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Pour ce nouveau Track-by-trackn un album totalement cinglé (et un article difficile à faire, j'en ai chié !) : Trout Mask Replica, de Captain Beefheart & His Magic Band, double album (simple CD) sorti en 1969 sous une étrange et moche pochette représentant Beefheart (de son vrai nom Don Van Vliet, décédé il y à quelques mois) avec un visage de truite sur fond rouge minium. L'album aligne 28 titres, et est un vrai bordel sonore, qui mélange plusieurs genres musicaux (blues, rock, jazz, free-jazz, bluegrass, country, expérimentations), et est produit par l'ami de Beefheart, Frank Zappa. C'est un disque sensationnel, mais très très complexe et difficile d'accès, que voici :

 Frownland : Ca commence fort. Frownland ('le pays du fronçement de sourcils' en gros) est un délire musical bruitiste totalement ravagé. Entre Beefheart qui chante un peu à la manière d'un Howlin' Wolf (chanteur de blues à la voix hurlante, d'où son surnom, comme celle d'un loup en rut, et si vous ne connaissez pas encore Howlin' Wolf, filez chez votre disquaire le plus proche pour rattraper cette lacune, bande de mécréants !) et son Magic Band d'allumés sous-alimentés et sur-alimentés en acides (ils vivaient tous en communauté, comme des hippies pouilleux) qui jouent un peu n'importe comment et à une vitesse dingue, c'est difficile de dire ce qui est le plus cintré ici. N'oublions pas les paroles totalement givrées (My spirit's made for the ocean 'n' the sky 'n' the sun 'n' the moon 'n' all my eye can see). A l'arrivée, 1,40 minutes de folie qui met bien dans le ton pour le reste de Trout Mask Replica. Comme l'ensemble des 28 morceaux, pris ensemble, ça forme un 'tout' assez marquant, mais pris séparément, c'est assez difficilement appréciable !

The Dust Blows Forward 'N' The Dust Blows Back : 1,50 minute sans aucun accompagnement musical. Aucun. Pas une couille de musique. Juste la voix de Beefheart, récitant un texte assez cintré, d'une voix bluegrass semblant imiter, par moments, celui d'un chanteur des années 30. Il y à, sur l'album, deux autres morceaux sans aucun accompagnement musical, par ailleurs (Well et Orange Claw Hammer). Pas de musique, mais un son assez old school, volontairement. The Dust Blows Forward 'N' The Dust Blows Back (titre de morceau le plus long de l'album !) est en effet parsemé de craquements, de souffle sur la bande, une production volontairement vieillie, comme si le morceau datait des années 30. On entend, de plus, comme des mini coupures, comme si Beefheart s'était enregistré sur un magnétophone, aurait coupé l'appareil entre deux lignes de texte, etc... Quand je vous disais que ce disque est cintré !

Dachau Blues : Rien que le titre donne le ton. Dachau Blues est un blues (à la Howlin' Wolf, encore), 2,20 minutes assez tétanisantes qui parlent de la Seconde Guerre Mondiale, de ce sinistre camp d'extermination de Dachau (Dachau Blues, those poor Jews ou bien encore One mad man, six million lose). Le chant est limite terrifiant, la musique est répétitive et dingue, mais moins cacophonique que pour Frownland. Se finissant par un spoken-word assez étrange (les paroles sont dans le livret, sauf pour ce passage final) et difficilement compréhensible, Dachau Blues s'achève aussi sur la sinistre promesse d'une éventuelle Troisième Guerre Mondiale. Un exemple parfait de blues-garou (jeu de mots qui n'est pas de moi, et qui symbolise bien le chant de Beefheart).

Ella Guru : Décidément, Trout Mask Replica ne s'embarrasse pas de transitions ! Après un morceau glaçant parlant de la guerre, des camps d'extermination et d'une possible troisième guerre mondiale, on passe à Ella Guru, chanson aussi courte que la précédente, et très enjouée (on entend, de ci de là, des vocalises extrêmement aiguës, faisant penser à des voix de cartoons délirants ; c'est l'oeuvre d'un des membres du Magic Band, probablement The Mascara Snake (clarinette basse) ; un nom de scène aussi délirant que pour les autres membres, comme Drumbo, Zoot Horn Rollo, Rockette Morton et Antennae Jimmy Semens). Ella Guru, morceau cintré s'il en est, parle d'une groupie. A noter, un passage spoken-word totalement dingue, duo vocal entre Beefheart et The Mascara Snake (cousin de Beefheart, si je ne m'abuse), dans le centre du morceau : Fast'n'bulbous !!

Hair Pie : Bake 1 : Un des rares instrumentaux de l'album (il y en à trois en tout), Hair Pie : Bake 1 (on s'en doute, il y aura un Hair Pie : Bake 2) est un des plus longs morceaux de l'album avec quasiment 5 minutes (à trois secondes près, c'est ballot). Vers la fin du morceau, on entend Beefheart et un autre (j'ignore qui) parler. Le son, à ce moment-là, est assez mauvais, comme si ça avait été enregistré à l'extérieur ou avec un magnétophone de mauvaise qualité. Impossible donc de dire ce qui est prononcé, mais on entend clairement Hair Pie et Neon Meate Dream Of A Octafish, cependant, ainsi que sounds good. Dès que les voix se font entendre, elles restent jusqu'à la fin du morceau, sans ucun accompagnement musical, mais avant ça, le morceau est un pur défilé de dinguerie à la Frownland, difficilement descriptible !

Moonlight On Vermont : Quasiment 4 minutes comptant parmi les morceaux les plus rock et conventionnels de l'album. Moonlight On Vermont offre en effet un chant très blues (toujours la même influence que je ne renommerai pas, car je l'ai citée deux fois plus haut), une guitare (Zoot Horn Rollo) assez rock et stridente, une batterie (Drumbo, quel nom de scène à la con !! De son vrai nom, John French) très marquée et puissante... C'est limite si Moonlight On Vermont, qui achevait la face A, est un peu intrus sur l'album, tant il paraît 'normal' ! Il y à quand même une assez bonne part de folie ici, mais comparé aux précédents morceaux (et aux suivants), c'est vraiment conventionnel. C'est, aussi, remarquable !

Pachuco Cadaver : La face B s'ouvre sur les 4,35 minutes de Pachuco Cadaver (ce morceau et le suivant ont des titres assez similaires, avec deux allusions à la mort assez évidentes : cadaver pour ce morceau, et corpse pour l'autre, dans leurs titres). Morceau qui démarre par un riff assez trépidant, enjoué, de guitare, avant de passer rapidement le relais à un rythme plus pataud et étrange. Et le chant de Beefheart, à la limite du spoken-word, qui récite en chantonnant un texte assez barge n'ayant probablement que peu de rapport avec le titre ('Cadavre de Pachuco'), même si le mot Pachuco est cité dans le texte. Inutile de dire donc que c'est aussi frappé que les précédents morceaux. C'est, aussi, très très réussi.

Bills Corpse : Bien plus court est ce Bills Corpse (1,45 minute), interprété par un Captain Beefheart totalement renversant de givré attitude, et qui achève d'ailleurs son récital par des imprécations quasiment religieuses (ça ne parle pas de religion, mais la manière de prononcer ces dernières paroles font vraiment comme une homélie). Un morceau encoe une fois tellement fou qu'il en est difficilement appréciable au premier abord. Il faut plusieurs écoutes, pour Bills Corpse, c'est, selon moi, un des plus étranges et inclassables de l'album.

Sweet Sweet Bulbs : 2,15 minutes assez bluesy (toujours ce chant, bien entendu, très hurleur, très blues) et dont les paroles sont nettement plus cintrées que la musique, pour changer (d'ordinaire, la folie touche aussi bien l'accompagnement que les paroles). Sweet Sweet Bulbs (les allusions aux bulbs, mot qui signifie ampoule en anglais, sont fréquentes sur Trout Mask Replica : ce qui se trouve d'ailleurs sur le chapeau, sur la pochette, peut aussi bien ressembler à un volant de badminton qu'à une ampoule !) est musicalement assez soft, quasiment bluesy aussi. Ce n'est pas le meilleur morceau de l'album, mais le chant et la musique sont franchement pas mal du tout.

Neon Meate Dream Of A Octafish : Si vous voulez de la dinguerie absolue, pure, totale, écoutez Neon Meate Dream Of A Octafish (dont le titre, bien cinglé, était, rappelez-vous, cité dans Hair Pie : Bake 1). Sur fond de musique totalement envapée, 2,25 minutes de folie pure, interprétée par un Beefheart à la voix assez spéciale (pas du tout blues, pas du tout bluegrass, pas rock non plus, on la croirait comme filtrée par une étrange machine, elle a un petit côté enfumé étonnant et est assez rigolote). Les paroles ? On y parle entre autres de Whale bone farmhouse ('Ferme en os de baleine'), entre autres 'rigolarderies'. C'est un de mes morceaux préférés de l'album, mais qu'est-ce que c'est dingue !

China Pig : Bien plus conventionnel est ce China Pig de quasiment 4 minutes, au sujet duquel il est charitablement précisé dans le livret, juste au-dessous des paroles, que le morceau a été enregistré dans des conditions tellement particulières, dans un tel environnement (probablement en extérieur, avec un magnétophone), que certaines parties du morceau sont un peu abimées (effectivement, il y à un effet de loop vers la fin, la bande s'emballe une ou deux secondes) et que les paroles sont, parfois, difficilement audibles, au point tel que les paroles indiquées dans le livret, pour ces passages, sont assez hypothétiques. Ouf ! Mis à part ça, c'est un blues pur et dur, sans concession, sans dinguerie mis à part la voix de Beefheart (effectivement difficilement audible parfois). Dans les crédits, on apprend qu'un certain Doug Moon joue de la guitare sur ce morceau. Un très bon morceau, malgré la production assez pourrie.

My Human Gets Me Blues : 2,40 minutes assez bluesy, ou plus que jamais Captain Beefheart sonne comme Howlin' Wolf. C'est cependant un morceau encore une fois bien givré que ce My Human Gets Me Blues, avant-dernier titre du premier disque vinyle, et dernier morceau chanté dudit permier disque. Comme Sweet Sweet Bulbs (et un ou deux autres par la suite), clairement pas un des sommets de l'album, mais c'est quand même vachement bien. Difficile d'accès, mais il y à 'pire' sur l'album !

Dali's Car : Morceau le plus court avec 1,25 minutes, Dali's Car (le morceau donnera son nom à un groupe, des années plus tard) est instrumental. Il achevait le premier disque vinyle et, par conséquent, la face B. C'est un morceau trop court pour vraiment s'imposer, mais on dira juste que ce que l'on y entend est nettement moins bordélique que sur les deux autres instrumentaux. Dans l'ensemble, ce morceau aussi court que bon est assez conventionnel, donc, malgré une folie quand même assez présente.

Hair Pie : Bake 2 : Le disque 1 (vinyle) s'achevait sur un instrumental. Le disque 2, et la face C par conséquent, s'ouvre aussi sur un instrumental (et après, il n'y en aura plus), Hair Pie : Bake 2. Suite logique de Hair Pie : Bake 1. 2,23 minutes aussi cintrées que faire se peut, un morceau étrange comme les autres, dans lequel les membres du Groupe Magique du Capitaine Coeur-de-Boeuf se livrent à une furie free-jazz ahurissante, comme pour l'ensemble de l'album. Indescriptible et à la limite de la cacophonie. Parlez d'une ouverture de face vraiment malade ! Mais attendez de voir comme s'ouvre la face D...

Pena : Totalement givré, Pena est un morceau interprété par un des membres du Magic Band (The Mascara Snake prenant sa voix de cartoon, probablement, mais je n'en suis pas sûr du tout). Beefheart ne participe pas du tout, vocalement parlant, à ce morceau court (2,30 minutes) et totalement frappé, doté de paroles cinglées et interprétés avec hystérie. Oui, le terme convient bien, hystérie. On sent que le mec en question devait être parti, embarqué dans un trip au moment de l'enregistrement. Du moins, je l'espère, car s'il était dans son état normal, c'est qu'il est complètement fou !! Marrant, mais vraiment weird.

Well : Autre morceau sans accompagnement musical, comme c'était le cas pour The Dust Blows Forward 'N' The Dust Blows Back. Well est un morceau, encore une fois, court (2,05 minutes), avec paroles assez cintrées. Et, donc, strictement aucun accompagnement musical. Le chant de Beefheart est également inexistant, vu que le mec se contente d'énoncer, d'une puissante voix solennelle (on le croirait à une oraison funèbre, à une messe), le texte, tout du long des 2,05 minutes de temps. Inutile donc de dire que, séparé de l'album, ça n'a que peu d'intérêt. Mais pris dans l'album, c'est pas mal !

When Big Joan Sets Up : Morceau le plus long de Trout Mask Replica avec 5,15 minutes, When Big Joan Sets Up est aussi grandiose, aussi immense que la Joan de la chanson, ah ah ah. Une chanson totalement frappadingue, avec un Beefheart allumé, le Magic Band totalement en transe (il y en à un, je ne sais pas qui, sans doute est-ce Beefheart lui-même au fond, qui pousse des cris totalement cartoonesques et délirants, dingues). Ce n'est pas mon morceau préféré de l'albu car je le trouve un peu long, mais, franchement, c'est du lourd !

Fallin' Ditch : 2 petites minutes pour cette chanson qui semble parler de la mort; Beefheart en parle comme si c'était tomber dans un fossé. Une chanson assez bluesy, interprétée encore une fois de cette voix hurleuse, rageuse, si proche de celle de Howlin' Wolf. Le style qui correspond le mieux, qui convient le mieux à Beefheart sur cet album (et en général). Selon la légende, Beefheart ruinait les micros à une vitesse grand V, à force de brailler dedans... Autre légende : il aurait composé, en 8 heures, l'ensemble de cet album ! Ca semble ahurissant, mais ça semble, aussi, authentique.

Sugar'n'Spikes : 2,30 minutes pour ce Sugar'n'Spikes assez amusant (le chant de Beefheart, qui, à un moment donné, monte de ton, progressivement, effet assez comique, je trouve), mais pas particulièrement grandiose. Autant le dire, c'est probablement une des chansons les moins marquantes de ce double album de malade. Ce n'est pas mauvais, hein, aucun morceau n'est mauvais, mais c'est franchement un peu ennuyeux, malgré la folie furieuse de la musique. Correct, sans plus.

Ant Man Bee : Un blues assez amusant, aux paroles totalement cinglées, au rythme trépidant et bordélique, interprété par un Beefheart en forme. Le tout dure quasiment 4 minutes et achevait la face C. Ant Man Bee n'est pas le meilleur morceau de l'album (la face C, oui, contient quelques morceaux un peu moyens), mais c'est très sympathique. Assez space, mais à ce stade de l'album, on est habitués, en quelque sorte. Même si le morceau suivant va remuer tout le monde, je vous préviens...

Orange Claw Hammer : 3,35 minutes quasiment flippantes. Sans aucun accompagnement musical (comme Well ou The Dust Blows Forward'N'The Dust Blows Back), Orange Claw Hammer est un morceau tétanisant. Apparemment, ça raconte l'histoire d'un marin à jambe de bois qui, après des années en mer, pose le pied sur la terre ferme et aperçoit une belle jeune femme lui souriant, et en qui il reconnaît sa fille. Apparemment, il aurait passé 30 ans en mer, ou en tout cas, n'aurait pas vu sa fille en 30 ans, mais il la reconnaît quand même. Pleines de mots bizarres, les paroles sont délirantes. L'interprétation aussi, mais elle est surtout terrifiante, Beefheart, de sa plus belle voix hurlante, braille parfois, totalement imprévisible (I was shangaied by a high-hat beaver mustache man and his pirate friend ou God before me if I'm not crazy, is my daughter sont des passages tétanisants de sauvagerie vocale). Au final, ces 3,35 minutes vocalement violentes sont assez éprouvantes, mais c'est mon morceau préféré de l'album, et un des sommets. Il ouvrait la face D avec force et choc.

Wild Life : Un blues-garou à la Dachau Blues, en version soft, car les paroles, ici, sont assez hilarantes (on y parle d'un homme qui va partir vivre à la sauvage, dans les bois, les montagnes, avec sa femme, avant qu'on ne la lui pique, et qui va, tant qu'il en profite, parler aux ours). Wild Life est un blues remarquable de 3 minutes qui, après le cataclysmique Orange Claw Hammer, fait un peu sourire. Excellent.

She's Too Much For My Mirror : Un blues terrible, un des meilleurs de l'album, malgré sa très (trop) courte durée, 1,40 minute. She's Too Much For My Mirror ('Elle est trop bien pour mon miroir') est un morceau franchement remarquable (Ooooooh Lousey !!) sur lequel Beefheart imite encore une fois Howlin' Wolf, sans doute une de ses idoles, et il faut bien dire qu'il l'imite vachement bien. Bref, excellent. Mais trop court.

Hobo Chang Ba : 2 minutes tout rond, amusantes, interprétées par un Beefheart à la voix très très pataude et lente. Hobo, c'est un terme anglais pour 'clochard', 'vagabond'. Le morceau semble donc parler d'un clodo, quelque chose dans le genre, et est aussi répétitif (peu de variations dans les paroles et la musique, pataude et dingue en même temps, faut le faire) qu'amusant. Un petit morceau assez sympa.

The Blimp (mousetrapreplica) : 2 minutes et 5 secondes assez cinglées, sur lesquelles on entend vaguement Zappa (pas au chant, mais on l'entend parler, pendant l'enregistrement du morceau). Le morceau n'est pas interprété par Beefheart, mais par un de ses musiciens magiques (qui, comme sur Pena, l'interprète d'une vois hystérique et même, ici, terrifiée). Le Blimp en question semble approcher, dans le ciel, ça terrifie les gens, on entend une musique un peu militaire, une rythmique tribale de basse et de batterie... C'est à la fois oppressant et hilarant. Le final à base de piano est en total contrepoint. Une des meilleures pièces de l'album !

Steal Softly Thru Snow : Un blues-garou (pas aussi dingue que Dachau Blues ou Wild Life, mais tout de même sacrément   cintré) assez court que ce Steal Softly Thru Snow. Il ne dure en effet que 2,13 minutes (certes, il y à plus court aussi). Ce n'est pas à proprement parler un morceau gigantesque, il est répétitif et un peu mineur, mais je l'ai toujours bien aimé, je ne sais pas pourquoi. Il semble un peu conventionnel si on le compare aux deux morceaux qui le sandwichent, celui avant et celui après, mais il y à quand même une bonne part de dinguerie (le chant) ici, rassurez-vous. Pas mal.

Old Fart At Play : 1,55 minute qui fait partie de mes morceaux préférés de l'album. Jen e sais pas pourquoi. Le final, sans doute, où on obtient clairement une allusion au titre de l'album et probablement même à la pochette (the very intricate rainbow trout replica). Old Fart At Play ('Vieux pet dans le jeu/dans la pièce de théâtre') est un morceau assez space. Beefheart se contente de réciter son texte, avec, distant, son groupe, jouant une mélodie aussi répétitive que cacophonique. C'est limite si le morceau n'est pas comme Well ou Orange Claw Hammer, c'est à dire,  sans musique (il y en à, mais clairement, Beefheart prend le pas dessus avec sa voix, ici). Un avant-dernier morceau totalement fou, donc.

Veteran's Day Poppy : Le final, 4,30 minutes (un des morceaux les plus longs), un morceau très rock mais en même temps totalement givré (pour changer, ah ah ah). Veteran's Day Poppy ne contient pas beaucoup de paroles (12 lignes), le morceau est principalement instrumental. Une fois que Beefheart a balancé, d'une voix rauque de bluesman en furie, ses paroles (qui sont aussi dingues que le titre : 'Peluche du Jour des Anciens Combattants'), le morceau passe à la sauce free-rock totalement givrée, pour une conclusion aussi insensées qu'inoubliable. Trout Mask Replica s'achève comme il a commencé, en bordel. Mais un bordel magnifique et contrôlé !

 Pour finir, un seul mot convient (trois, en fait) : Fast 'n' bulbous ! Non, je déconne... Evidemment, Trout Mask Replica est difficile d'accès, un vrai bordel sonore, mais les 78 minutes et quelques de l'album sont, il faut bien le dire, ahurissantes. Bide à sa sortie, l'album, devenu rapidement culte, est un disque comptant parmi les plus essentiels du rock. Il faut plusieurs écoutes, et il faut, de plus, aimer les expérimentations et le style Zappa (qui ne joue pas sur l'album, mais on sent bien sa patte à la production), pour arriver à apprécier vraiment ce disque. Si, au bout de 5 écoutes, rien ne s'est fait, pas de déclic, alors, oubliez !! C'est que cet album n'est pas fait pour vous. Sinon, enjoy !