Il y à quelques heures, je vous ai proposé Rock'N'Roll Animal, immense live de Lou Reed sorti en 1974, proposant des morceaux d'un concert new-yorkais de 1973. Pour ce nouveau Track-by-track, voici Lou Reed Live, autre live louridien sorti, lui, en 1975, sans le consentement de Lou (RCA, sa maison de disque, le sortira pour se faire de la thune, Metal Machine Music, le double album bruitiste de Lou, sorti en même temps, ne se vendra pas et fera scandale). En 38 minutes, ce live propose 6 titres issus du même concert new-yorkais, même date de 1973. Heureusement, aucun doublon avec les titres (bonus-tracks compris) de Rock'N'Roll Animal. Et quant aux bonus-tracks, il n'y en à pas sur ce Lou Reed Live nettement moins connu et estimé, mais tout aussi exceptionnel (normal : même concert, même prise de son, même énergie...). Moins facile à trouver, cet album live, le voici :
Vicious : Intro admirable pour Lou Reed Live, même si Vicious, à la base...achevait le concert ! 6 minutes très précisément, comme le morceau suivant, pour cette reprise d'un des grands classiques du Lou en solo, issu de Transformer (1972) dans sa version initiale. Chanson assez glam et décadente (Vicious, you hit me with a flower). Bien entendu, le côté glam de la version originale est ici un peu oublié, transformé en bombe H rock, explosive, thermonucléaire, Dick Wagner et Steve Hunter (guitares) en folie furieuse, pour ne citer qu'eux... Vicious ne perd pas grand chose dans ce traitement de choc, la chanson est juste radicalement différente de sa version studio, mais pas moins belle. C'est juste pas pareil, à vous de choisir. Comme j'adore ce live (et l'autre live représentatif de ce shos, que j'ai abordé tout à l'heure) et que je ne suis pas fanatique absolu de Transformer (attention, j'adore cet album, mais pas autant que Berlin, Street Hassle ou que Coney Island Baby, ou que ces deux lives), et qu'en plus, j'adore le hard-rock, le choix est vite fait, me concernant.
Satellite Of Love : 6 minutes tout rond encore une fois, pour, encore une fois (et pas pour la dernière fois sur ce live), une reprise d'une chanson issue de Transformer : Satellite Fof Love. Bon, là, je suis d'accord, la version studio est plus belle et efficace. En effet, la chanson, à la base, est très calme, douce, apaisante, une ballade pure et simple, glam et gentiment décadente, mais rien de méchant (avec, en plus, la touche Bowie, vu que Bowie produit Transformer et pose quelques choeurs par ci par là). Là, durant 6 minutes, c'est une reprise à la sauce Rock'N'Roll Animal/Lou Reed Live, donc, cloutée, même si cette reprise est sans doute moins violente que celles de Vicious ou de Lady Day, pour ne citer qu'elles. Satellite Of Love est une superbe chanson, cette reprise rock est pas mal du tout (il y à moins efficace sur ce live), mais il faut préférer la version studio, en ce qui la concerne. Y à pas photo !
Walk On The Wild Side : Achevant la face A, Walk On The Wild Side, dernier morceau de Transformer repris sur Lou Reed Live, est ici dans une version rock de quasiment 5 minutes. On garde le rythme, la basse (de Prakash John - au fait, le batteur est Pentti Glan, et le claviériste, Ray Colcord, j'avais oublié de les citer dans cet article et le précédent, mea culpa) est toujours aussi fantastique. Bon, cette reprise, remarquable, n'est pas pareille que l'originale, elle a moins de charme immédiat. N'empêche, c'est franchement excellent. Une très bonne reprise d'un tube absolu, le genre de tube qui peut ruiner une carrière (car trop envahissant succès trop intense pour un artiste assez borderline au final). Lou Reed n'étant pas un mec à tubes, on imagine qu'il a du se sentir un peu bizarre au mment du succès monstrueux de Transformer, et le fait que son album suivant soit aussi destroy, Berlin en l'occurence, s'explique alors mieux...de même que l'accueil très glacial qu'on lui a fait.
I'm Waiting For The Man : Oui, bon, OK, si vous voulez, cette version de I'm Waiting For The Man est le maillon faible de ce Lou Reed Live... Mais c'est bien pour prendre un des morceaux et dire à son sujet celui-là ne vaut pas les cinq autres. Ouvrant la face C, cette reprise du classique scandaleux (la chanson parle d'un junkie attendant son dealer, avec du pognon en main, prêt pour la transaction...en 1967, ça faisait désordre) du Velvet Underground passe difficilement la rampe. Le côté métallique de la musique est ici amplifié par les arrangements heavy metal, et l'effet n'est pas toujours remarquable. Il fallait bien une chanson moins efficace que les autres, et c'est donc celle-là. Mine de rien, cette reprise reste quand même assez correcte, tout du long de ses (courtes) 3,40 minutes. C'est le morceau le plus court du concert complet.
Oh, Jim : Morceau le plus long de Lou Reed Live, et le deuxième plus long après Heroin (et juste avant Rock'n'Roll) pour le show complet, qu'est Oh, Jim. En tout et pour tout, ce morceau originellement issu de Berlin (comme le suivant et dernier), dure ici 10,40 minutes. Le morceau, qui achevait la face B de Berlin dans sa version studio, est sombre, glacial, on y parle de Jim, un des personnages principaux de Berlin (qui est une sorte de 'film pour les oreilles', expression issue vraisemblablement, à la base, du Hot Rats de Zappa), sombrant dans la drogue. Une longue (encore plus en live, la chanson étant deux fois plus longue qu'en studio) descente aux Enfers. Rythmique haletante, chant puissant et glauque, cette version de Oh, Jim est juste immense et prenante !
Sad Song : 7,30 minutes pour achever tout ça. Sad Song, plus long ici de 30 secondes par rapport à la version studio issue de Berlin, est un morceau qui ne démérite pas son titre. Cette version est tout aussi hypnotique (les saaaad sooooong, saaaaaad sooooong répétés en final, la musique) que l'originale, mais moins lyrique, les arrangements de Bob Ezrin sont plus ou moins repris, mais c'est bien évidemment pas pareil qu'en studio (surtout que seuls Hunter et Wagner, les gratteux, jouaient sur Berlin, et pas le batteur, le claviériste et le bassiste du show). Cette reprise de Sad Song est franchement remarquable, un des meilleurs moments du live complet, et Lou l'interprète avec beaucoup de force. En tout et pour tout, en comptabilisant les deux bonus-tracks CD de Rock'N'Roll Animal, les deux lives proposent la moitié de Berlin en concert (Men Of Good Fortune, Berlin, Caroline Says, 2, The Bed et The Kids ne sont pas joués, ou, en tout cas, pas représentés). Compte tenu que Lou Reed avait entrepris cette très destroy tournée mondiale pour promouvoir cet album, le bilan est donc globalement positif !
Bref, Lou Reed Live est tout aussi réussi que Rock'N'Roll Animal, même si cette version de I'm Waiting For The Man (unique titre du Velvet joué ici, ce deuxième live privilégiant les deux albums solo de Lou Transformer et Berlin) n'est pas du même niveau que les 5 autres titres et que les titres du précédent live. Mais dans l'ensemble, ce live de 1975, sorti sans le consentement de Reed (qui ne doit donc pas le reconnaître officiellement, j'imagine), est aussi bon que le premier. Et si vous souhaitez le savoir, avec ces deux lives, vous avez l'intégralité du show du 21 décembre 1973, et l'ordre des morceaux, dans le live complet, est le suivant, comme ça, vous pourrez reconstituer le bouzin chez vous :
Intro/Sweet Jane
How Do You Think It Feels ?
Caroline Says, 1
I'm Waiting For The Man
Satellite Of Love
Walk On The Wild Side
Lady Day
Oh, Jim
Sad Song
Heroin
Rock'n'Roll
White Light/White Heat
Vicious