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262ème Track-by-track, Metallica, alias le Black Album, est probablement l'album le plus connu et vendu (un vrai best-seller mondial) de Metallica. Sorti en 1991 sous une pochette toute noire avec, en très effacé en haut à gauche, le nom du groupe et, en bas à droite, en surimpression, un serpent lôvé sur lui-même (la scène du groupe, pendant la tournée, aura cette forme, un snakepit), cet album assez long, 62 minutes pour 12 titres, et remarquablement bien produit par Bob Rock, James Hetfield (chant, guitare) et Lars Ulrich (batterie), est une tuerie thrash-metal, et surtout heavy-metal, remplie de tubes. Les autres membres du groupe sont le guitariste Kirk Hammett et le bassiste Jason Newsted, lequel, enfin, peut faire entendre sa basse (arrivé dans le groupe avec l'album précédent, ...And Justice For All de 1988, le groupe avait complètement enterré sa basse dans le mix, par manque de confiance en lui et signe de bizutage). L'album, très commercial (trop, aux dires de certains fans), et qui reste leur dernier grand album même si Death Magnetic, le dernier en date de 2008, est très bon, l'album, donc, le voici :

Enter Sandman : Une tuerie, pour commencer l'album, ça vous tente ? Alors ruez-vous sur Enter Sandman. Assurément LA chanson heavy de l'album, le sommet thrash de Metallica, une chanson qui, en 5,30 minutes, dévaste tout. Que dire qui n'a déjà été dit ? Cette chanson est mortelle, tout simplement, du riff introductif, calme (puis très bourrin et agressif) au passage spoken-word avec la prière enfantine (Pray the Lord my soul to keep...), en passant par le quintessentiel refrain : Exit light, enter night, take my hand, we're off to Never Never Land et ce solo de guitare ultra speedé et musclé, de Kirk Hammett, tout, TOUT, est immense ici. Un must.

Sad But True : Aussi longue que la précédente (en fait, un chouia moins !), quasiment aussi grandiose. Sad But True est une des chansons les plus lourdes du groupe. En fait, à cette époque, Metallica n'avait fait qu'une seule chanson aussi lourde que Sad But True, c'était The Thing That Should Not Be sur Master Of Puppets en 1986 ! Là encore, difficile de dire ce qui est le mieux ici, entre le refrain dévastateur, la voix agressive de James Hetfield, la rythmique lourde comme une enclume, la batterie qui fait mal (sublime production, vraiment), le solo... Dans l'ensemble, c'est la deuxième réussite absolu de l'album, et c'est la deuxième chanson, autrement dit, le Black Album démarre vraiment en fanfare !

Holier Than Thou : La plus courte de l'album (3,45 minutes). Holier Than Thou est un chanson très très très speedée, bourrine et sans aucune subtilité. Comparée aux deux précédentes (et aux deux suivantes, aussi), c'est moins marquant, et pas forcément à cause de sa courte durée (qui en fait, correspond bien au morceau et à sa rapidité). Une chanson qui marchera assez bien, c'est un des classiques de l'album, mais c'est vrai qu'elle est plus directe, simpliste, et aussi moins immense aussi, que les précédentes, elle déçoit un peu. C'est, quand même, vachement bien foutu !

The Unforgiven : 6,25 minutes absolument magnifiques. Une power-ballad, comme il y en aura une autre sur l'album, et le moins que l'on puisse dire, c'est que The Unforgiven, à laquelle le groupe donnera deux suites (la dernière, sur Death Magnetic), est une pure réussite mélodique et mélancolique. Une chanson triste, un peu lourde par moments (la rythmique), au refrain quintessentiel, une chanson plus subtile que le reste de l'album (Nothing Else Matters excepté). A noter que la première phrase des paroles (New-born joined this Earth, and quickly he subdued), en phonétique française (voir les clips "Hallucinations auditives" sur YouTube), peut aussi s'entendre de la sorte : Nous battons des oeufs, et cui-cui ils sont durs. Personnellement, j'ai beaucoup de mal, désormais, à ne pas entendre ça quand je réécoute la chanson ! Qui est, donc, immense, mais je crois l'avoir déjà dit.

Wherever I May Roam : Intro un peu orientalisante, arabisante, à base de cithare (jouée par Kirk Hammett), pour ce Wherever I May Roam dantesque. Deuxième chanson la plus longue de l'album avec 6,45 minutes (elle est battue de 5 secondes par My Friends Of Misery), c'est une pure réussite au même titre que les précédentes chansons. Le riff assure, aussi bien à la cithare qu'à la guitare électrique classique. Le refrain (Rover, wanderer, nomad, vagabond, call me what you will) est un des meilleurs de l'album. Dans l'ensemble, une chanson qui, malgré sa durée, est totalement réjouissante, totalement réussie, un vrai classique au même titre que Nothing Else Matters, Enter Sandman ou The Unforgiven. La classe.

Don't Tread On Me : Une chanson au rythme très martiale, au refrain agressif (il faut entendre James Hetfield quand il grogne Don't tread on me !), pas la meilleure de l'album (après une série aussi grandiose que celle des 5 précédentes chansons, Don't Tread On Me semble un peu en-deça), mais quand même vachement bien foutue. C'est bourrin, musclé, violent, virulent, sans répit pour l'auditeur, avec cette batterie tapageuse, ce riff sanglant, cette basse terrible, ce chant agressif... Sans grande subtilité, mais on n'écoute pas Metallica pour entendre de la musique douce, en même temps.

Through The Never : Mouais. Assurément la chanson la moins réussie de Metallica. Through The Never n'est pas nulle à chier quand même, mais cette chanson m'a toujours énervé. Le rythme, haletant et speedé, est pas mal du tout, mais cette chanson, heureusement assez courte (4 minutes seulement, une des plus courtes) est vraiment répétitive et saoûlante, le chant de Hetfield pendant le refrain (Twisting, turning, through the never) m'énerve pas mal. Bref, je ne trouve pas cette chanson nulle comme le sont la quasi totalité des albums suivants (Load, ReLoad, St. Anger), mais c'est clairement la chanson la moins bonne de l'album !

Nothing Else Matters : Arrrangements lyriques de Michael Kamen pour cette chanson immense, immortelle, 6,30 minutes de pure beauté. Nothing Else Matters, un des tubes de l'album et du groupe, est une des chansons les plus réussies des années 90. Une chanson qui détonne un peu de la part du groupe (si des chansons comme Fade To Black ou Welcome Home (Sanitarium), par le passé, étaient parfois douces, elles contenaient quand même des passages violents), comme The Unforgiven, car elle est plus du rock pur que du heavy metal. Chant inoubliable de Hetfield, guitare tout aussi inoubliable (c'est Hetfield qui fait le solo), intro à pleurer... Une chanson sensationnelle, inoubliable.

Of Wolf And Man : Après une telle claque mélodique, n'importe quelle chanson paraîtrait fadasse. Courte (4,15 minutes), Of Wolf And Man n'est pas une tuerie absolue, mais en tant que chanson bien musclée et bourrine, elle est plutôt réussie, enfin je trouve. Le chant de Hetfield est excellent, surtout pendant les refrains, et le riff de guitare de Hammett, ainsi que la tueuse batterie de Lars Ulrich (qui a définitivement bien fait de préférer la musique au tennis, car tel était son premier métier) assurent. Au final, une chanson sans grande surprise, comme d'autres de l'album (Don't Tread On Me), mais qui se laisse écouter avec joie.

The God That Failed : Avec Through The Never, mais en un peu plus réussi tout de même, The God That Failed est indéniablement la deuxième chanson la moins réussie de l'album. Le riff est un peu poussif, le chant est pas mal, mais à part ça... Tout du long de ces 5 minutes, cette chanson déçoit assez fortement et est même, selon moi, et comme Through The Never, plus du niveau de Load ou ReLoad que du Black Album. Bref, pas nullissime, mais vraiment moyen...

My Friends Of Misery : Une des chansons les plus longues de l'album (et même, avec 6,50 minutes, la plus longue) que ce My Friends Of Misery, qui est une chanson franchement remarquable. Une chanson très sombre, rien que le titre est éloquent, et sur lequel James Hetfield chante comme un vrai damné, d'une voix enragée et parfaite. Surtout, après une chanson aussi décevante (pour moi) que The God That Failed, une chanson telle que My Friends Of Misery sonne comme une vraie claque ! Après, ce n'est pas ma préférée du Black Album, mais sincèrement, ça vaut totalement le coup !

The Struggle Within : 3,50 minutes, une des plus courtes, et sans être un des sommets de l'album, The Struggle Within, avec son intro martiale, est franchement très bonne. L'intro, le riff, m'a toujours fait penser à un air de musique classique, par ailleurs (lequel, ça ne me revient pas, pour le moment). Chanson enragée sur un homme luttant contre lui-même (le titre signifie 'combat intérieur'), en guerre contre tout le monde, contre lui-même. Une chanson énergique qui achève l'album avec force et violence. Pas grandiose, mais franchement excellent quand même.

 Alors, certes, l'album est long, et possède, dans sa deuxième partie (titres 7 à 12), des morceaux un peu moins grandioses que sur la première partie (titres 1 à 6), ces Through The Never ou The God That Failed. Mais dans l'ensemble, ce Black Album, alias Metallica, est un disque franchement excellent. Tubesque, car rempli de chansons qui cartonneront et traumatiseront, a égalité avec Nirvana et les Guns'n'Roses, l'année 1991, cet album est aussi et surtout excellemment bien produit (la batterie fait très mal au crâne si on écoute ce disque au casque ou trop fort), ce qui change après la production ratée du très bon précédent album (...And Justice For All). Classiques absolus, puissance de feu totalement maîtrisée, cet album est dans l'ensemble une grosse claque !