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Pour ce 250ème Track-by-track, un excellent disque de pure pop/rock, sorti en 1983, j'ai nommé Synchronicity. C'est le cinquième et surtout dernier album studio de The Police, enregistré alors que le trio (Sting : chant, basse ; Andy Summers : guitares ; Stewart Copeland : batterie) ne se supporte quasiment plus. En fait, l'album a été enregistré dans plusieurs studios, un pour chaque membre, avec une liaison téléphonique et vidéo pour que les trois puissent enregistrer convenablement (ils s'appelaient pour se faire écouter ce qu'ils venaient de faire). Ambiance. Ce qui n'empêche pas Sting de laisser de la liberté à ses deux compères : Summers offre deux chansons,  dont une qu'il interprète, et Copeland en offre une (qu'il ne chante pas). L'album, sorti dans une version 10-titres (vinyle) et 11-titres (CD et K7) est immense, et le voici, dans sa version CD :

Synchronicity, 1 : Introduction assez étrange, au rythme assez haletant, que ce Synchronicity, 1. Comme son nom l'indique, la chanson sera, tôt ou tard (en fin de la première face), suivi par un morceau intitulé Synchronicity, 2 (et qui est meilleur et plus long). Cette première partie est assez réussie, mais pas autant que la seconde et que les deux morceaux qui suivent. Excellente partition de claviers (joués par Sting, probablement, ou Summers : il est précisé, sur la pochette, que tous les sons de l'album sont joués par The Police), un peu envahissante et répétitive, mais quand même très efficace. Dans l'ensemble, c'est un morceau court (3,20 minutes) et très sympathique !

Walking In Your Footsteps : Magnifique chanson, 4 minutes très hypnotiques. Ambiance un peu arabisante, orientale (c'est ce morceau qui aurait pu s'appeler Tea In The Sahara, titre d'une chanson située vers la fin de l'album !), chant magnifique et doux de Sting, Walking In Your Footsteps est une pure petite merveille mélancolique, mélodieuse au possible. Une chanson qui aurait pu se trouver sur un des albums solo de Sting, elle n'en est pas il éloignée que ça. Pas ma préférée de l'album (je la trouve un petit peu longuette), mais franchement très belle.

O My God : Plus mouvementé, si on veut, que la précédente, O My God est une autre belle réussite. Ligne de basse tout simplement fantastique, et guitare assez spatiarde (le son de guitare de Summers est franchement remarquable, il permet à certaines chansons de vraiment décoller, comme, ici, Wrapped Around Your Finger), sans parler du chant, énergique mais pas trop, de Gordon 'Sting' Sumner. Une rythmique un peu ska par moments (pas autant que le vrai ska-rock que le groupe a déjà eu l'occasion de faire par le passé, comme avec Demolition Man ou Can't Stand Losing You), et franchement excellente, achève de faire de ce O My God une petite réussite, pas le sommet del 'album, mais vraiment une chanson très agréable.

Mother : Bizarre. Pour le moins. Mother, 3 petites minutes (certains diront et heureusement) est la seule chanson du groupe à être interprétée par le guitariste Andy Summers, qui l'a écrite et composée. Sting, afin d'apaiser des tensions, a laissé ses deux compères offrir chacun une chanson (deux pour Summers, mais il ne chante pas sur l'autre). Mother est indéniablement le morceau le plus barge de l'album (de très très loin !). Musique étrange, un peu jazz avant-gardiste, et chant hystérique de Summers, avec cris et rires assez space, givrés. Paroles assez oedipiennes, ambiance très glauque et oppressante pour ce morceau franchement flippant, surtout à la première écoute, et vraiment à part. On aime ou on déteste, mais ça ne laissera personne indifférent !

Miss Gradenko : Chanson la plus courte de l'album avec tout juste 2 minutes, Miss Gradenko est une tentative reggae/pop/ska assez amusante, entièrement signée, paroles et musique, de la main du batteur Stewart Copeland. Mais il ne la chante pas, laisse cela à Sting. Après un Mother bien zarb', Miss Gradenko, qui semble parler d'une jeune femme victime d'un accident, d'une catastrophe, dans une administration communiste, dans le bloc de l'est, et aimée par le narrateur, qui s'inquiète pour elle, pour sa santé (Are you safe Miss Gradenko, Miss Gradenko are you safe ? Is anybody alive in here, is anybody at all in here ? Nobody will listen here). Une chansonnette sympathique que j'adore personnellement, même si ce n'est pas le sommet de l'album et du groupe. Mais c'est franchement sympa, agréable. Sous-estimé !

Synchronicity, 2 : Deuxième partie, et la meilleure des deux, pour achever la face A. Synchronicity, 2 dure 5 minutes et est fantastique, tout simplement fantastique. Qu'est-ce qui est le mieux, ici ? La guitare de Summers, quui offre un riff franchement excellent et très pop ? Le chant de Sting ? Le refrain (Many miles away...) ? Dans l'ensemble, cette chanson est mémorable, une des meilleures de l'album. Après deux chansons assez spéciales et pas grandioses (même si j'aime beaucoup Mother, même si j'adore Miss Gradenko, il faut reconnaître qu'elles ne sont pas immenses), ce Synchronicity, 2 achève avec force la face A.

Every Breath You Take : Immense tube ouvrant la face B, Every Breath You Take est une chanson qui fut mal comprise. On pensera qu'il s'agissait d'une chanson d'amour, mais en réalité, la chanson parle de quelqu'un qui oppresse quelqu'un d'autre, le suit, l'observe, tente de le contrôler. Sting, sur son premier album solo (The Dream Of The Blue Turtles en 1985), fera If You Love Somebody Set Them Free, qui contient, dans son final, des paroles de Every Breath You Take, pour dire que si on aime quelqu'un, il faut lui lâcher la bride (et pour faire prendre conscience aux gens que la chanson de 1983 n'est pas si légère et innocente que ça). Une excellente chanson, avec une sublime partition de contrebasse et un chant fantastique de Sting.

King Of Pain : La plus belle de l'album ? Des tubes de l'album (quasiment toute la face B vinyle !), c'est, je crois, celu iqui a le moins bien cartonné, mais King Of Pain a quand même été un tube. Une chanson magnifique avec, il me semble, des choeurs de Copeland (That's my soul up there), une ambiance mystique et douloureuse, un chant concerné, sobre, racé, sublime, un refrain tout simplement grandiose... King Of Pain, c'est 5 minutes absolument magnifiques, enchanteresses, un des plus grands joyaux du groupe. On ne s'en lasse pas.

Wrapped Around Your Fingers : Autre tube, que j'ai mis du temps à aimer, mais qui m'est, aujourd'hui, disons-le tout net, indispensable. Je trouve personnellement que le jeu de Summers sur le refrain est absolument magnifique, et c'est en grande partie pour ça (le refrain, la guitare) que Wrapped Around Your Finger est, aujourd'hui, une de mes 5 chansons préférées du groupe avec Next To You, Driven To Tears, Walking On The Moon et Spirits In The Material World (chanson que je haissais autrefois, par ailleurs), soit une par album exactement ! Une chanson mémorable et tubesque, un classique absolu.

Tea In The Sahara : Le vinyle initial se finissait sur cette chanson atmosphérique, Tea In The Sahara, très enivrante, hypnotique (chant sobre, doux : basse envoûtante et très marquée ; guitare spatiarde). Ce n'est pas ma chanson préférée de l'album, mais, franchement, c'est magnifique, sensationnel, sublime ; une chanson qui donne l'impression de se trouver en plein désert (pas en train de boire un thé, cependant, juste d'être dans le désert), une chanson envoûtante et quasi mystique. Sting la chante d'une voix tout simplement grandiose. Sublime !

Murders By Numbers : La voilà, l'autre chanson de l'album écrite et composée par Summers. Mais c'est Sting qui la chante. Murders By Numbers ne se trouvait pas sur l'édition vinyle (qui ne comportait que 4 titres sur sa face B, donc), et est une bien belle chanson, au rythme très jazzy, interprétée par un Sting on ne peut plus convaincant. J'ai même envie de dire que la chanson est si proche de ce que Sting fera sur ses albums solo qu'elle pourrait être signée de sa main (mais non, c'est bien Summers) ! Murders by numbers, one, two, three, it's as easy to learn as your ABC... Une chanson mémorable qui achève bien l'album (CD et K7 audio) !

 Pour finir, Synchronicity, comme le Abbey Road des Beatles et le Bridge Over Trouble Water de Simon & Garfunkel, prouve que, dans la tension, on travaille bien. Les trois flics (ah ah ah) n'arrivaient plus à s'entendre, mais ont réussi à faire un grand disque, sans doute leur meilleur (le plus vendu, aussi, rapport aux tubes). Production excellente de Hugh Padgham (déjà producteur du précédent album, Ghost In The Machine), interprétation fantastique, classiques à foison, ce disque au titre inspiré par la théorie de Carl Gustav Jung est un des meilleurs albums de pop/rock qui soient. Fantastique !!