Pour ce nouveau Track-by-track, un chef d'oeuvre du hard-rock. Oui, je dis bien 'chef d'oeuvre', et ce, même si deux des 8 chansons de l'album ne sont pas extraordinaires. Il n'empêche, cet album, sorti en 1978 et s'appelant Long Live Rock'n'Roll, est bel et bien un chef d'oeuvre du genre. C'est le quatrième album du groupe de hard-rock anglais Rainbow, et leur troisième album studio. Rainbow, c'est un groupe fondé en 1975 par Ritchie Blackmore, ancien guitariste de Deep Purple (par la suite, Roger Glover, bassiste des Purples, rejoindra Rainbow, mais pas entre 1975 et 1978). Le line-up du groupe, de 1978, est le suivant : Blackmore (guitares), Cozy Powell (batterie), Bob Daisley (basse), Ronnie James Dio (chant) et David Stone (claviers). C'est, en tout cas, le line-up pour ce disque (les claviers, basse et batterie, en fait, changeront souvent, entre 1975 et 1978). Produit par Martin Birch (un grand nom de la production rock et hard-rock) et enregistré en France au Château d'Hérouville, Long Live Rock'n'Roll, que voici, est donc un monstre du genre :
Long Live Rock'n'Roll : L'album s'ouvre sur sa chanson-titre, Long Live Rock'n'Roll. Avec un tel titre de chanson ('longue vie au rock'n'roll'), inutile de dire qu"on s'attendait à une déflagration bien efficace, et on n'est pas déçus, au contraire. C'est d'une force absolument tétanisante, entre le chant de Dio, parfait (quel screamer !) et la rythmique, sans parler de ce riff monstrueux de Ritchie Blackmore. Bref, cette chanson est une tuerie heavy, rien d'autre à dire. Ah ! si, ce n'est pas ma préférée de l'album, cependant (oui, je sais, je suis difficile, mais attendez d'entendre les chansons suivantes).
Lady Of The Lake : Une des trois meilleures de l'album. Quel dommage que Lady Of The Lake soit si courte (3,35 minutes), car elle est juste sublime. Le refrain est inoubliable, Dio s'envole très haut avec cette chanson qui pourrait très bien parler d'un des passages de la légende arthurienne (la Dame du Lac, Viviane, qui remet Excalibur, et la récupère aussi), tout comme n'en faire qu'une simple allusion. La chanson est juste bluffante, il faut l'écouter pour le comprendre. Au final, malgré la grandeur des deux autres meilleures chansons de l'album, celle-ci est sans doute ma préférée.
L.A. Connection : 5 minutes remarquables, Ronnie James Dio est encore une fois en très grande forme, difficile de se dire que Long Live Rock'n'Roll sera son dernier album au sein de Rainbow (il rejoindra Black Sabbath le temps de deux albums studio et d'un live, avant de fonder son propre groupe, Dio), tant il semble à l'aise avec ce groupe. Il a sans doute tout donné pour ce dernier disque. L.A. Connection n'est pas le sommet de la face A (il est sandwiché par deux chansons monstrueuses), ni de l'album en général, mais mis à part ce petit détail, la chanson, et son riff tueur, et son refrain simpliste mais efficace, n'en demeure pas moins gigantesque.
Gates Of Babylon : 6,45 minutes infernales pour achever avec force la face A. La deuxième chanson la plus longue de l'album. Gates Of Babylon est un régal de metal progressif, ambiance parfaite, indescriptible,un peu orientale, le chant de Dio est hors du commun (avec une certaine chanson de la face B, c'est celle où il chante le mieux ici). Malgré sa longueur, Gates Of Babylon est juste parfaite, jamais longuette, pas une seconde de trop. Tout simplement immense !! Désolé de mal en parler, mais comme Lady Of The Lake, il faut l'écouter pour en juger sur pièce !
Kill The King : Lorsque l'album est sorti en 1978, cette chanson ouvrant la face B était déjà connue des fans du groupe, du moins, ceux ayant acheté le précédent album (le double live On Stage de 1977). En effet, Kill The King s'y trouvait déjà, et était un des moments-clés des concerts de l'Arc-en-Ciel. Les paroles, assez sanglantes par ailleurs pour la monarchie (Kill the King, tear him down, Kill the King, strike him down, Kill the King, got to take his crown), sont excellentes. La chanson ouvre la face B avec puissance, force, rage, colère, c'est une chanson très teigneuse et violente, interprétée à la perfection, riff de malade, Dio en forme, une des meilleures de l'album. Rien d'autre à dire !
The Shed (Subtle) : Il fallait bien que ça arrive : après 5 chansons immenses, l'album arrive ici, avec The Shed (Subtle), à son premier point faible, première baisse de qualité. Pas trop grave, car les albums parfaits de bout en bout sont au final assez rares, et The Shed (Subtle) n'est pas non plus catastrophique. Atouts de la chanson : le chant de Dio, qui est, comme toujours, excellent (ce mec, décédé l'an dernier, avait une de ces voix !!!), et le riff de guitare, Blackmore étant ce qu'il est, un tueur en ce qui concerne la guitare. Inconvénients de la chanson : sa longueur assez épuisante, 4,45 minutes, et le fait que son refrain, répétitif, sot si ennuyeux et banal (I'm street walkin'). Au final, cette chanson n'est pas nulle, mais comparée aux cinq précédentes, y à pas photo, c'est vraiment inférieur.
Sensitive To Light : Chanson la plus courte avec seulement 3 minutes. The Shed (Subtle) était mineure, décevante, il fallait donc que la chanson suivante soit de meilleure qualité. Las, Sensitive To Light arrive même à être encore moins bonne ! Clairement la moins réussie des 8 chansons de Long Live Rock'n'Roll, cette chanson est limite insupportable, même le chant de Ronnie James Dio est moyen ici, rien à sauver... Décidément, l'album commençait super bien, mais la face B, mis à part Kill The King pour le moment, détruit tout... Heureusement que : a) c'est la chanson la plus courte, et que : b), la chanson suivante va quelque peu rééquilibrer la balance !
Rainbow Eyes : J'ai dit juste au-dessus que la chanson suivante, autrement dit celle-là, allait quelque peu rééquilibrer la balance. Ce 'quelque peu' ne signifie pas que Rainbow Eyes, chanson la plus longue de l'album avec 7,30 minutes, est inégale mais supérieure aux deux précédentes. En fait, Rainbow Eyes est la meilleure chanson de l'album, elle est supérieure aux sept autres ! Pour Rainbow, cette chanson est en quelque sorte l'équivalent de Stairway To Heaven pour Led Zeppelin ou A Day In The Life pour les Beatles, pour ne citer que ces deux immenses chansons (ne cherchez pas à comparer ces chansons, je ne les ai citées que pour dire à quel point Rainbow Eyes est essentielle et importante). Elle sauve la face B, elle achève l'album avec élégance. Musicalement, elle est totalement à part du reste du disque : 7,30 minutes de douceur, aucune violence, aucune brutalité ici. Tout est calme, la chanson est acoustique, guitare sèche, orgue, flûte traversière, et le chant sublime, mélancolique, apaisant, de Dio, qui avait vraiment chanter avec douceur, cette chanson le prouve. Une pure merveille, féérique !
Au final, l'album, donc, est quasiment parfait. Oui, bon, on a deux chansons assez décevantes (une d'elles est moyenne, l'autre est nulle, et le pire, elles se suivent), mais dans l'ensemble, 6 réussites sur 8, c'est excellent, non ? Et parmi ces 6 réussites, 3 chansons tout simplement immenses, dantesques. Long Live Rock'n'Roll est un disque essentiel pour tout amateur de rock et de hard-rock, 39 minutes vraiment sublimes, et vraisemblablement le meilleur album du groupe, malgré un Rising (1976) sensationnel (le grandiose Stargazer sans lequel le metal orchestral n'existerait pas) et un Difficult To Cure (1981, avec un autre chanteur, Joe Lynn Turner) très très très efficace. Puissant, quoi !