Pour ce 243ème Track-by-track, un disque surpuissant sorti en 1979 sous une géniallissime pochette : Overkill. C'est le deuxième album du groupe de hard-rock anglais Motörhead, fondé en 1977 par Lemmy Kilmister (basse, chant), après que ce dernier, au look de Hun en goguette et à la voix de gravier embourbé dans du goudron, ait été viré de son poste de bassiste au sein du groupe de space-rock Hawkwind. D'ailleurs, le nom du groupe vient d'une chanson de Hawkwind ! Overkill, produit par l'illustre Jimmy Miller (Stones, Blind Faith, Traffic...), dure 35 minutes tout rond, et est une déflagration sonique absolue. Pourtant, seulement trois membres dans le groupe (les deux autres sont 'Fast' Eddie Clarke à la guitare et Phil 'Filthy Animal' Taylor à la batterie) ! Ce disque, immense, le voici :
Overkill : 5 minutes, le morceau le plus long, et aussi le meilleur de l'album qui lui doit son titre. Overkill est une putain de bombe atomique. Roulement de batterie, riff dévastateur, tout s'emballe, ça carbure, ça roule à 1000 à l'heure, la voix de Lemmy qui braille, une pure boucherie que ce morceau. Solo de guitare... et le mieux, c'est qu'au bout de 3 minutes, on a droit à un rappel instrumental d'une minute, avec roulement de batterie puis encore un immense solo de guitare...Et à 4 minutes, encore un rappel instrumental du même tonneau roulement de batterie et encore un dernier solo de guitare... Double rappel ! Et croyez-moi, au vu de la réussite monstrueuse du morceau, c'est un luxe qu'on ne regrette absolument pas ! Ce morceau est tout simplement légendaire, je sais que j'en ai mal parlé, mais comment en parler, de toute façon ? Il faut écouter, c'est tout ! Ce morceau ferait convertir un fou de musique classique au heavy metal. Ou le rendra sourd à vie. Ou les deux.
Stay Clean : Quelle intro ! Roulement de batterie, riff tueur, son immense de guitare et de basse, et la voix de Lemmy qui déboule, I can tell, seen before, I know the way, I know the law/Can't believe, can't obey, can't agree with all the things I hear you say/Oh no don't ask me why I can't go on with all your filthy white lies, stay clean, stay clean, stay clean, stay clean... Le rythme assure totalement, la chanson est aussi énergique et boogie que furieuse. Dans l'ensemble, ce Stay Clean est non seulement une des meilleures de l'album, mais aussi une de mes grandes préférées.
(I Won't) Pay Your Price : Une chanson très boogie, au rythme un peu pataud (c'est la chanson la plus boogie de l'album, limite du Status Quo par moments !) que ce (I Won't) Pay Your Price assez réussi et rigolo. Courte (moins de 3 minutes), elle permet encore une fois à Lemmy de briller, et offre des paroles aussi violentes que rigolotes sur un mec apparemment pas fréquentable, un peu con, un peu boulet, auquel Lemmy promet plein de choses pas gentilles s'il ne lui fout pas la paix (doigts dans l'oeil, surin dans le cul, genoux explosés, ce genre de gentillesses). Le rythme est excellent et boogie, on a drot à un court et très sympathique solo de guitare, la basse est démentielle... Pas ma préférée, mais vraiment géniale !
I'll Be Your Sister : Bourrin de chez bourrin, I'll Be Your Sister (paroles vraiment drôles : entendre Lemmy brailler, de sa voix rauque de gravier acéré, qu'il sera ta soeur, ou ta mère, si tu a besoin de quelqu'un, c'est tordant) est une chanson vraiment excellente, sans toutefois être une des meilleures d'Overkill. On s'éclate vraiment à écouter cette chanson démarrant par un riff bien boogie/heavy, mais I'll Be Your Sister n'arrive pas au niveau de la chanson-titre ou de la chanson suivante, Capricorn. Elle est toutefois vraiment très bonne, et de toute façon, aucune mauvaise chanson sur cet album, alors...
Capricorn : Intro assez étonnante, on y entend 'Fast' Eddie Clarke règler sa guitare, avant de réellement commencer à jouer. En fait, il ne savait pas que ça enregistrait, et lancera à Jimmy Miller un geste du style c'est bon, on peut y aller !, alors que les bandes tournaient. Production, autrement dit, très sincère. Cette intro dure quelques secondes, le morceau est ensuite joué, live en studio, donc, et ce morceau, Capricorn, un des plus longs (4 minutes et quelques), chanson parlant d'un homme né sous le signe du Capricorne (December's child), comme Lemmy, et dont la vie n'est qu'une succession d'embrouilles. Né sous une étoile noire, sous un signe maudit. Une chanson quasiment autobiographique, et franchement remarquable, un peu plus lente que de coutume, mais ce n'est pas un mal !
No Class : La face B s'ouvre sur une chanson de malade, une pure tuerie heavy, dotée d'un riff quintessentiel et monstrueux, j'ai nommé No Class. Là, le silence se fait : cette chanson est tout simplement grandiose, aussi monstrueuse que la chanson-titre, Capricorn ou que la dernière de l'album, Limb From Limb (ceci dit, je pense que Overkill reste la meilleure chanson de l'album). Rien à dire de négatif sur cette chanson, mis à part sa durée franchement rikiki (comme quasiment toutes les chansons de l'album), qui passe trop vite. Mais entre le riff, le chant, la rythmique, les violents coups de batterie, la basse violée par Lemmy, ce morceau tue, littéralement, et contrairement à la personne dont elle parle, elle a de la classe !
Damage Case : Moins marquant que No Class, Damage Case est cependant une remarquable chanson de hard-rock à tendance boogie. Encore une fois, et ça commence à devenir lassant de le répéter, le chant de Lemy Kilmister est totalement grandiose, ce mec possède une voix, décidément, aussi spéciale que fantastique. Damage Case possède un refrain et un tempo remarquables, et est, dans l'ensemble, une très très bonne chanson, pas un sommet absolu pour l'album, mais du même niveau que I'll Be Your Sister, autrement dit, un niveau vraiment excellent !
Tear Ya Down : Le riff et le solo de guitare assurent, mais dans l'ensemble, Tear Ya Down est un peu surestimée, j'ai l'impression. Bon, ce n'est pas LA chanson du groupe non plus, hein ; elle se trouve peut-être (je n'ai pas cherché, je l'avoue) sur un best-of, ou plusieurs, du groupe, mais ce n'est pas non plus leur chanson la plus mythique. Elle est cependant considérée comme une des meilleures de l'album, et je ne suis pas totalement d'accord. Le chant est excellent, comme d'hab', et niveau guitare, rien à dire, mais elle est moins marquante, selon moi, que la majorité des autres de l'album, comme par exemple No Class ou Stay Clean. Bref, c'est franchement pas mal, c'est clair, mais ce n'est pas immense.
Metropolis : Introduction assez lente, hypnotique, bluesy et space en même temps, digne d'Hawkwind, en fait. Metropolis, apparemment inspirée par le visionnage du film du même nom, par Lemmy, dans un cinéma de quartier de Londres (le mec a beau être amateur de tise, de gonzesses, de motos et de came, il n'en demeure pas moins cultivé !), même si les paroles ne sont pas très explicites, est une excellente chanson, au riff remarquable (solo de guitare fantastique et court, aussi). Une des chansons les plus particulières, même la plus étrange, de l'album, mais clairement une des meilleures aussi ! Je la trouve, en tout cas, meilleure que le très surfait et bourrin Tear Ya Down !
Limb From Limb : Final dantesque, quasiment aussi long que le morceau d'ouverture, car Limb From Limb dure 4,50 minutes. C'est une bombe de plus pour l'album, la dernière, et non des moindres. Assurément une des meilleures chansons de cet Overkill de folie, elle démarre par un riff terrible et boogie. Le chant de Lemmy est assez sauvage, comme d'ordinaire, et arrivé au centre du morceau, tout s'emballe, le rythme s'accélère totalement. Au final, la chanson est totalement démoniaque, vrombissante, surgissant de l'Enfer, une grosse claque (de plus) qui achève l'album à la perfection. Barbare, bourrin et puissant, surpuissant, même !
Pour finir, on peut vraiment parler de sommet pour Overkill. Un disque sauvage, puissant, produit à la perfection (le son est immense pour l'époque, et a bien vieilli), interprété aussi à la perfection, une série de chansons mémorables servies sur un plateau par un groupe de barbares en rut. Motörhead fera d'autres bons disques (Ace Of Spades en 1980, par exemple), mais Overkill est clairement leur meilleur. Et que dire au sujet de cette pochette géniale et implosante ? Une de mes préférées au monde. Un disque, bref, tout simplement grandiose.
Pour moi, le disque n°1 de Motorhead reste le live de 1981 'No sleep'til hammersmith'.