Pour ce 287ème Track-by-track, un disque sensationnel sorti en 1969, Then Play On. C'est un des sommets de Fleetwood Mac, groupe qui, à l'époque, était encore un groupe de blues-rock pur et dur, dirigé (et pour la dernière fois sur ce disque), par le guitariste et chanteur Peter Green, qui deviendra fou et rejoindra une secte. C'est le premier album du groupe avec le guitariste et chanteur Danny Kirwan, qui restera jusqu'en 1972, et on note aussi, dans le groupe, John McVie (basse), Mick Fleetwood (batterie) et Jeremy Spencer (guitare), même si ce dernier est quasiment absent ici. Le disque est long (54 minutes, 13 titres !) et tout simplement fantastique, et le voici (à noter que le tracklisting est celui du CD ; en effet, il existe plusieurs éditions vinyles, toutes différentes, un vrai bordel, mais une seule édition CD, encore différente, et comme c'est la plus facile à se procurer...) :
Coming Your Way : Première chanson de l'album, et c'est Danny Kirwan qui a l'honneur de la chanter (et de l'écrire). Coming Your Way, avec sa rythmique parfaite et sa guitare galopante (comme le cheval blanc de la pochette, laquelle est, d'ailleurs, très belle), est une des meilleures de l'album, tout simplement. On a droit à deux reprises (et surtout dans le final) à un solo de guitare très rock (le reste du morceau est plutôt bluesy, avec un chant parfait de Kirwan, dont la voix assez douce fait ici des merveilles ; il est cependant plus énergique ici que sur, par exemple, When You Say). Une chanson tout simplement grandiose qui ouvre à merveille Then Play On.
Closing My Eyes : Première chanson de Peter Green, Closing My Eyes est une pure merveille, là aussi. Le chant est merveilleux (Green chante franchement bien, et niveau guitare, inutile de précier que c'est un tueur), la guitare est belle à pleurer. Le mieux à faire, en écoutant cette chanson assez longue (quasiment 5 minutes), c'est de s'allonger, de fermer les yeux comme le dit le titre de la chanson, et de s'imaginer sur le cheval blanc de la pochette, même si la chanson ne parle absolument pas de ça. Mais l'ambiance est propice, ici, à la rêverie, au spleen. Mon Dieu, cette guitare, qu'est-ce que c'est magnifique...Une splendeur que cette chanson, une des meilleures de l'album, là aussi.
Show-Biz Blues : Guitare slide, ambiance totalement bluesy pour ce Show-Biz Blues de Peter Green, une chanson franchement sympa mais, autant le dire, pas aussi grandiose que les deux précédentes. Elle est quand même bien efficace dans son genre, la guitare slide est remarquable, l'ambiance est galopante, bluesy et efficace, le chant est vraiment bon, et elle n'est pas trop longue (3,50 minutes). Pas grand chose à dire, ceci dit, au sujet de cette chanson qui est, pour moi, une des deux moins marquantes de Then Play On avec Like Crying.
My Dream : Impossible, pour ma part, de ne pas écouter ce morceau, un instrumental, sans penser à la pochette de l'album. Il se dégage de My Dream (signé Kirwan, qui prouve ici son immense talent) une ambiance onirique, rêveuse, enchanteresse, féérique, tout simplement somptueuse. Le morceau est tout simplement grandiose, c'est mon préféré de l'album (oui, devant Oh Well), impossible de ne pas s'enchanter devant cette guitare magistrale. Seul bémol : la production de Martin Birch a pris un petit coup dans l'aile, mais rien de grave. Immense.
Underway : Deuxième instrumental, Underway, de Green, est une belle réussite assez atmosphérique, assez courte aussi (2,50 minutes). Le morceau n'est pas aussi évocateur que My Dream, mais c'est néanmoins une belle réussite qui permet à Peter Green de s'offrir de belles parties de guitare, et de prouver encore une fois à quel point ce guitariste (auteur de la chanson Black Magic Woman que Santana reprendra par la suite) est un virtuose en son genre. Underway est un morceau, donc, sublime et enchanteur. Je préfère le précédent, ceci étant.
Oh Well : 8,55 minutes sensationnelles (le morceau est en deux parties, qui sont réunies sur la même plage audio). Oh Well, de Peter Green, est le morceau de choix de Then Play On, clairement. Tout est culte, ici : le style de chant, dont Robert Plant (Led Zeppelin) s'inspirera pour Black Dog en 1971 ; la guitare, énergique et complètement folle ; la deuxième partie, instrumentale, avec quelques notes de piano jouées par Jeremy Spencer (selon Mick Fleetwood, ce sont les seules notes de musique, sur tout l'album, que Spencer a jouées...) et, surtout, surtout, cette guitare acoustique livrant une partition de flamenco tout simplement inoubliable. Oh Well est, dans l'ensemble, un morceau épique et fulgurant, parfait de bout en bout, un des plus grands morceaux de l'histoire du rock anglais (et du rock tout court). Essentiel et mythique.
Although The Sun Is Shining : Ouverture de la face B (quelle que soit la version vinyle existante, c'est cette chanson qui ouvre la face B) avec cette chanson courte (2,30 minutes) et très douce, interprétée par Kirwan, et sa si magnifique et délicate voix. Although The Sun Is Shining anticipe des chansons de la période Bob Welch (1971/1974), une période assez peu connue et très atmosphérique, très zen (ma préférée du groupe, cette période). Une chanson certes très douce, calme, lente, zen, mais franchement belle, difficile de prétendre le contraire. Après, c'est vrai qu'entre les chansons bluesy et rythmées signées Green (comme la suivante) et celles de Kirwan, il y à une grande différence, et c'est à vous de voir si vous préférez Kirwan ou Green. Perso, c'est Kirwan, et ce, malgré Oh Well et Closing My Eyes !
Rattlesnake Shake : Hilarante chanson très bluesy, interprétée par Green, et qui n'est autre qu'une ode...à la masturbation. Hé oui ! Je pense que la chanson a du marquer son temps, faire scandale ; le contraire serait vachement étonnant. Le titre est sans équivoque, 'la secousse du serpent à sonnette'. Rattlesnake Shake est une très très bonne chanson bénéficiant d'une partie de guitare assez incendiaire, d'un chant très énergique, d'une ambiance très bluesy et rock. Une des chansons les plus cultes du groupe, rapport à son sujet pour le moins osé, et c'est vraiment une très bonne chanson, mais ce n'est pas pour autant le sommet de Then Play On. Ce n'est pas non plus une des moins bonnes (s'il y en à, des moins bonnes que les autres), hein !
Searching For Madge : L'album est vraiment bien construit, en CD : trois chansons, deux instrumentaux, puis trois chansons, et deux instrumentaux, et pour finir, trois chansons ! Searching For Madge est donc, si vous avez bien compté, le premier morceau de la deuxième section instrumentale de Then Play On. C'est une jam blues-rock incendiaire qui est aussi le deuxième morceau le plus long de l'album avec pas moins de 6,55 minutes au compteur. Que dire ? Une performance, comme je l'ai décrite, incendiaire, bluffante, techniquement irréprochable (enfin...à un moment donné, tout s'arrête, et on entend Green dire, Yes, yes, yes..., assez chelou, ce passage, puis tout repart de plus belle, je vous rassure), servie par des musiciens en état de grâce, et s'y connaissant, niveau blues. Searching For Madge, qui est suivi d'un autre instrumental au titre similaire, est une totale réussite, au final.
Fighting For Madge : Deuxième partie, et elle aussi instrumentale. Fighting For Madge, nettement plus courte que Searching For Madge (2,45 minutes seulement), est quasiment aussi réussie que la première. C'est encore une fois un blues-rock instrumental endiablé avec guitares en folie de Green et Kirwan, basse fantastique de McVie (un tueur, niveau basse), batterie efficace de Fleetwood. Fighting For Madge est une sorte de jam blues-rock, un morceau vraiment réussi, pas un essentiel absolu (n'exagérons rien), mais un instrumental efficace qui fonctionne encore mieux quand on l'écoute après Searching For Madge.
When You Say : Kirwan au chant sur ce When You Say très doux, à la Although The Sun Is Shining en nettement plus long (4,20 minutes). Les refrains en vocalises (lalala lalala lalalalalala...) sont sublimes, mais sans doute un peu énervants à la longue. Ce sont cependant des moments très zen, reposants qui, une fois encore, anticipent quelque peu la future période Bob Welch, qui sera remplie de morceaux aussi atmosphériques et calmes que When You Say (par exemple, Woman Of 1000 Years). Au final, cette chanson est une petite douceur, une merveille mélodique et mélancolique.
Like Crying : 2,20 minutes, la chanson la plus courte de l'album. Signée et interprétée par Kirwan, Like Crying est une des chansons les plus bluesy de l'album. Clairement pas la meilleure (en fait, c'est probablement la moins grandiose, mais elle reste franchement bonne), c'est un titre assez agréable, vraiment court, mais sa courte durée, au final, n'est pas vraiment un défaut : si elle avait été plus longue, elle aurait probablement été, aussi, nettement moins bonne encore. La guitare est superbe ici, meilleure que le chant, car je trouve que Kirwan se démerde mieux sur les chansons plus douces comme la précédente (par exemple).
Before The Beginning : Dernière chanson de l'album, et c'est une de Peter Green. Before The Beginning est une de mes préférées de l'album : la guitare est sensationnelle, et le chant ne l'est pas moins. Then Play On se finit vraiment en beauté avec ce titre assez sombre (How many times must I play the fool ? se demande Green dans le refrain) qui, quelle que soit l'édition vinyle, se trouvait en final. Heureusement car, des chansons de l'album, c'est vraiment elle qui possède le plus cette atmosphère de conclusion, de fin ; aucune autre chanson n'aurait été à sa place en treizième (enfin, dernière, car il n'y à pas forcément 13 titres sur les éditions vinyle) position, ici. Magistral.
Alors, au final, que dire ? Then Play On est un classique du blues-rock, au même titre que le Blues Breakers With Eric Clapton de John Mayall & The Blues Breakers (1966), groupe dont a d'ailleurs fait partie John McVie avant que Fleetwood Mac ne se fonde. Rempli de grandes chansons, et de très bons instrumentaux, avec cette alternance de chant entre un Peter Green qui commence à péter les plombs et un Danny Kirwan qui deviendra rapidement une des forces du groupe, ce disque est à écouter absolument. Il permet de découvrir une autre facette du groupe, moins connue (le Mac est devenu vraiment culte à partir de 1977 et Rumours, album totalement pop et un des plus gros best-sellers mondiaux), mais tout aussi grandiose que la facette pop/rock des années 70/80. Un grand disque !