55ème Track-by-track, et un disque assez oublié, méconnu, et même, souvent (même s'il a tendance à être réhabilité, parfois), mal-aimé. Un disque sorti en 1975, alors que le groupe l'ayant sorti était quasiment au point mort, avec pas mal de ses illustres musiciens partis. Ce groupe, c'est Deep Purple, et l'album, leur dernier album studio jusqu'à un retour au milieu des années 80, c'est Come Taste The Band. Le groupe est alors sous sa formation appelée Mark IV (ou MkIV), à savoir David Coverdale (chant), Tommy Bolin (guitare), Glenn Hughes (basse, chant), Jon Lord (claviers) et Ian Paice (batterie). Seuls les deux derniers sont des membres originaux (ou, plutôt, des membres ayant participé à la grande aventure du groupe depuis 1970 et l'Âge d'Or). Hughes et Coverdale sont arrivés en 1974 (album Burn), en remplacement de, respectivement, Roger Glover et Ian Gillan. Quant à Bolin, c'est le seul et unique albul du groupe avec lui, il est arrivé après que le légendaire Ritchie Blackmore ait jeté l'éponge en 1974-75, après le fadasse Stormbringer (1974). Bolin décèdera d'overdose quelques années plus tard. Line-up contrasté, mais musiciens de talent, pour un disque étrange et que j'adore. On commence ?
Comin' Home : Remarquable chanson pour ouvrir le bal, première gorgée de ce très bon vin (allusion à la pochette) qu'est l'album... Paroles certes remplies de lieux communs (My mama showed me how to rock in the cradle/But I learned how to roll along/My papa said 'son, gotta get some fun/Cos when you're old it ain't too good on your own'), mais le chant de Coverdale est excellent, vibrant, et la musique assure totalement. Bolin n'essaie pas de se la jouer Blackmore du pauvre, même si on ne peut s'empêcher d'essayer de comparer les deux guitaristes. Quant au chant... Si on est d'accord, tous, sur le fait que Ian Gillan est le meilleur chanteur du groupe (mon préféré aussi), David Coverdale, futur leader de Whitesnake (dès que Deep Purple s'arrêtera) n'en est pas moins remarquable, dans un autre registre, plus sec, plus rauque. Je trouve qu'il chante mieux, sur ce disque, que sur les deux précédents avec le groupe (voix plus rauque, merci l'alcool et les clopes ?), mais c'est mon avis perso.
Lady Luck : Chanson assez rock, assez efficace dans son genre, avec un Jon Lord (claviers) très en forme. Le refrain est remarquable, encore une fois, la voix rauque de Coverdale fait des merveilles, mais les couplets sont moins époustouflants. Lady Luck est une excellente petite chanson, pas du même niveau que Comin' Home, mais tout de même très bonne. Un peu anecdotique, mais rien de grave !!
Gettin' Tighter : Riff parfait en intro, et, surprise, quand la voix déboule, ce n'est pas celle, rauque, de Coverdale, mais celle, plus aiguë et classique (et très jolie) du bassiste Glenn Hughes. Gettin' Tighter, bien que finissant un peu en queue de poisson (c'est un petit peu longuet à la fin), est une excellente chanson rock bien rythmée, avec guitare en folie et rythmique de fou. Hughes chante vraiment, vraiment bien, et je n'imagine pas cette chanson interprétée par Coverdale, en fait.
Dealer : Encore une excellente petite chanson de hard-rock bien efficace, qui respecte les canons du genre (riff efficace, chant de même - de Coverdale - et rythme imparable). Le refrain, tout comme Lady Luck, est meilleur que les couplets, mais dans l'ensemble, Dealer est une très très très bonne chanson, pas un sommet absolu, mais c'est loin d'être honteux !
I Need Love : Assez funkisante, cette chanson achevant la face B sur une note un peu étrange et quelque peu décevante (tout est relatif, ce n'est pas mauvais du tout, mais rien à voir avec le son Deep Purple d'avant). Guitares un peu en 'cocotte', chant saccadé (de Coverdale), ambiance funky, cette chanson est très sympathique malgré tout !!
Drifter : La face B s'ouvre d'excellente manière avec ce Drifter foutralement efficace, assurément une des meilleures de l'album (la face B, aussi, est meilleure que la A, ce qui est peu fréquent). Refrain imparable, rythmique parfaite, Bolin en grande forme, Coverdale aussi...Bon, OK, les paroles sont crétines, mais on ne demande pas à un groupe de hard-rock (ou de rock pur) d'avoir des paroles en béton armé tout le temps, ni des sujets de société. Ici, c'est dans le registre 'bourrin et efficace', et c'est ce qu'un fan du groupe demande !
Love Child : Un petit peu étrange, ce Love Child, mais franchement réussi. Une petite chanson un peu mineure, comme Lady Luck ou Dealer, mais franchement fraîche et sympathique. Avec, encore une fois, un chant parfait de Coverdale, et des guitares un petit peu funky, qui donnent un ton à part à ce disque décidément varié.
a) This Time Around/b) Owed To 'G' : 6 minutes et des poussières pour un double morceau étrange, tout tient sur une seule plage audio par ailleurs (j'aurais personnellement séparé les morceaux, mais bon, le résultat est le même). La première partie est chantée, par Glenn Hughes, et n'est interprétée, musicalement, que par les claviers de Jon Lord. Ambiance étrange, un peu pop, très particulière, pour une chanson aux allures de ballade, franchement admirable. La seconde partie, Owed To 'G' (qui est ce G, je ne sais pas... Ian Gillan ? Roger Glover ? un autre ?), qui met en scène le groupe entier, est un instrumental franchement efficace, bien que légèrement redondant. L'ensemble est remarquable, un des meilleurs moments de l'album, mais la première partie, This Time Around, est la meilleure des deux.
You Keep On Moving : Monument absolu, très sombre, interprété en duo par Coverdale et Hughes (ce dernier chante moins que Coverdale ici, mais on reconnaît assurément sa voix quand elle déboule). Youuuuuuu keep on mooooviiiing...far awaaaaaayyyy, far awaaaaaayyyy... Une des meilleures chansons de toute la carrière du Pourpre Profond, et quelle meilleure façon d'achever l'album que cette chanson, de plus ? Lente, mais également rythmée (changement de rythme), chant parfait, durée parfaite (dans les 5 minutes)... Cette chanson est la meilleure de l'album.
Au final, on a ici un disque très rock, plus rock que heavy en fait, avec des passages un peu plus subtils, presque funky par moments (I Need Love). Un disque souvent mal-aimé, mais, je le revendique, c'est devenu, avec le temps, un de mes disques préférés du Pourpre, certaines de mes chansons préférés du groupe (la première et la dernière du disque) s'y trouvent. Pochette que, personnellement, j'adore aussi. Bref, Come Taste The Band, pour moi, est une réussite, méconnue, mais incontestable. Nettement meilleur que leur précédent opus, Stormbringer, et que pas mal de leurs disques des années 80 à 2000 ! Après, en effet, pas aussi quintessentiel que In Rock, c'est vrai. Mais c'est pas le même groupe (pas vraiment) non plus !