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Pour ce 198ème Track-by-track, un album fantastique sorti en 1979 sous une sublime pochette bleue, noire et un petit peu rouge (bout de cigarette) : Broken English, de Marianne Faithfull. Le meilleur album de la descendante de Léopold Von Sacher-Masoch, auteur autrichien de La Vénus En Fourrure et figure emblématique du sado-masochisme (le masochisme lui doit son nom). Cet album est renversant, un des meilleurs disques de new-wave (car ç'en est) qui soient. Seulement 8 titres, pour 37 minutes, et parmi ces 8 titres, deux sont des reprises (immenses). Ce disque a été enregistré entre autres avec Steve Winwood (claviers), et possède un charme remarquable, il est toujours aussi monstrueux et grandiose avec toutes ces années. Le disque, le voici :

Broken English : Immense. Pour moi, c'est clair, Broken English est une des chansons les plus grandioses de l'histoire de la new-wave (et une des toutes meilleures ouvertures d'album qui soient). Synthés parfaits, guitares acérées, ligne de basse absolument grandiose, et la voix de la Marianne, chevrotante, ce timbre si particulier que des années de cigarettes, d'alcool et de came ont rendu encore plus marqué, qui déboule. Lose your father...your husband, your mother...your children/What are you...fighting for ? It's not my...reality/It's just an old war, not even a cold war/Don't say it in russian, don't say it in german/Say it in broken english... Malgré le fait que sur le passage What are you fighting for ? (répété plusieurs fois), la voix de Marianne me fait furieusement penser (et je n'y peux rien, et c'et ça le pire, quelque part) à celle de Dorothée, ce qui vient quelque peu ternir l'impact, cette chanson est juste monstrueuse.

Witches' Song : Pas ma préférée de l'album, mais Witches' Song est une belle chanson, assez réussie, au rythme prenant et au chant, encore une fois, tout ce qu'il y à de remarquable. C'est cependant une chanson qu'il me faut sans cesse réécouter, car j'ai toujours un peu tendance à oublier sa mélodie, histoire polie de dire que malgré que la chanson ne soit pas mauvaise du tout, j'ai du mal à l'apprécier totalement, à la faire entrer dans ma tête, un peu comme What's The Hurry par la suite sur l'album... Oui, c'est une bonne petite chanson, mais pas un sommet !

Brain Drain : A moitié écrite par Tim Hardin, Brain Drain est une chanson lente, hypnotique et remarquable, même si, comme pour un certain passage de Broken English, la voix de Marianne Faithfull, sur le refrain, me fait penser, connement, et par une association d'idées que je voudrais bien oublier, à celle de Dorothée (oui, riez, riez...). Ca n'empêche pas la chanson d'être exceptionnelle, probablement même une des meilleures de l'album (voire de la carrière de la chanteuse ?). Une chanson sombre (le titre : 'drain au cerveau'...) et fantastique.

Guilt : Encore une chanson immense que ce Guilt ('culpabilité') qui achève la face A sur une note très sombre. Chant remarquable de la Sister Morphine sur cette chanson longue (5,05 minutes, c'est la deuxième plus longue de l'album) et au rythme quasiment robotique parfois. Guilt est aussi une de mes préférées de Broken English, même si je lui préfère amplement, quand même, la chanson-titre et les deux dernières de l'album. Fantastique, je ne vois rien d'autre à dire !!

The Ballad Of Lucy Jordan : Ouvrant la face B, The Ballad Of Lucy Jordan, qui sortira en single et bénéficiera même d'un clip, est une reprise, d'une chanson country de Shel Silverstein. C'est la deuxième reprise de cette chanson après Lee Hazelwood en 1976. La chanson se trouvera dans quelques film, notamment dans Thelma & Louise de Ridley Scott, dans la version Faithfull, qui est sublime. Que dire ? Des synthés de l'ouverture au chant, en passant par le texte non modifié, cette reprise est tout simplement immense, et une des plus belles chansons de l'album.

What's The Hurry : Seulement 3 minutes et 5 secondes pour What's The Hurry, laquelle chanson, tout en étant très bonne, est incontestablement la chanson la moins exceptionnelle de Broken English. Comme de juste, il en fallait bien une, et c'est sur la moins longue que ça tombe (ça n'a cependant rien à voir avec la durée). What's The Hurry n'est franchement pas mauvaise, mais c'est clair qu'à côté de Broken English, Guilt ou des deux suivantes, elle fait un peu pâle figure... Pas grand chose à dire, si ce n'est que Marianne, encore une fois, chante superbement bien.

Working Class Hero : Bien sûr, c'est l'autre reprise de l'album. Et non des moindres, car c'est la reprise de la fameuse chanson de Lennon, de 1970, déjà immense dans sa version initiale, et isi sublimée. Oui, j'ose le dire, je trouve que cette version rock new-wave et féminine de Working Class Hero est meilleure que l'originale, ce qui, concernant des reprises, est très rare. Marianne parvient à garder le côté sombre, désabusé de la chanson, tout en la rendant agressive (les giclées de guitare sur le refrain sont inoubliables). Une montée en puissance très très fidèle à l'original, c'est à dire que Marianne ne hurle pas les paroles mais les chante d'une vois aussi posée et amère que Lennon. Cette version féminine, moderne, new-wave, électrique, est tout simplement monstrueuse. Et, oui, je le redis au cas où vous auriez cru mal lire plus haut, je la préfère à celle de Lennon, et je la trouve légèrement supérieure aussi !

Why D'Ya Do It : Absent de certaines éditions en raison de son côté TRES sexe, Why D'Ya Do It est le morceau le plus long avec 6,45 minutes (les éditions ne contenant pas ce morceau contenaient une version longue de Broken English à la place, il y avait donc, dans ce cas, deux fois le morceau-titre). C'est un morceau monumental, un des sommets de l'album, s'ouvrant sur un riff démentiel et immédiatement culte. Le morceau fera scandale de part la manière dont la Marianne parle de sexe, mots très crus : 'Why d'ya do it', she said, 'why d'you let her suck your cock ?' et autres gentillesses. Le morceau est apocalyptique, violent, scabreux, démentiel et sanguinaire, le chant de la Sister Morphine, ici, est franchement agressif, désabusé, virulent, on sent qu'elle en veut à la Terre entière au moins, et peut-être même à la galaxie complète, tant qu'à faire. Epuisant moralement, Why D'Ya Do It est une claque monumentale qui achève l'album sur une note aussi grandiose que celle qui l'ouvrait, et c'est peu dire.

 Au final, Broken English est donc un grand disque malgré sa courte durée. Que ce soit les reprises ou les originales (plus nombreuses), les 8 chansons de ce disque sont donc parfaites. C'est le meilleur album de Marianne, dont la voix si particulière est juste divine, et un des sommets du rock de la fin des années 70, un album essentiel s'il en est. Le seul regret que j'ai est qu'il n'est vraiment pas long, 37 minutes, ça passe définitivement trop vite. Mais on se rassure en se disant que tout est parfait ici !