On ne va pas se mentir : O.K. Computer, troisième album de Radiohead, sorti en 1997, est un chef d'oeuvre absolu. J'ai donc décidé de l'aborder dans la rubrique Track-by-track, d'autant plus que l'idée de faire cette rubrique m'est venue en réécoutant cet album, il y à quelques jours (la veille du premier article de la catégorie), par association d'idées (ne cherchez pas, c'est une réflexion personnelle qui m'a donné envie, et pas un des sujets abordés par l'album). Par conséquent, l'album qui m'a inspiré cette rubrique ne pouvait pas ne pas être abordé dans cette rubrique, dont acte !
Airbag : Excellente chanson, idéale en tant qu'ouverture de l'album. Le riff de guitare est assez sombre, limite agressif, ce qui n'empêche pas la chanson d'avoir un petit côté floydien, planant (comme l'album, d'ailleurs). Quand la voix de Thom Yorke déboule, disant In the next world ward/In a jack-knifed juggernaut/I am born again, le plaisir est total, l'envoûtement est lancé, et l'auditeur est pris dans les mailles de cet O.K. Computer de folie. In an interstellar burst, I am back to save the universe. Et pour sauver le rock, aussi.
Paranoid Android : Un des sommets de l'album, ce Paranoid Android, tout simplement (et, avec 6,25 minutes, sa chanson la plus longue). On passera outre la ressemblance flagrante, limite choquante, des arpèges de guitare de ce morceau (sur le passage où Yorke glapit What's that ?) avec ceux du In The Square des Pretty Things (1970, album Parachute), bien que ça pourrait aussi ne pas être un plagiat ou un hommage (grosse coïncidence, en tout cas), pour se concentrer sur l'ensemble du morceau. Alternance entre violence et apaisement, entre douleur et agression, ce titre résume à lui seul tout Radiohead. Immense. Mais il y à un autre titre, sur O.K. Computer, que je préfère encore à Paranoid Android ! Indice, il contient quatre mots dans son titre...
Subterranean Homesick Alien : Le titre de la chanson est une allusion plus qu'évidente au fameux Subterranean Homesick Blues (1965) de Bob Dylan. La chanson, mis à part ce titre en allusion, n'a évidemment rien à voir. C'est une sublime chanson, aux airs planants (le son de guitare, notamment dans l'intro, m'a toujours fait penser au cri des mouettes, au large ; oui, je sais, je suis poétique, aujourd'hui !). Thom Yorke est en forme, une fois de plus, sur cette chanson admirable. Indispensable, comme la quasi totalité de l'album.
Exit Music (For A Film) : Âmes sensibles, s'abstenir, cette chanson est d'une douleur et d'une tristesse à faire chialer le contenu d'un panier à salades rempli de hooligans carburant au speed et à la Despé/Jack Daniel's. Ici, c'est du pur pathos, une chanson lourde et mélancolique à l'extrême, sur laquelle Thom Yorke semble, littéralement, pleurer ses tripes. C'est magnifique, mais intense et vraiment lacrymal. Le We hope that you choke final (la pochette, avec l'inscription "1=2/We hope that you choke" y fait allusion) est déchirant de détresse, tout est dans la voix. Immense.
Let Down : D'apparence plus légère, mais c'est trompeur (des paroles telles que crushed like a bug in the ground sont éloquentes), Let Down est une sorte de répit après la tristesse insondable de Exit Music (For A Film). Encore une fois, rien à dire sur le chanteur, qui nous fait traverser ses états d'âmes et sentiments avec sa voix si particulière. Une des chansons les plus accessibles et, presque, pop de O.K. Computer, tout en étant assez sombre. Magnifique, même s'il y à, au final, peu de choses à en dire. C'est juste beau (le refrain).
Karma Police : Marrant, mais l'intro de ce disque m'a toujours fait penser à celle de la chanson Une Fille D'Avril de Laurent Voulzy (qui a été faite après Karma Police) ! Blague à part, même si j'étais sérieux, cette chanson est une pure merveille mélodique, aux paroles assez remarquables (For a minute then I lost myself... ce final est juste magistral !), une chanson qui, si je ne m'abuse, sortira en single (comme une ou deux autres de l'album, en même temps), ce qui est très justifié, car elle a un vrai potentiel et marche très bien si on l'écoute en dehors de l'album (ce qui n'est pas le cas de toutes les chansons de ce disque). Exceptionnel !
Fitter Happier : Un intermède très court que ce Fitter Happier, même pas 2 minutes (enfin, à trois secondes près, en même temps), et sans musique. Ce n'est pas vraiment une chanson, juste un intermède, littéralement, même pas indiqué, sur la pochette, de la même manière que les 11 autres titres (il est indiqué en tout petit à côté de Karma Police). Le morceau fait penser à du Burroughs électronique, dit d'une voix morne, atone, synthétique surtout, une vois de robot, d'ordinateur. Fitter Happier s'inclut parfaitement dans l'album, mais pris séparément, je ne vois pas l'intérêt.
Electioneering : Indéniablement, et ce, malgré son riff remarquable en intro, la chanson la moins réussie et marquante de tout O.K. Computer. Electioneering est une chanson plutôt courte (dans les 4 minutes) et simple, proche du style Pablo Honey/The Bends (les deux précédents, et premiers, albums de Radiohead). Thom Yorke chante bien, comme à son habitude, de sa voix de renard pris au collet, mais ici, la sauce prend nettement moins bien que sur le reste de l'album. Enfin, je trouve !
Climbing Up The Walls : Assurément le sommet du disque, une chanson psychédélique totalement oppressante (la voix remplie d'échos, très larmoyante, est superbe, le son de batterie est terrifiant, les paroles sont remarquables), dont je ne saurais raisonnablement me passer, sauf les jours où je déprime, car ce n'est définitivement pas une chanson a écouter les jours de blues. Mais Climbing Up The Walls est juste une des plus grandes chansons de ces 20 dernières années, et c'est peu dire !
No Surprises : Connue pour son utilisation dans le film L'Auberge Espagnole, cette chanson est très pop, très douce, très efficace et faussement légère. Un de mes coups de coeurs de l'album, même si passer après Climbing Up The Walls est une chose assez difficile. Très calme, apaisant, cette chanson est du grand Radiohead !
Lucky : Un peu de tristesse quand je lis le titre de cette chanson, car Lucky était le nom de mon chien, décédé en août dernier. Mais je m'égare ! Une chanson très belle, dotée d'un refrain qui figure parmi les plus beaux de l'album (...I'm your super-hero/We were standing on the edge), et, comme toujours, Thom Yorke chante divinement bien, de sa voix si particulière, plaintive et en même temps sublime. Excellent, quoi !
The Tourist : Final remarquable, même si cette chanson n'a jamais été ma préférée de l'album. Le refrain est excellent, la voix de Yorke est plaintive comme il faut, et les 5 minutes du titre passent vraiment comme un recommandé postal. C'est une superbe manière d'achever un disque triste, fort et puissant, un des meilleurs de ces 20 dernières années.
O.K. Computer, donc, est un triomphe. Thom Yorke, au moment de l'écriture de cet album, pensait que le disque serait idéal en fond sonore pour un dîner entre amis, ce genre de choses, mais reconnaîtra, au final, que pendant l'écoute de ce disque, il est quasiment impossible de faire autre chose, en particulier manger ! C'est le sommet de Radiohead, groupe qui n'arrivera plus, par la suite, à égaler ce disque, même si certains des albums faits après O.K. Computer (Kid A, Hail To The Thief) sont quand même excellents.