Sorti (et enregistré) en 1974, Look At The Fool est le neuvième album studio de Tim Buckley, et c'est aussi et surtout son dernier, le chanteur/compositeur décèdera d'overdose moins d'un an plus tard. Enregistré avec le fidèle guitariste Lee Underwood, et avec des musiciens tels que Earl Palmer (batterie), Jim Fielder et Chuck Rainey (basse), Joe Falsia (basse et guitare), Mark Tiernan (claviers) ou Jesse Elrich (violon), avec aussi les choristes Venetta Fields, Sherlie Matthews et Clydie King, Look At The Fool est un disque court (34 minutes) et en tous points absolument catastrophique. C'est vraiment dommage pour Buckley Sr d'avoir fini (mais comment pouvait-il le savoir ?) sa carrière et sa vie avec pareille merde musicale.
Si Sefronia, son album précédent, était déjà assez médiocre, on espérait quand même de Tim qu'il se ressaisisse et refasse un bon disque, un disque au moins du niveau de Blue Afternoon ou de son premier album éponyme. Las. Look At The Fool, de sa chanson-titre à Wanda Lu (la pochette du vinyle original intevertissait l'ordre des deux derniers titres, mais c'était une erreur d'impression, car sur le disque vinyle, l'ordre est bel et bien comme dans le tracklisting plus bas), aucune bonne chanson. Arrangements pompeux (enfin, pas toujours), et surtout, surtout, la voix de Tim qui se barre en couilles. Il faut l'entendre pour le croire, sur des titres comme Mexicali Voodoo, Helpless ou Ain't It Peculiar (oh que si, c'est bizarre !), c'est tout simplement horrible, on dirait un junkie (il l'était, junkie, il en mourra...) tentant d'imiter le phrasé et la voix de Tim Buckley, sans parvenir à vraiment y arriver. Un peu comme le Renaud de maintenant, voix flinguée tentant de retrouver, sans succès, de sa superbe d'antan. Autant le dire, ça fait pitié, ça fait de la peine.
Mortifère, sentant à plein tuyaux la came et le manque d'inspiration, desservi par une pochette assez ratée (mais plus belle que Sefronia, en même temps, et même que Lorca), ce dernier Buckley est donc un disque foiré à 100%. Même un fanatique absolu du chanteur folk (qui a, vers la fin de sa carrière, dès Greetings From L.A., son ultime monument de 1972, viré lentement vers sûrement au folk-funk-rock) ne pourra pas réussir à le sauver.
FACE A
Look At The Fool
Bring It On Up
Helpless
Freeway Blues
Tijuana Moon
FACE B
Ain't It Peculiar
Who Could Deny You
Mexicali Voodoo
Down In The Street
Wanda Lu