Encore un chef d'oeuvre pour ce nouveau Track-by-track : l'album éponyme d'Alice In Chains, sorti en 1995, et qui sera, jusqu'à 2009 et Black Gives Way To Blue, le dernier album du groupe (c'est, d'ailleurs, le dernier avec le chanteur Layne Staley, mort d'overdose en 2002). Sorti sous une pochette glauque et triste montrant un chien amputé d'une de ses pattes (photo non truquée), l'album est connu sous plusieurs titres : Grind (allusion à la première chanson), Tripod (allusion évidente à la pochette, que ce soit le recto, ou le verso, montrant un homme à trois jambes, un freak), l'album au chien... Sans vrai titre, Alice In Chains est un disque sauvage et fort, 65 minutes (en 12 titres) qui représentent ce qui se fait de mieux, de plus radical dans le grunge. Qu'on se le dise, le grunge est mort en 2002 avec Staley, et pas en 1994 avec Kurt Cobain ! Quant à Pearl Jam, mieux vaut ne pas en parler, j'en ai déjà mal au bide à force de rire de ces guignols tout sauf grunge... Allez, on commence ! :
Grind : Quelle introduction pour l'album ! Riff mortel sous influence Robert Fripp (guitariste de King Crimson au son de guitare éminemment torturé, à vif), chant parfait de Jerry Cantrell, assisté par Layne Staley, et, même si, niveau disque on s'en cogne un petit peu, clip morbide à souhait, qui met directement dans l'ambiance. Grind assure totalement, est une des plus grandes chansons du groupe (et de l'album). Les paroles calment, direct, dès la première strophe : In the darkest hole/You'd be well advised/Not to plan my funeral/Before the body dies (A mes funérailles, enterrez-moi dans le trou le plus sombre, mais veillez à ce que je sois bien mort avant'). 7 ans plus tard, Layne décèdera, dans l'indifférence absolue, d'une overdose (il sera retrouvé dans son appartement miteux, quelques semaines après sa mort, pour dire la solitude dans laquelle il évoluait). Let me sleep so my teeth won't grind... Ce morceau, avec sa guitare écorchée vive à la Fripp et ses paroles de malade, est un grand moment de frissons.
Brush Away : 3,22 minutes, pas le morceau le plus court de l'album, mais le deuxième plus court ceci dit (pour le premier, c'est bien plus tard sur l'album). Un de mes morceaux préférés, ce fut même mon préféré lors de la première écoute, celui qui m'a procuré, instantanément, le plus de choses (oui, pour Grind, ce fut un petit peu plus tard, à la deuxième écoute !). Intro remarquable, voix sépulcrale de Layne, paroles bien sombres (I gotta get away/And yet I stick around), guitares imparables de Cantrell (et un peu Staley)... Bien que court, Brush Away assure totalement !
Sludge Factory : En revanche, bien que superbe, Sludge Factory assure un tantinet moins, en raison de sa longueur un peu éreintante (surtout, le morceau se finit mal, en longueur, la deuxième partie, une fois les dernières paroles prononcées et un break de batterie effectué, est assez moyenne). Le morceau dure 7,15 minutes, c'est le deuxième plus long après Frogs, et avant Over Now (qui fait 10 secondes de moins, mais est mille fois mieux agencé). Ce n'est franchement pas un mauvais titre, mais plus court, il aurait été meilleur.
Heaven Beside You : La ballade de l'album. En 5,30 minutes, la bande à Layne (qui laisse le chant à Cantrell, ceci dit, tout en assurant les refrains) offre une chanson aussi frissonnante (les paroles ne sont pas joyeuses du tout) que magnifique, à prédominance acoustique malgré la fureur des fins de refrains. Heaven Beside You est juste imparable, une chanson culte, un des sommets de l'album, l'équivalent, pour l'album et le groupe, du Nothing Else Matters de Metallica. C'est sublime et fort.
Head Creeps : 6 minutes infernales, un des sommets les plus absolus d'Alice In Chains, et de l'album. Someway my head creeps... La chanson bénéficie de tout ce qui fait un classique instantané d'une chanson : chant imparable, musiciens en forme, rythmique haletante, changements de rythmes, texte fort et puissant, atmosphère remarquable (et oppressante), durée idéale (pas une seule seconde en trop malgré les 6 minutes)... Grandiose, tout simplement !!
Again : 4 minutes bien métalliques, riff agressif à la Black Sabbath et chant robotique de Layne Staley, qui ne fait dégager aucune émotion ici, sauf de la froideur, la plus totale froideur. Assez glauque, le morceau est imparable, sans être le sommet du disque en même temps (Grind est plus efficace encore). Et je me répète, mais quel riff ! Instantanément culte.
Shame In You : Après un tel déluge de feu (Head Creeps, Again), un peu de répit, enfin, si on veut. Shame In You est une chanson un peu lente, très réussie cependant, sur laquelle Layne semble un peu apaisé. Le morceau n'en demeure pas moins assez sombre, inquiétant, oppressant, même s'il l'est moins que Frogs ou Sludge Factory, autres morceaux au tempo peu vif. Excellent.
God Am : Au premier abord légèrement décevant, ce morceau, mais au final, il assure quand même énormément ; il faut juste l'apprivoiser, l'écouter plusieurs fois (comme l'album, en fait). God Am n'est, certes, pas le sommet de l'album au chien, mais c'est quand même une très bonne chanson, avec refrain épatant et guitares en folie. Excellent chant de Staley. Glauque et efficace. Pas trop long, en plus (4 minutes).
So Close : Avec 2,45 minutes, So Close est le morceau le plus court ici (suivi donc par Brush Away, qui fait quand même 40 secondes de plus). Pas le meilleur morceau de l'album, et à cause, justement, de sa durée. So Close est franchement pas mal, assez glauque et, donc, sombre comme la nuit, avec un chant (de Staley) très efficace et un riff bien doom, bien lourd, pesant. Il aurait vraiment été préférable que ce titre fasse au moins une minute de plus ! Bref, sans être mon préféré de l'album, sans en être un sommet aussi, c'est une excellente chanson.
Nothin' Song : Honnêtement, le morceau qui me plaît le moins ici, à cause, notamment, des Aaaaahiiiiiii de Layne Staley dans le refrain, sans oublier le rythme des couplets, je n'aime vraiment pas beaucoup Nothin' Song en réalité. On l'a vu, le morceau précédent est le plus court (de loin) de l'album, avec même pas trois minutes, mais honnêtement, c'est Nothin' Song (qui dure 5,40 minutes...) que j'aurais aimé avec cette durée de même pas trois minutes, et pas So Close ! Pour moi, la moins bonne du disque, donc.
Frogs : 8 minutes incroyablement sombres (allez savoir pourquoi, dans le livret, l'illustration de cette chanson est un cochon, alors que le titre de la chanson est Frogs, soit 'grenouilles'...), très glauques, lentes, qui mettent du temps à s'installer. Honnêtement pas ma préférée du disque, même si je l'aime nettement plus maintenant que lors des premières écoutes. La voix de Layne est juste à donner des frissons, et les paroles aussi (le passage Why it has to be this way ? est mon préféré du morceau).
Over Now : Sonnerie aux morts...Rien de très réjouissant, pour ce morceau achevant (à merveille) l'album ! Over Now est chantée par Cantrell (je vais choquer les puristes, mais c'est mon chanteur préféré dans le groupe, devant Staley), avec choeurs de Staley cependant. Riff excellentissime, rythmique remarquable (le morceau est cependant assez calme, comme résigné, durant ses 7 minutes), et paroles en béton armé, sur la résignation. We pay our debts sometimes... Final admirable (que ce soit de la chanson, qui se finit en beauté, ou tout simplement l'album), qui file le frisson. Une des meilleures chansons de toute la carrière d'Alice In Chains, tout simplement, et, donc, de l'album.
Au final, donc, un disque certes long, mais parfait (enfin, une chanson pas terrible, on l'a vu, mais rien de grave). Un disque assez flippant, paroles glauquissimes, musique sombre, violente, chant désincarné, que ce soit de Staley ou de Cantrell. Avalanche de classiques pour un disque qui est incontestablement le sommet absolu du groupe de Seattle (et du grunge, renvoyant Nirvana dans les pâquerettes). Un album violent, morbide, jusqu'auboutiste et terrifiant, le Pornography des années 90 en ce qui me concerne. Immense et culte !
mais mon préféré reste dirt peut etre parce que je l'ai decouvert à sa sortie en pleine effervescence grunge nostalgie .....
sinon le pornography des 90's avec le downward spiral de NIN alors ...