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Pour ce nouveau Track-by-track, un nouvel album des Doors, le deuxième abordé dans la série après L.A. Woman. Là, c'est au tour de The Soft Parade, leur quatrième album, sorti en 1969, d'y passer. Le disque, généralement, et même s'il a quand même tendance, désormais, à être un peu revu à la hausse, n'est pas très bien aimé. Il sera un bide à sa sortie, on le critiquera, l'ajout de cuivres, de fanfare sera sévèrement critiqué même. L'album, il est vrai, détonne, et il faut plusieurs écoutes pour parvenir à bien l'apprécier. Il n'est, de plus, pas parfait, même s'il contient plus de réussites que de ratages. C'est un de mes préférés des Doors, malgré (ou à cause ? j'aime les causes perdues, en fait...) de sa réputation !

Tell All The People : Il paraît qu'en lisant les paroles de la chanson (signées Robbie Krieger, comme trois autres titres de l'album), Jim Morrison n'aurait pas été content. Parce qu'à un moment donné, il chante get your guns, the time has come to follow me down ('prenez vos flingues et suivez-moi'), et que la dernière chose que Jim voulait, c'est que des gens le suivent, dans les rues, avec des flingues ! Ce qui, heureusement, n'est jamais arrivé... Bon, sionon, la chanson ? Une de mes préférées de l'album, très sympathique, même si les cuivres, omniprésents, sont difficiles à digérer lors des premières écoutes. Mais c'est assez mélodique !

Touch Me : Très doorsien, ce morceau, un des plus typiques du son Doors sur The Soft Parade (merci Ray Manzarek et ses claviers !). Encore des cuivres en pagaille, trop selon les goûts de certains, mais j'ai fini par bien m"y habituer, et même mieux : je ne saurais vraiment imaginer les morceaux de cet album sans eux. C'est encore une fois un morceau très sympathique, très efficace. Une fois apprivoisé, on ne s'en lasse pas !

Shaman's Blues : Mis à part Easy Ride, c'est le morceau que je n'aime pas. Ou plutôt, si, je l'aime, mais si l'album ne contenait pas Easy Ride, indéniablement, c'est ce Shaman's Blues qui serait en dernier, par ordre de préférence personnelle, sur le disque. A cause de sa longueur (il fait presque 5 minutes), et de son côté très répétitif. Mais Morrison est en verve ici (le morceau est le seul a être signé à deux, par lui et Krieger), Krieger et Manzarek aussi (je n'ai pas cité le batteur John Densmore, mais il joue bien, comme d'habitude). N'empêche, la mélodie m'énerve un peu, à la longue...

Do It : Une sorte de Touch Me bis repetita (enfin, dans un sens), en moins efficace, mais quand même assez sympathique, et, encore une fois, très dans le style usuel des Doors (plus que la majorité des titres de l'album). Le refrain (Please, please, listen to me children) est assez bon. Pas le meilleur moment de l'album, loin de là, mais franchement, nettement meilleur que le suivant !!

Easy Ride : Incontestablement le foirage du disque, et je suis poli, très poli en disant 'foirage', car, en fait, je devrais dire : pourriture, merde, raclure de pelle à chiottes de cabanon de forêt en ruines, charogne faisandée sous la cagnard ou fidèle abonné à Rivarol. Oui, Easy Ride, qui achevait la première face, est un ratage absolu. Que dire de plus ? Cette ambiance un peu bottleneck est ratée, Morrison semble ne pas y croire du tout, et le pire, c'est qu'il s'agit d'une des 4 chansons de l'album qu'il a signées seul (la majorité des titres sont de Robbie Krieger - guitariste - seul). Le comble !... 'reusement, elle ne dure que 2,40 minutes...

Wild Child : Ouverture remarquable de la face B avec ce titre court (moins de 3 minutes, comme les deux suivants) et tribal, assurément un des meilleurs de l'album. Remember when we were in Africa ? demande Morrison en final, une phrase plus ou moins cryptique, qui en rajoute au côté étrange du morceau. Morrison (qui a signé ce morceau, et l'a même, je crois, co-signé, officieusement, avec sa petite amie) est en forme. Excellent !

Runnin' Blue : A la fois délire redneck interprété en partie par Robbie Krieger (le refrain) et hommage à Otis Redding (allusion à la chanson (Sitting On) The Dock Of The Bay et la phrase d'ouverture Poor Otis dead and gone), Runnin' Blue, avec son violon et ses paroles à la con, est un gros délire assez fendard, mais également très, très mais alors très (mais alors très très, hein) mineur et dispensable. J'avoue, j'aime ce morceau, même si la voix de Krieger est insupportable, et même si entendre Morrison (qui haïssait ce morceau) l'accompagner dans le final est déprimant. Malgré ça, j'avoue, j'aime (plaisir coupable) !

Wishful Sinful : Splendeur absolue, douce, mélancolique, avec des cuivres nettement plus discrets que de coutume. Il me semble qu'elle sortira en single (comme Tell All The People et une autre), mais je ne pense pas qu'elle marchera fort, cette Wishful Sinful pourtant admirable. Avec le morceau suivant, c'est le sommet de ce disque étrange et en même temps attachant (enfin, je trouve) !

The Soft Parade : Plus de 8 minutes (mais moins de 9, ah ah ah !), c'est le morceau le plus long du disque, et de loin ! Le meilleur aussi, mais pas seulement parce que c'est le plus long (après tout, sur le premier album, le meilleur morceau n'est pas The End, qui est cependant, et de loin, le plus long). The Soft Parade est un morceau culte, qui démarre par une déclamation à capella de Morrison (When I was back there in seminary school...there was a person there who put out the proposition that you can petition the Lord with prayer...Petition the Lord with prayer...Petition the Lord with prayer...YOU CANNOT PETITION THE LORD...WITH PRAYER !!!), se poursuit par une petite partie douceâtre, très apaisante, et se poursuit en délire lounge (this is the best part of the trip, the best part... I really like... - what he says ?), avant de s'achever en mantra rock (listen to the soft parade). Cette dernière partie sera reprise par Sweet Smoke, en 1970, sur leur Just A Poke (album bien barré de rock psychédélique). Dans l'ensemble, c'est aussi dingue que fondamental, et ça achève à merveille l'album !

 9 titres, donc, pour un total de presque 34 minutes. Le disque, on le voit, est court (mais pas le plus court du groupe : Waiting For The Sun, leur précédent, fait 33 minutes), ce qui ne l'empêche pas, on l'a vu aussi, d'être très réussi, malgré deux fausses notes. Mais dans l'ensemble, cet album assez mal-aimé autrefois et quelque peu réhabilité (heureusement) est un des plus atypiques et intéressants du groupe. L'ajout de fanfare, de cuivres sur les morceaux (pas sur tous, mais sur la grande majorité) apporte une touche particulière à l'album. Oui, définitivement, je l'adore, The Soft Parade !