En 1979, Bob Dylan, initialement de confession juive (oui, je sais, c'est un détail sans importance par rapport à sa carrière musicale ; enfin, peut-être un peu important tout de même, vous allez voir), se convertit au christianisme, suite à une sorte de révélation quasi mystique : contemplant un crucifix offert par un fan (un cadeau assez étonnant), il a l'impression d'être observé par une entité supérieure invisible. Oui, par Lui, Lui, LUIIIIIIII, en effet. Il a vu la lumièèèèèèère, mes frèèèères. Cette période dite born again ne va pas durer longtemps deux grosses années, mais ça paraîtra sans doute très long à pas mal de ses fans qui, je pense, n'en pourront plus assez rapidement, de ses chansons orientées très à fond sur la religion. Durant cette période, Bob Dylan va sortir trois albums. Une trilogie dite de la renaissance chrétienne, qui est très souvent vraiment mal considérée par ses fans, et, je le pense, à raison. Le dernier album de cette trilogie est Shot Of Love en 1981, aussi minable de sa pochette (on dirait un dessin d'onomatopée de collision dans un comic-book de chez Marvel) à son contenu (sauf, à la rigueur, Every Grain Of Sand), est le pire. Celui d'avant, Saved en 1980, offre deux-trois bonnes chansons comme Covenant Woman, le morceau-titre et In The Garden, mais est, dans l'ensemble, poussif. Et le premier album de la trilogie ? Ah, ce premier album, sorti en 1979 sous une sublime pochette (sur laquelle une croix est, discrètement car il ne s'agit pas d'une croix mais d'une pioche en fait, représentée), c'est celui-ci, Slow Train Coming.
Enregitré aux Muscle Shoals Studios de Sheffield, Alabama, produit par Jerry Wexler et Barry Beckett et enregistré notamment avec Mark Knopfler (guitare) et Pick Withers (batterie) de Dire Straits, groupe dont le deuxième album, Communiqué, sorti en 1979 aussi, était produit par Wexler, et qui commence vraiment à connaître le succès en 1979, mais aussi le bassiste Tim Drummond et Barry Beckett, coproducteur, aux claviers, Slow Train Coming est le disque à sauver de cette période born again, et de très loin. L'album est assez orienté religion, mais tout de même un peu moins prosélyte que les deux suivants. Il sera un très gros succès, un peu partout dans le monde, grâce notamment à deux chansons. On a d'abord, ce fut un tube mondial et notamment en France, Man Gave Names To All The Animals, chanson faussement reggae (par la suite, Dylan en fera un petit peu, du reggae, sur Infidels, via le génial Jokerman), au refrain entêtant, chanson qui parle de comment l'idée de donner tel nom à tel animal (vache, cochon, etc) est venue à l'Homme, chanson assez amusante (He wasn't too small and he wasn't too big/Aaah, I think I'll call this a pig) qui n'est pas la meilleure de l'album, c'est même une des moins bonnes, mais elle est pas mal du tout. Et on a Gotta Serve Somebody, chef d'oeuvre qui ouvre le disque, morceau génial au rythme bien dylanesque, qui sera rapidement parodié par Lennon (Serve Yourself, une petite chanson enregistrée en démo, qui ne sera commercialisée que bien après sa mort). Tu peux servir le Seigneur, ou servir le Diable, mais tu dois servir quelqu'un. L'atmosphère générale de cet album ni trop long, ni trop court (46 minutes, pour 9 titres), est plus bluesy que folk, le son est parfait (la batterie est peut-être un peu trop sèche), et les chansons suivent : Slow Train, Do Right To Me Baby (Do Unto Others), Precious Angel, le très rock Gonna Change My Way Of Thinking (ce riff de guitare de Knopfler !) sont autant de réussites. Il n'y à en fait qu'un seul morceau, ici, qui ne m'a jamais vraiment branché, c'est When You Gonna Wake Up, mais ce morceau rythmé est tout de même loin d'être mauvais.
Disque de rock chrétien, disque intense et intérieur tout en étant rythmé, super agréable à l'écoute et rempli de chansons mémorables, Slow Train Coming sera super bien accueilli par la presse. Robert Christgau (un rock-critic américain bien connu) estimera que c'est le meilleur Dylan depuis Blood On The Tracks, soit en 5 ans. D'autres auront des avis similaires, dans l'ensemble la presse sera unanime : si Street-Legal (1978, album que j'adore au demeurant) et son double live At Budokan (1978 aussi) ont déçu, le live ayant même reçu quelques unes des pires critiques que Dylan ait reçues à l'époque (il faut dire que les réarrangements, sur certains titres, ont de quoi étonner et même choquer), Slow Train Coming fut considéré comme le retour d'un Dylan en forme. Personne ne pouvait alors prédire que les deux albums suivants, qui continueraient dans cette musique mystique et religieuse, seraient de telles déceptions. On en parle comme d'une des pires périodes (avec la toute fin des années 80 et le début des années 90, Oh Mercy excepté) de la carrière du Barde, tout de même. Mais si les deux albums suivants sont ratés, celui-ci, vraiment, est à conseiller, c'est vraiment un de ses meilleurs.
FACE A
Gotta Serve Somebody
Precious Angel
I Believe In You
Slow Train
FACE B
Gonna Change My Way Of Thinking
Do Right To Me Baby (Do Unto Others)
When You Gonna Wake Up
Man Gave Names To All The Animals
When He Returns
L’album qui suivit cette crise mystique fût ‘slow train coming ‘ paru en Août 1979 dont les chansons composées entre Avril 1979 et mai 1979 s’inspirent presque toutes (a l’exception de Do right to me, baby écartée de l’album précédent 'street legal’) de la bible et de l’ancien testament . A la guitare on trouve sur ce disque Mark Knopfler le guitariste de Dire straits un groupe qui est en train de conquerir le monde et c’est d’ailleurs en allant les voir sur scène a Los Angeles que Dylan eut l’idée de demander au musicien de participer a son album .Nous sommes alors en plein période post –punk ,la vague disco déferle et le reggae commence son invasion planétaire aussi rien d’étonnant a ce que l’un des plus gros succès de ‘ slow train coming ‘ soit Man gave names to all the animals un titre au rythme chaloupé très inspiré du reggae et qui mènera Dylan jusque sur les dance –floors. Ce titre s’inspire clairement de la genèse 2 :20 "Et l’homme donna des noms a tout le ;bétail ,aux oiseaux du ciel et a tout les animaux des champs "Mais c’est cette chanson même si elle rencontre un grand succès n’est pas la meilleure de ce disque du nouveau Bob Dylan. Il faut retenir plutôt ‘Gotta serve somebody"
You might be a rock'n roll adict prancing on a stage you might have drugs at your comand , women in a cage But youre gonna serve somebody yes You're gonna have to serve somebody, Well, it may be the devil or it may be the Lord But you're gonna have to serve somebody."
"Vous pouvez être un fou du rock'n'roll qui se déhanche sur scène, Vous pouvez avoir des drogues quand vous le voulez, des femmes en cage Mais vous devrez servir quelqu'un, oui Vous devrez servir quelqu'un, Ca pourra être le diable ou ça pourra être le Seigneur Mais vous devrez servir quelqu'un."
Cette chanson superbe est assurément le chef d’œuvre de l’album et Dylan recevra d’ailleurs un grammy award (son premier) pour ce titre dans lequel le Zim fraîchement converti propose de choisir entre le diable et le seigneur. De même dans " precious Angel " le texte est explicite
"Sister, let me tell you about a vision I saw.
You were drawing water for your husband, you were suffering under the law.
You were telling him about Buddha, you were telling him about Mohammed in the same breath.
You never mentioned one time the Man who came and died a criminal's death"
"Ma sœur, laisse moi te raconter une vision que j'ai eue.
Tu puisais de l'eau pour ton mari, tu souffrais sous le joug de la loi.
Tu lui parlais de Bouddha, tu lui parlais également de Mahomet dans le même souffle
Tu n'as jamais une seule fois mentionné l'Homme qui est venu et mourut comme un criminel"
Même chose pour I believe in you ou il décline cette fois le thème cher a son cœur celui du vagabond solitaire mais ici l’homme n’est plus seul car il croit en Dieu
"I believe in you even through the tears and the laughter,
I believe in you even though we be apart.
I believe in you even on the morning after"
"Je crois en toi même au milieu des larmes et des rires
Je crois en toi même si nous sommes séparés.
Je crois en toi même le jour d'après."
Enfin dans When you gonna wake up le refrain qui donne son titre a la chanson est tiré mot pour mot de la bible révélation 3 :2 ,
"There 's a man up on a cross and he's been crucufied
do you have any idéa why or for who he died ?"
"Il y a un homme en haut d'une croix et Il a été crucifié."
"As tu la moindre idée de pour quoi et pour qui Il est mort? ".
Il est clair au vu des textes de ‘slow train coming ‘ que Dylan s’improvise dorénavant comme un prophète des temps modernes qui veut mettre en garde la société contre ses travers et ses écarts de conduite. C’est cette ferveur chrétienne qui ne le quittera plus et le conduira a demander a être reçu par Sa sainteté jean Paul II bien des années plus tard affirmant alors aux yeux du monde une profonde et réelle conviction religieuse que les fans anglophiles auront perçue depuis longtemps dans les textes de nombreuses de ses chansons en général et bien evidemment dans 'slow train coming' magnifique et bouleversant album de transition tant musicale que personnelle.