Attention, sommet absolu pour ce 145ème Track-by-track : Pet Sounds, joyau absolu des Beach Boys, sorti en 1966 sous une ridicule pochette montrant le groupe nourrir les chèvres du zoo de San Diego (recto) et jouer au Japon (verso). L'album, le premier à utiliser des gimmicks sonores (ici, sifflement de train, aboiements, klaxons...), a été fait pour concurrencer le Rubber Soul des Beatles, rivaux anglais du groupe californien (dont un seul membre, Dennis Wilson, batteur, savait faire et pratiquait le surf, alors que, paradoxe, le groupe était emblématique de la surf-music). L'album sera, lui, une source d'inspiration des Beatles pour leur Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band de 1967 (en revanche, Revolver des Beatles, sorti à peu près en même temps que Pet Sounds, n'a pas été une source d'inspiration pour les Beach Boys, ni n'a été fait en s'inspirant de l'album des Beach Boys). Echec à sa sortie, le disque est triste, mélancolique, conçu par un Brian Wilson (chant, basse, piano) au sommet de son art, mais sans doute trop en avance sur son temps. Depuis, c'est un intouchable, un trésor, et ce disque, le voici :
Wouldn't It Be Nice : Chanson imparable depuis utilisée pour une publicité pour la marque d'eau Evian (les vieillards faisant de la natation synchronisée, ça fait quelques années qu'elle a été faite, cette publicité-là !), Wouldn't It Be Nice est une chanson parfaite en guise d'ouverture, même si elle laisse une fausse idée sur le disque. Pet Sounds est assez tristounet, pas mal de chansons sont assez mélancoliques, ou faussement joyeuses. Cette chanson, elle, est totalement positive. Dans l'ensemble c'est, comme toutes les chansons de l'album, court (2,30 minutes), mais absolument insurpassable dans le genre 'pop lyrique des années 60'.
You Still Believe In Me : Première chanson de l'album à posséder des gimmicks sonores, You Still Believe In Me, qui devait à la base s'appeler My Childhood, a été co-écrite par Wilson (qui la chante) et Tony Asher, qui a collaboré avec Wilson sur l'album en tant que parolier (Wilson n'était pas encore totalement à l'aise avec l'écriture des paroles). Les gimmicks entendus sont un klaxon et un bruit de vélo, en final de la chanson. Ces gimmicks sont sur le morceau par défaut, Wilson n'arrivait pas à les effacer du mix ! Le son de piano assez étonnant, en intro, est du à quelqu'un entré dans le piano pour y frapper les cordes à la main. Une très très très bonne chanson !
That's Not Me : Interprétée par Mike Love (le chanteur principal du groupe), avec un peu Brian Wilson, That's Not Me est encore une fois une chanson bénéficiant d'orchestrations sublimes, rendant le morceau inoubliable. Le son est parfait, il reste longtemps en mémoire. Malgré cela, cette chanson est une des plus conventionnelles de l'album avec Here Today (laquelle est aussi interprétée par Mike Love). Tony Asher trouvera les paroles un peu laborieuses (en effet...), et on ne sait pas trop qui joue de la batterie sur ce titre : Dennis Wilson (batteur du groupe, un des frangins de Brian Wilson avec le guitariste Carl) ou Hal Blaine, vétéran des séances studio ayant joué sur pas mal, voire quasiment tous les titres de ce disque enregistré avec beaucoup de musiciens de studio ? Quoi qu'il en soit, très bonne chanson, même si pas la meilleure de l'album.
Don't Talk (Pur Your Head On My Shoulder) : Le passage Listen to my heart...beat, avec une ligne de basse faisant penser à un battement de coeur, est le passage préféré, sur la chanson (et probablement même sur le disque), de Brian Wilson, qui a vraiment fait, avec Pet Sounds, le boulot de toute une vie (Smile, le projet suivant du groupe, avorté après plein d'ennuis divers et sorti enfin en 2004, est également une oeuvre colossale, mais il faudra attendre des plombes pour enfin l'écouter, alors que Pet Sounds est sorti en temps et en heure). Honnêtement, pas ma chanson préférée de l'album (comme Here Today), mais c'est encore une fois immense. Du chant (touchant, sobre) de Brian Wilson à l'instrumentalisation (notamment la batterie, dans le final), c'est sublime.
I'm Waiting For The Day : Ecrite par Brian Wilson et Mike Love, la chanson est interprétée par Brian. I'm Waiting For The Day est une pure petite réussite de pop 60's, le chant est juste superbe, sobre, touchant, marquant, et les orchestrations sont inoubliables, encore une fois. Plus longue que les précédentes (3 minutes ! Champagne ! Bon, en même temps, elle ne dure que 10 secondes de plus que la précédente...), I'm Waiting For The Day est une des chansons emblématiques de Pet Sounds. Brian Wilson dit ne pas aimer sa voix sur ce titre, il dit aussi ne pas particulièrement aimer (ou détester) cette chanson, qui ne compte donc pas trop pour lui. Il n'a pas toujours raison, qu'on se le dise.
Let's Go Away For Awhile : A la base appelé The Old Man And The Baby, renommé Let's Go Away For Awhile, ce morceau possède une puissance mélodique absolument magnifique. Ce morceau est instrumental (un des deux instrumentaux de l'album) et il est très court, 2,15 minutes. Il sortira en face B du single Good Vibrations en 1967, et à la base, il aurait du être chanté. Heureusement, dans un sens, qu'il est resté à l'état d'instrumental, car Let's Go Away For Awhile, magnifique symphonie de poche, est une réussite totale qui embarque l'auditeur dans un univers merveilleux, durant un peu plus de 2 minutes. C'est zen, relaxant, passionnant, on en redemande... Limite beau à pleurer, en fait !
Sloop John B : 3 minutes assez mythiques qui achèvent la première face, Sloop John B étant une des chansons les plus connues du groupe, pour ouvrir la face B de Pet Sounds. La chanson parle d'un petit bateau, de modèle sloop, et est tout simplement inoubliable. C'est, avec Barbara Ann,Surfin' U.S.A., I Get Around et All Summer Long, une des chansons les plus emblématiques du son Beach Boys. Aussi une des plus conventionnelles de l'album, mais elle est tellement grandiose, tellement réussie, qu'on le pardonne à Brian Wilson (s'il y à quelque chose à pardonner)... Al Jardine (un des deux guitaristes du groupe) devait, à la base, chanter, mais c'est Brian et Mike Love qui chantent, au final.
God Only Knows : A la base, c'est Brian qui devait chanter cette chanson, une des premières chansons pop à contenir le mot 'God' dans son titre. Mais il décidera qu'au final, c'est à son frangin Carl, guitariste, de chanter ce God Only Knows entré dans la légende. Le sommet de l'album, avec Let's Go Away For Awhile. Chanson juste intouchable (qu'ils soient maudits, ces artistes ayant repris cette chanson, Olivie Newton-John, Neil Diamond, Rivers Cuomo... Même David Bowie, sur un de ses pires albums, Tonight, a osé massacrer ce chef d'oeuvre). De la pop baroque et lyrique tout simplement exceptionnelle.
I Know There's An Answer : Titrée à la base Hang On To Your Ego (sur le CD, on trouve d'ailleurs cette version en bonus-track, séparant les deux mixes, stéréo et mono, de l'album, car le CD le plus récent, en tout cas un des plus récents, contient deux fois le disque complet, en deux mixes différents), I Know There's An Answer a été renommée (avec paroles différentes) par la suite. C'est Mike Love et Al Jardine qui chantent, avec Brian sur les refrains. Une chanson bien pop dans la norme de l'album, 3 minutes franchement sympathiques, même si ce n'est pas ma préférée de l'album. Ce n'est en tout cas pas la chanson la moins exceptionnelle du lot, car cette chanson la moins exceptionnelle est...
Here Today : ...est Here Today, la dixième de l'album ! Oui, cette chanson est, pour moi en tout cas, la moins bonne de Pet Sounds. Attention, n'allez pas me faire dire ce que je n'ai pas dit : elle n'est pas mauvaise. C'est juste que comparée aux précédentes (et aux suivantes), Here Today, chantée par Mike Love, est un peu banale. C'est d'ailleurs la dernière chanson placée sur l'album, elle a été pendant un moment instrumentale, avec un titre éloquent (I Don't Have A Title Yet : 'je n'ai pas encore trouvé de titre') laissant présumer que trouver des paroles et un titre correct à la chanson fut assez laborieux... Au final, Here Today est le genre de chanson qui s'écoute avec un air d'ennui poli, pas vraiment moyen, mais certainement pas du niveau exceptionnel des 12 autres titres de l'album. Du niveau de pas mal des anciens albums du groupe, d'avant Pet Sounds, autrement dit, correct, très bon, sans plus (Pet Sounds étant le premier chef d'oeuvre absolu et parfait du groupe après tant d'albums aussi courts - dans les 27 minutes - qu'inégaux).
I Just Wasn't Made For These Times : Magnifique, intense chanson d'une tristesse insondable, dans laquelle, comme le titre le dit, Brian Wilson se demande s'il n'est pas en avance sur son temps, ou en retard, enfin, il se dit que tout compte fait, il n'est pas de son époque. Il faut dire que Pet Sounds ne marchera pas fort, qu'il sera justement moyennement compris à son époque, trop en avance sur son temps, trop novateur. Oui, mais voilà, la chanson a été faite avant la sortie de l'album, forcément, car elle est dessus. Comme si Brian avait anticipé l'accueil froid réservé à son chef d'oeuvre (il ne se remettra jamais vraiment du bide de l'album). Avec 3,15 minutes, c'est la chanson la plus longue de l'album (on sort une caisse de champagne de plus, les gars !), et c'est aussi une pure merveille comptant parmi les plus emblématiques de l'ambiance qui flotte sur les 36 minutes de ce disque mythique.
Pet Sounds : Deuxième instrumental de l'album. Etonnant d'appeler l'album du nom d'un instrumental ! Pet Sounds est très court (2,20 minutes) et assez étonnant, ce n'est clairement pas la même chose que pour Let's Go Away For Awhile, même si c'est là aussi une petite symphonie de poche. Le morceau, à la base, s'appelait Run James Run, et Brian avait appelé ce morceau car le morceau a été conu comme une sorte de musique pour un film de la série James Bond (faut dire que Pet Sounds à un petit côté musique de film d'espionnage assez flagrant). C'est excellent, il faut bien le dire.
Caroline No : Enfin, le final de Pet Sounds, Caroline No, qui sortira en single (et ça ne sera pas un single du groupe, mais un single de Brian en solo !), et est la préférée de Brian Wilson sur l'album. Une chanson qui, comme Don't Talk (Put Your Head On My Shoulder), I Just Wasn't Made For These Times, God Only Knows et You Still Believe In Me, est plus nostalgique et sobre qu'autre chose, en tout cas, pas guillerette du tout. Encore des gimmicks sonore en final (aboiements de chiens, train sifflant et passant sur une voie ferrée...) pour une chanson sublime, triste, mais absolument intouchable, idéale pour achever l'album avec douceur. Superbe.
Alors, que dire ? Rien, n'est-ce pas ? La perfection se passe en effet de commentaires, même si je n'ai pu m'empêcher de parler de chacun des 13 morceaux de Pet Sounds. Pour finir, on peut donc dire de ce disque de 1966 qu'il fait partie des essentiels absolus de l'histoire du rock, de la pop aussi. Si vous aimez le rock, vous vous devez absolument de posséder ce disque chez vous. S'il ne fallait en conserver qu'un des Beach Boys, c'est indéniablement celui-là !
