Pour ce 170ème Track-by-track, un très grand disque de hard-rock (et de rock sudiste, aussi) des années 90 à maintenant (l'album est sorti en 1992 et est le deuxième du groupe) : The Southern Harmony And Musical Companion, des Black Crowes. Le groupe est constitué de deux frangins, les Robinson (Chris au chant et Rich à la guitare), du guitariste Marc Ford (qui fait les soli), du bassiste Johnny Colt, du batteur Steve Gorman (celui qui, sur la pochette, fait le plus conventionnel, bref, le deuxième en partant de la gauche, les autres étant Rich, Chris, Ford et Colt), et, en guest, au claviers, Ed Hawrysch. L'album, produit par le groupe et George Drakoulias, est un monstre de hardrock sudiste sous influence Allman Brothers (pas un groupe de hard, mais de rock sudiste pur et dur, teinté de blues) et surtout Lynyrd Skynyrd. C'est leur deuxième album, et leur meilleur, même si le premier était très très bon aussi. Ce disque, le voici :
Sting Me : Riff ultra efficace pour ouvrir l'album, puis une petite partition d'orgue pour contrebalancer tout ça avec élégance. Sting Me sortira en single, et tiendra deux semaines en première position du Album Rock Tracks aux USA. C'est une chanson franchement géniale, efficace comme un coup de boule, refrain ultra nerveux et efficace, en même temps que très simpliste (Can you sting me ? répété quatre fois). Je ne vois pas quoi dire au sujet de Sting Me, c'est tout simplement un monstre de hard-rock sudiste bien énervé et maîtrisé. Une bombe.
Remedy : Autre tube, et même LE tube de The Southern Harmony And Musical Companion, puisque Remedy tiendra la barre de la première place du Album Rock Tracks pendant onze semaines en tout ! La chanson mérite vraiment tout ce succès monstrueux, car elle est démentielle. Rien que le riff d'intro est cultissime et immense. Les choeurs féminins sont remarquables et apportent une touche soul non négligeable à cette chanson par ailleurs très rock et limite hard-rock, en fait. Encore une fois, une perfection absolue.
Thorn In My Pride : Pendant quatre semaines, cette chanson squattera la première place du Album Rock Tracks, et ce, malgré sa durée assez imposante (6 minutes, une des plus longues). Thorn In My Pride ('une écharde dans ma fierté') est la chanson la plus lente de l'album, c'est une sorte de blues mâtiné de gospel (le final), une chanson juste sublime et très roots qui permet à Chris Robinson de chanter ssez sobrement, calmement, changement radical de style après deux chansons bien efficaces et rock. La chanson est tout simplement somptueuse, tristounette mais magnifique en même temps, et son succès public aux USA (je pense que dans le reste du monde, seules les deux premières chansons de l'album sortiront en singles) est totalement mérité. Superbe.
Bad Luck Blue Eyes Goodbye : Avec 6,30 minutes, Bad Luck Blue Eyes Goodbye est le morceau le plus long de l'album, et c'est aussi une réussite majeure, encore une, pour les Corbeaux Noirs. Assez blues, assez soul, mais en mode plus rythmé que Thorn In My Pride, la chanson possède un groove remarquable qui en fait une des plus belles de l'album malgré sa durée que certains trouveront sans doute (mais pas moi) un peu trop longue. Le refrain, simple et brut, reste longtemps en tête. Difficile de parler de cette chanson, en fait, elle est tellement réussie !
Sometimes Salvation : Du pur Led Zeppelin. Rythme pesant, lourd, bluesy, chant empesé et sublime, ça s'emballe pendant les refrains tout en restant assez lourd (volontairement, évidemment). 4,45 minutes remarquables qui montrent à quel point les Black Crowes aiment ce qu'ils font. C'est zeppelinien, monstrueux, bluesy, ça pourrait avoir été enregistré en 1969, ça pourrait aussi bien avoir été enregistré il y à trente secondes avant l'écoute, tant ce morceau semble immortel, éternel ; il sonne éternel et sans âge. Sometimes Salvation est vraiment une totale réussite, comme les quatre précédents titres.
Hotel Illness : Ah, que j'adore cette chanson ! Ce n'est peut-être pas le sommet de l'album, elle n'est pas aussi grandiose, aussi quintessentielle que Remedy, Sting Me ou My Morning Song, pour ne citer qu'elles, mais Hotel Illness, avec son harmonica omniprésent et sublime, guitare slide sublime aussi, est une chanson franchement efficace et entraînante. Le drive, bluesy et rock en même temps, est parfait, Chris Robinson est à son top niveau, et celui qui dit au sujet de cette chanson qu'elle est mauvaise ou médiocre, franchement, ne sait pas ce qu'il dit, ah ah ah. Non, vraiment, si Hotel Illness n'est pas le sommet absolu de l'album, c'est parce que d'autres chansons, comme les trois que je viens de citer, sont supérieures, mais elles ne sont pas supérieures de beaucoup non plus, en même temps. La chanson sortira en single, tiendra six semaines en première position du Album Rock Track.
Black Moon Creeping : Si vous voulez savoir quelle est la chanson la moins efficace de The Southern Harmony And Musical Companion, c'est cette chanson. Oui, il fallait bien une chanson moins réussie que le reste, ça semble, hélas, une des conditions à remplir au cahier des charges d'un album de rock, peu importe l'époque où est enregistré ledit album. Black Moon Creeping n'est cependant pas mauvaise, ni médiocre. C'est juste que comparé aux autres titres, elle est effectivement moins remarquable (le refrain est même assez énervant, à la longue). Bon, sinon, un riff assez efficace, le chant de Chris est également assez efficace, mais, on ne va pas se mentir, s'il fallait retirer une chanson et une seule à l'album, ça serait celle-là. Mais il y à des albums de rock (il y en à des pelletées) qui n'ont pas une seule chanson aussi bonne que Black Moon Creeping, tout ça pour vous dire que la moins bonne chanson de cet album reste quand même supérieure à pas mal de chansons existantes dans le rock...et pour vous dire à quel point cet album déchire, aussi.
No Speak No Slave : Apocalyptique chanson de pur hard-rock, au riff surpuissant et au chant virevoltant et terriblement énervé. No Speak No Slave est une pure bombe qui aurait mérité de sortir en single (mais, des quatre singles sortis, et tous furent n°1, un exploit qui a battu le record de trois N°1 de Tom Petty en 1989, aucun des quatre n'était cette chanson). Le refrain (You, you wanna be free/But don't you speak like a slave to me) est assez remarquable, et, encore une fois, niveau riff, Rich Robinson est en grande forme, cette chanson est une pure explosion sonique qui compte parmi les meilleures chansons de hard-rock de la décennie 90. Et une des meilleures chansons de l'album et du groupe.
My Morning Song : Un peu plus de 6 minutes au compteur pour ce qui est probablement ma chanson préférée de l'album. My Morning Song est une pure tuerie, qui contient tout ce qu'on aime chez les Black Crowes : le riff est mortel, les paroles sont superbes, le chant assure, le refrain est démentiel, l'ajout des choeurs féminins durant ce refrain apporte une touche 'soul/gospel' superbe, la chanson a beau durer 6 minutes et être une des plus longues de l'album, elle n'en est pas moins limite trop courte tellement elle passe vite, tellement elle est grandiose... Au final, peu de choses à dire au sujet de My Morning Song, si ce n'est que j'ai l'impression que cette chanson n'est pas aussi connue qu'elle ne le devrait...et ça, c'est dommage. Immense chanson.
Time Will Tell : Unique morceau de l'album à ne pas être signé du groupe, Time Will Tell est, donc, une reprise, et pas des moindres : c'est une reprise de la fameuse chanson de Bob Marley & The Wailers, datant de 1978 et de l'album Kaya (ce n'est pas le sujet, mais c'est même une des rares bonnes chansons de Kaya...). Assez étonnant, pour un groupe de rock sudiste, de reprendre du reggae ! Surtout qu'ici, la chanson, interprétée quasiment a capella par Chris Robinson, le groupe et des choristes féminins, ne semble pas être, à la base, une chanson reggae. En fait, les Corbeaux Noirs ont réussi à faire en sorte qu'on pense de Time Will Tell qu'il s'agit d'une de leurs chansons à eux, et non pas d'une reprise de Bob Marley ! Cette superbe reprise achève à merveille l'album (il existe une édition CD avec des bonus-tracks, je ne la possède pas, j'ignore ce qu'ils valent), sur 4 minutes de pure beauté acoustique. Magnifique.
Voilà donc, au final, ce qu'est The Southern Harmony And Musical Companion (quel titre à rallonge !) : un remarquable album de rock sudiste et de hard-rock, un disque puissant et magistral renfermant une collection de chansons ahurissantes. Le groupe, on l'a vu, a même réussi à faire une reprise de Bob Marley & The Wailers tout en restant convaincants (un groupe de rock reprenant du reggae, c'est rare), en parvenant même à faire croire, limite, que c'est une de leurs chansons ! A l'arrivée, dans sa pochette boueuse (le groupe dans un décor de bidonville boueux, désolé), cet album est une pure pépite pour amateurs de rock à la Lynyrd Skynyrd (entre autres). Un disque sensationnel, rien d'autre à dire !