Je n'ai pas choisi la facilité, pour ce treizième volet des Track-by-track : quitte à aborder un des albums de The Police, j'imagine que vous vous seriez attendu à un autre album que Zenyatta Mondatta, leur troisième, sorti en 1980, non ? Parce que ce disque, sous sa très immonde pochette, sous son très étrange titre multilingue basé à la fois sur un jeu de mot entre Jomo Kenyatta (un président du Kenya) mélangé avec le mot 'zen', ainsi qu'avec le mot 'monde' adapté au jeu de mots, n'est clairement pas le disque le plus réputé et estimé du trio britannique. Avec le temps, ce disque est, cependant, devenu mon préféré de la bande à Sting, et je vais ici vous expliquer pourquoi en détaillant ses 11 titres. Allez hop, ça commence :
Don't Stand So Close To Me : Chanson tubesque (un des deux tubes de l'album, l'autre ouvrait la face B) qui fera l'objet, en 1986, d'un remake par le groupe, plus long et lent (assez sympathique aussi, je dois dire, et que j'ai longtemps préféré à l'original). Don't Stand So Close To Me se base sur l'expérience de Sting en tant qu'instituteur, et s'inspire aussi, notamment, du Lolita de Vladimir Nabokov. On y parle d'une élève amoureuse de son professeur. Sometimes it's not so easy to be the teacher's pet... La chanson, malgré son sujet sulfureux, sera un hit, et si ce n'est pas une des meilleures de l'album (sans doute est-elle un chouia énervante, on l'a trop souvent entendue), ce n'est pas non plus un ratage.
Driven To Tears : Cette chanson, en revanche, est une pure merveille, sur laquelle la basse de Sting et la guitare d'Andy Summers (j'adore le son de sa guitare, personnellement, et pas seulement sur cette chanson !) font des étincelles, et je ne parle même pas du talent hors normes qu'à le batteur, Stewart Copeland... Tempo lent, refrain certes basique (Driven to tears, driven to tears répété deux fois) mais excellemment bien accompagné de belles giclées de guitare... Cette chanson et la suivante, en fin de compte, ne forment qu'une seule (aucune pause entre les deux, et difficile, sur le vinyle, de distinguer l'écart sombre entre les deux morceaux).
When The World Is Running Down, You Make The Best Of What's Still Around : Quel titre long ! Respire, respire... Une excellente chanson que ce When The World Is Running Down..., à la rythmique assez élastique, le total opposé de Driven To Tears, morceau qui est cependant imbriqué secrètement avec celui-ci. Pas grand chose à en dire, si ce n'est que c'est très réussi et sympathique !!
Canary In A Coalmine : Il faut bien un ratage, et indéniablement, du moins pour moi, Canary In A Coalmine en est un. Avec son tempo ska (cette chanson n'aurait pas dépareillé chez les Slecter ou Specials), genre dont je n'ai jamais été friand, cette chanson est assez horripilante et redondante. Heureusement, elle est ultra courte, à peine 2 minutes, ce qui allège la souffrande provoquée, en ce qui me concerne, par son écoute...
Voices Inside My Head : Premier des trois instrumentaux de Zenyatta Mondatta, Voices Inside My Head est, contrairement au précédent morceau, loin d'être une déception. En fait, c'est même un morceau qui, pardon d'être vulgaire, me troue le cul à chaque fois que je l'écoute. Une tuerie : collision basse/guitare remarquable, jouissive, groovy, aussi parfaite, mais dans un autre style, que la version live du Spoonful de Cream (album Wheels Of Fire). Le morceau est instrumental, ce qui n'exclut pas des vocalises distantes de Sting vers le milieu du morceau (il répête le titre du morceau, notamment, ainsi que ses fameux tcha, tcha, tcha !). Un grand moment dans la carrière du groupe.
Bombs Away : Un titre ska-pop à la When The World Is Running Down... ou Don't Stand So Close To Me, avec cependant des paroles un peu engagées (il y est question de la guerre, de bombardements, Bombs away/But we're OK/Bombs away/In old Bombay). Le ton est assez virulent, malgré la fausse légèreté ska du morceau, qui achève parfaitement bien une face A nettement plus longue que le sera la B (et plus réussie aussi, même si des titres de la face B assurent vraiment). A noter, c'est Stewart Copeland qui l'a signé en intégralité, paroles et musique.
De Do Do Do, De Da Da Da : Est-il besoin de présenter De Do Do Do, De Da Da Da ? Oui, c'est le deuxième tube de l'album après Don't Stand So Close To Me, et il me semble qu'en termes commerciaux, il a mieux marché encore que le premier, et est un peu plus connu. Je n'insisterai pas sur les paroles banales, pour ne pas dire franchement connes dans le refrain, du morceau, mais je dirai juste que je l'aime beaucoup, ce tube. Il est certes basique, un peu irritant si on l'a trop souvent écouté (il passe souvent sur les ondes FM, de plus...), mais loin d'être à chier. Comme l'autre tube, ce n'est pas une des réussites majeures de Zenyatta Mondatta. Mais comme l'autre tube, ce n'est pas un ratage non plus, donc.
Behind My Camel : Moins de 3 minutes pour Behind My Camel, deuxième instrumental de l'album, et c'est, avec le Mother de l'album Synchronicity, un des morceaux les moins aimés de toute la discographie des flics. Pourquoi ? En fait, je ne sais pas trop ; moi, perso, ça va, j'aime assez cet instrumental constitué de la guitare d'Andy Summers (qui a composé ce morceau - comme il a composé, aussi, Mother, coïncidence...ou pas), qui nous offre une mélodie un peu beaucoup orientale. Le batteur, Copeland, dira détester ce morceau, ainsi que Sting (qui avouera, des années après, avoir enterré, dans un jardin, les bandes du morceau, je ne sais pas s'il a dit vrai et si les bandes, dans ce cas, ont été récupérées ou pas). Sans oublier Nigel Gray, producteur du groupe, qui pensera que le titre du morceau ('derrière mon chameau') était une blague, au même titre que ledit morceau, car, selon lui, ce que l'on trouve le plus souvent derrière un chameau, c'est un gros paquet de merde ! Bref, morceau haï, mais au demeurant loin d'être mauvais, très loin d'être mauvais même.
Man In A Suitcase : En à peine 2 minutes et 20 secondes, Man In A Suitcase est, selon moi, aussi médiocre que Canary In A Coalmine (avc lequel il partage sa courte durée et sa position d'antépénultième morceau sur sa face). Je n'aime aucun des deux morceaux, mais quitte à choisir entre les deux, c'est Man In A Suitcase, morceau ska/pop assez anodin, que je choisis quand même. N'empêche, si le morceau n'est pas aussi nul que Canary In A Coalmine, c'est de peu, et c'est quand même un des titres les plus mineurs des flicards.
Shadows In The Rain : Avec 5 minutes, c'est le morceau le plus long de l'album. Le plus lent aussi, et Sting en fera, sur son premier album studio de 1985 (The Dream Of The Blue Turtles, que j'aborderai dans cette rubrique un de ces jours), une reprise remarquable, presque aussi grandiose que l'originale, et, surtout, nettement plus mouvementée et rythmée. Quasi méconnaissable (j'ai d'abord découvert la version Sting solo avant de découvrir la version policière, et j'ai eu un peu de mal à reconnaître Shadows In The Rain quand je l'ai entendu dans saz version Zenyatta Mondatta !). Du ska assez sombre, lentement chanté, sobrement aussi. Le meilleur morceau de l'album avec Driven To Tears et Voices Inside My Head, pour moi.
The Other Way Of Stopping : Excellent instrumental, le troisième et dernier de Zenyatta Mondatta, signé en intégralité par Stewart Copeland. De belles mesures de guitare, un peu redondantes quand même (comme l'étaient celles de l'orientalisant Behind My Camel, en fait), mais The Other Way Of Stopping n'en demeure pas moins un très bon morceau, idéal pour achever l'album. Pas grand chose à en dire, si ce n'est louer la maestria du trio (un excellent bassiste, un excellent guitariste, un excellent batteur), mais un très bon instrumental, donc !
Voilà donc Zenyatta Mondatta : un disque pop, ska et world, assez court (avec 37 minutes, tout juste 38 en fait, c'est le plus court du groupe), assez particulier avec son grand nombre d'instrumentaux et sa grande variété. Un disque qui marchera assez bien, mais pas autant que les deux précédents et que Synchronicity, et qui est aujourd'hui assez peu estimé, sauf sur certains sites tels AllMusic, sur lequel, ô miracle, la note maximale lui a été attribuée. Ce n'est peut-être pas le sommet des flics, mais, franchement, c'est devenu mon préféré avec le temps et le nombre d'écoutes, de plus en plus grandissant actuellement !
De 84 à 2005 il a fait plusieurs albums solo d'assez étranges à pas mal du tout faut reconnaitre dont un avec Fripp (qui n'est pas le meilleur). "Strings Of Desire" de 1998 tout acoustique, est peut être le plus bluffant. Il touche bien sa bille à la sèche !
Pour en revenir à Police, chez moi derrière mon chameau ya la table et le cendar pas loin...