man, et c'est le genre de petit morceau bien agréable qui permet d'achever en douceur un album. Vraiment pas mal, donc !

 Au final, que dire sur Head Music ? Suede s'essaie à un son plus porté sur les sonorités électroniques et modernes, tout en restant très axé sur le rock et le glam-rock, et le résultat, essentiellement, est réussi. Peu connu et surtout peu estimé, ce disque est vraiment réussi, il offre des chansons mémorables comme Down, He's Gone, Indian Strings, Electricity ou Everything Will Flow, et tout amateur de britpop, de rock anglais, devrait apprécier, même si une ou deux chansons assez moyennes sont présentes, et que la voix d'Anderson est parfois énervante. Mais dans l'ensemble, les 57 minutes de ce disque desservi par une assez moche pochette (et un livret aussi immonde : pages mauves, paroles écrites en blanc de manière manuscrite et quasiment illisible parfois...difficile de déchiffrer les paroles !) sont franchement très belles et intéressantes. Bref, un disque que j'ai appris à aimer, acheté sur un coup de tête pour une seule chanson (qui s'avèrait en plus être la première de l'album : une fois écoutée, à l'époque, mon unique raison d'achat était passée), mais que je ne regrette vraiment pas d'avoir acheté. Je l'écoute toujours, avec toujours beaucoup de plaisir, et pour un album aussi récent (1999), c'est assez rare, vu que je préfère les années 60 et 70 en général !