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Pour ce nouveau Track-by-track, un disque que j'ai toujours adoré, même si ce n'est pas un sommet absolu du rock. Mais c'est assurément un des meilleurs albums de ZZ Top, groupe (trio) de boogie/country/rock américain, originaire du Texas, et c'est un album sorti en 1979, après une pause de trois ans dans la carrière du groupe. C'est le sixième album du groupe, et il s'appelle Degüello (le nom vient d'un chant que les Mexicains chantaient en partant à l'assaut de Fort Alamo). ZZ Top est constitué de Billy Gibbons (chant, guitare), Dusty Hill (basse, un peu chant) et Frank Beard (batterie, le seul à ne pas être barbu malgré son nom de famille éloquent, gag). Ce disque, court (34 minutes), est assurément un de leurs meilleurs, et mon préféré, et le voici :

I Thank You : Remarquable chanson pour introduire l'album : un riff bien efficace et bluesy, un chant posé, pas nerveux, bien dans la norme du groupe, et une durée pas trop longue. I Thank You est le genre de chanson qui reste un petit moment en tête : la mélodie est très facile à retenir, notamment le refrain, assez répétitif, mais réussi. Billy Gibbons est un remarquable guitariste, et il le prouve bien ici. Bref, excellent !

She Loves My Automobile : Honnêtement, un petit peu moins bien que I Thank You ou que les deux chansons suivantes, mais She Loves My Automobile, qui met en avant deux thèmes récurrents chez le groupe (les belles bagnoles et les filles faciles), deux thèmes assez rock et machistes, est quand même sympathique comme tout. Chanson courte et très boogie, peu subtile (ZZ Top, quoi !), dont je ne suis pas fanatique à 100%, mais je dois avouer que ce n'est absolument pas la moins bonne de l'album.

I'm Bad, I'm Nationwide : Chanson remarquable présente sur pas mal de best-ofs du groupe (avec une autre chanson de l'album, située bien plus tard), I'm Bad, I'm Nationwide est une réussite absolue. La chanson est une des plus longues de l'album, elle dure presque 5 minutes (en fait, c'est la plus longue !), et elle possède une touche bluesy irrésistible, un peu redneck aussi par moments. De la country/boogie/blues/rock, difficile à décrire, mais pas difficile du tout à écouter ! C'est tout simplement un des sommets du groupe, et une des raisons principales pour l'achat de ce disque. Je pense qu'elle est sortie en single à l'époque, mais je n'en suis pas sûr.

A Fool For Your Stockings : Chanson très bluesy dont le titre fera sourire plus d'un (à condition de comprendre l'anglais ; quand j'ai découvert cet album, j'ignorais encore le sens du mot 'stockings', qui signifie 'bas féminins, collants'). I'm just a fool for your stockings : 'je suis raide dingue de tes collants'... Amis de la poésie, c'est pas ici ! Musicalement parlant, c'est encore une fois très réussi, Billy Gibbons chante très bien, sa guitare, n'en parlons pas, et même si la chanson n'est pas le sommet de l'album ni du groupe, c'est quand même du bon boulot.

Manic Mechanic : Dans la catégorie 'grosse marrade', Manic Mechanic, dont j'ignore si elle est chantée par Gibbons ou par Dusty Hill (basse), se pose là. La voix est étrange, bidouillée, très grosse, un peu monstrueuse même, et l'effet est du plus haut comique. J'espère que c'est volontaire, parce que sinon... Mis à part ça, la chanson n'est franchement pas grandiose, pas réussie du tout même. La face A se finit sur une note assez étrange et foirée, c'est la moins bonne chanson de Degüello.

Dust My Broom : Reprise d'Elmore James, Dust My Broom est un classique blues par excellence, ici sublimé. La face A se finissait mal, la face B rétablit un peu les choses, ce morceau est vraiment une extraordinaire reprise du standard de James, bien senti comme il faut, on ne s'ennuie pas, et on aurait même aimé que ce morceau dure plus longtemps ! Bref, remarquable.

Lowdown In The Street : Chanson assez sympathique, un peu mineure, mais franchement  correcte, avec un chant comme toujours quasiment parfait et un jeu de guitare tout simplement inoubliable, inimitable, de Gibbons (un des meilleurs guitaristes rock, vraiment). Loin d'être ma préférée du groupe et de l'album, mais très appréciable !

Hi-Fi Mama : Dusty Hill (basse) au chant, là j'en suis sûr ! Et une des moins bonnes chansons du disque selon moi, avec Manic Mechanic (elle est meilleure que cette dernière, mais quand même pas géniale). Beaucoup de cuivres, un rythme assez nerveux et speedé, mais la chanson (heureusement très courte) est redondante et remplie de clichés, un peu ennuyeuse au bout d'un moment, car on s'en lasse vraiment vite. Heureusement, comme je l'ai dit, c'est court. Heureusement, aussi, les deux chansons restantes sont nettement meilleures.

Cheap Sunglasses : Autre tube pour Degüello, et celui-là, je sais qu'il est sorti en single (parce que je l'ai déjà vu dans une brocante, ce 45-tours, ah ah ah). Cheap Sunglasses est une des meilleures chansons des ZZ, et comme I'm Bad, I'm Nationwide, elle est présente sur les best-ofs du groupe, forcément. C'est une réussite absolue qui arrive à être funky tout en restant country et boogie. Honnêtement, ma grande préférée de l'album, et j'ai du mal à en parler, car elle est si réussie... Grandiose, quoi !!

Esther Be The One : Très bonne chanson pour achever l'album. Pas ma préférée de l'album, mais son final en boucle (superbe riff) est franchement sympathique, et encore une fois, Gibbons est, musicalement et vocalement, en très grande forme. Esther Be The One est une bonne petite chanson qui achève bien le disque, sans arrière-goût décevant comme ça peut parfois arriver quand un album se finit sur une chanson mineure. Heureusement que ce n'est pas Hi-Fi Mama qui achève Degüello, hein ! Non, là, c'est franchement pas mal du tout !

 Au final, Degüello est un disque court (comme la quasi-totalité des albums de ZZ Top) mais remarquable, qui marque, c'est important, la première utilisation de cuivres sur un disque du groupe. Pour les claviers, il faudra attendre l'album suivant, El Loco de 1981, mais quand je dis 'il faudra attendre', c'est ironique, les synthétiseurs ayant certes popularisé encore plus la musique du groupe, mais ils l'ont aussi et surtout bien affaiblie... Pour moi, et malgré le succès public monstrueux de Eliminator (1983, avec tous les gros tubes), cet album de 1979, avec ma pochette préférée du groupe, est le sommet des barbus texans !