241ème Track-by-track, et pour ce faire, un disque de rock progressif. Deuxième album de King Crimson, In The Wake Of Poseidon est sorti en 1970 sous une sublime pochette (mention pas spéciale du tout à l'intérieur du livret et au dos de CD, le texte, imprimé en argenté clair, est quasiment illisible sauf en orientant le livret en direction de la lumière, bonjour les yeux). Dernier album du groupe avec Greg Lake (chant), Michael Giles (batterie) et premier avec Mel Collins (saxophone et flûte) et Gordon Haskell (chant sur un titre, il chantera sur tout le disque suivant), In The Wake Of Poseidon est un disque très réussi dans l'ensemble, mais, et je vais revenir dessus plus longuement ci-dessous, trop ressemblant au précédent (In The Court Of The Crimson King) pour être totalement réussi. On sent que le groupe s'est laissé aller à la facilité avec ce disque très relaxant dans l'ensemble, et dont rien que le titre est ressemblant avec le précédent opus. Ce disque, le voici :
Peace - A Beginning : 50 secondes très calmes, acoustiques, quasiment silencieuses (c'est très difficile, surtout au début, d'entendre la voix de Greg Lake), première des trois parties de Peace, disposées un peu partout sur l'album. Ce morceau sert surtout à introduire l'album, et me fait penser, en plus musical, à l'intro du 21st Century Schizoid Man de l'album précédent. C'est pas mal, mais court et très calme, on l'écoute sans s'en rendre compte...
Pictures Of A City (including 42nd At Treadmill) : 8 minutes assez énergiques, ça démarre direct, brutalement par un saxophone très agressif. Tiens, un peu comme 21st Century Schizoid Man, après son intro bruitiste et calme, démarrait ! Pictures Of A City, interprété par Greg Lake (si on excepte la voix qui n'est pas modifiée par un vocoder, contrairement au morceau de l'album précédent que je viens de citer, le chant est à peu près pareil, un peu saccadé), est un morceau assez sympathique, mais il fait trop penser à ...Schizoid Man pour être vraiment marquant. On sent vraiment une redite ! Et le pire, c'est que c'est, aussi, moins bon...
Cadence And Cascade : Gordon Haskell (alors seulement invité, il entrera dans le groupe en tant que chanteur et bassiste pour l'album suivant, Lizard, aussi en 1970, et quittera le groupe peu avant la sortie de Lizard) au chant pour ce morceau très calme, acoustique, reposant, faisant assez penser, surtout à cause de sa position sur le disque (après un morceau assez rythmé et avant un morceau très lyrique), au I Talk To The Wind de l'album précédent. Mais Cadence And Cascade, qui souffre hélas de ce mal qui ronge les premiers albums de Crimso (à partir de cet album jusqu'à Islands inclus), à savoir un chant très bas, trop bas, parfois difficile à entendre, Cadence And Cascade, donc, n'en demeure pas moins une bien belle chanson. Très reposante et vraiment bien foutue !
In The Wake Of Poseidon (including Libra's Theme) : 8 minutes achevant la face A sur une envolée lyrique faisant immanquablement penser à Epitaph (qui achevait, sur une durée similaire, la face A de l'album précédent). Certains y voient aussi des ressemblances avec The Court Of The Crimson King ; oui, pourquoi pas, mais c'est surtout à Epitaph que In The Wake Of Poseidon ressemble : le chant empesé, solennel de Lake, le mellotron (de Fripp) bien chargé et solennel... Alors, oui, ce morceau est quand même superbe, le mellotron est magnifique, c'est à la fois relaxant et trippant, mais c'est, quand même, trop ressemblant à Epitaph. Encore une fois (mais quasiment pour la dernière fois de l'album), Crimso s'autoplagie ici. Signe qu'il fallait vraiment tout changer dans le groupe (et pour la peine, mis à part Fripp et Collins, le groupe changera totalement pour Lizard) !
Peace - A Theme : 1,15 minutes instrumentales pour cette première reprise du thème de Peace, ouvrant la face B. Peace - A Theme est très joli, court, et passe mieux la rampe que Peace - A Beginning, mais ça reste aussi joli que passe-partout, dans un sens. Difficile de totalement se passionner pour ce morceau court et à l'intérêt limité par sa durée, justement.
Cat Food : Bof. Version longue (avec un remarquable solo de piano free signé Keith Tippet) d'une chanson qui sortira en single (avec un morceau du nom de Groon en face B, les deux morceaux sont en bonus-tracks sur le CD) et ne fait franchement pas partie de ce que King Crimson a fait de mieux. En fait, Cat Food est probablement le morceau le moins bon de l'album et du groupe, du moins, de cette période ! Le chant agressif de Lake, les paroles assez connes, l'ambiance faussement jazzy/swingante... Seule la partie de piano free vaut le coup. 5 minutes assez chiantes en globalité.
The Devil's Triangle (a/Merday Morn ; b/Hand Of Sceiron ; c/Garden Of Worm) : Immense. 11,40 minutes totalement grandioses, fortement influencées par le Mars de Gustav Holst (compositeur anglais du début du XXème siècle, mort en 1934). Totalement instrumental, ce morceau est vraiment flippant, du moins dans sa première partie, qui possède un passage de mellotron franchement glaçant. On notera des allusions au choeurs de The Court Of The Crimson King (album précédent), qui sont carrément repris tels quels dans le final de ce long morceau. La face B de l'album ne fait pas penser à l'album précédent, sauf dans ce passage (et le fait que ce long instrumental fasse penser à une version angoissante des expérimentations de Moonchild, un tout petit peu plus long et situé en même position d'avant-dernier titre). The Devil's Triangle est, dans l'ensemble, le sommet de l'album. Immense.
Peace - An End : Reprise finale de Peace, ici d'une durée de 1,55 minute, chantée. Ce Peace - An End achève bien l'album, c'est bien joli, acoustique, mais après les terrifiantes (et grandioses) 11,40 minutes de The Devil's Triangle, ça semble un peu arriver comme un cheveu sur la soupe. Quelque part, n'aurait-il pas mieux valu que l'album se termine sur The Devil's Triangle, et que Peace - An End ne se trouve juste avant ?
Au final, on peut donc dire, au sujet de In The Wake Of Poseidon, que c'est un très bon disque de rock progressif. Mais c'est aussi un disque vraiment calqué sur le précédent opus de Crimso, c'est surtout flagrant sur la face A. S'il n'y avait pas eu In The Court Of The Crimson King, In The Wake Of Poseidon serait franchement cent fois plus intéressant et marquant. Mine de rien, sur ce disque sans grosse surprise, on a quand même The Devil's Triangle, qui est immense, et le morceau-titre, certes fortement sous influence Epitaph, mais tout de même magnifique. Alors, dans l'ensemble, cet album, bien que peu original, reste très bien, et si vous aimez King Crimson et le rock progressif, vous devez absolument le découvrir !
Très bon album, malheureusement pompé sur le précédent... Mais cette face B, bon Dieu... "The Devil's Triangle" est TERRIFIANTE !
Et je trouve "Cat Food" bien supérieure à "Happy Family", "The Letters" et "One More Red Nightmare", qui sont pour moi les moins bons morceaux de toute la période 1969-1974 !