Todd Rundgren est bien connu pour ses expérimentations musicales et discographiques. Après avoir sorti un double anthologique en 1972 (Something/Anything ?), après avoir réussi à faire tenir 19 titres (dont un de 10 minutes) en 56 minutes sur un seul vinyle en 1973 avec son sommet absolu A Wizard/A True Star, après avoir, en 1974, sorti Todd (double album de durée plus courte, mais double quand même en vinyle) et formé Utopia et sorti un album de 58 minutes (sur un seul vinyle, dont un titre de 30 minutes) intitulé Todd Rundgren's Utopia, Todd Rundgren aurait très bien pu sembler à bout de course, et apte à revenir à des albums moins imposants. Que t'chi. En 1975, il sort Initiation, un album qui, sur un seul vinyle (je le précise, car au vu de sa durée, c'est ahurissant), offre 67 minutes de musique. Musiciens sur l'album, entre autres : Edgar Winter, Mark Klingman, Rick Derringer, Dan Hartman, Roger Powell, Bob Rose... Rundgren tient le chant, les guitares, claviers, cithare, arrangement de cordes, et synthés.
Oui, Initiation dure 67 minutes (et 34 secondes) !! Autrement dit, la durée, à peu près, de son double album Todd de 1974, mais sur un seul disque vinyle chargé à la gueule. Sous une pochette prismique rappelant un peu L'Homme de Vitruve de Léonard de Vinci (fameux dessin utilisé par une boîte d'intérim). Rundgren aime les défis et les performances insensées, et ça tombe bien, moi aussi. Mais Initiation, tout comme Todd Rundgren's Utopia (et, dans une moindre mesure, A Wizard/A True Star), en vinyle, possède un défaut : sa qualité sonore est assez moyenne, médiocre. Normal : plus on case de musique sur une face de vinyle, plus on compresse les sillons, et plus le son est, lui aussi, compressé, serré, faible. Rundgren s'en excuse sur les pochettes (et en CD, le son est nettement meilleur). Pour Initiation, le son est franchement faiblard, au point qu'il était conseillé d'enregistrer directement, dès la première écoute, l'album sur une cassette, afin de pouvoir le réécouter sous ce format, afin d'éviter au possible de trop abîmer sa platine et ses enceintes en montant le son pour bien entendre l'album. Un comble : un album déconseillé d'être écouté en 33 tours !
Pour tout dire, la seconde face de l'album est entièrement occupée par A Treatise On Cosmic Fire, morceau qui, comme vous pouvez le constater en regardant le tracklisting plus bas, est scindé en 5 parties (et la quatrième partie, elle-même scindée en sept sous-parties). L'ensemble dure 35,20 minutes, sur la totalité de la face. Truc de fous, pas vrai ? Inutile de dire que malgré la qualité de l'interprétation de ce morceau de barge, à la limite du progressif, de la pop, du glam et de l'expérimentation à la Eno (art-rock), ce morceau est réellement trop long. Bien plus intéressante est la face A (30 minutes en 6 titres allant de 3,40 minutes à 8 minutes). On y trouve Real Man, The Death Of Rock'n'Roll, Initiation, Eastern Intrigue, morceaux souvent assez barrés, mais quand même pop ; du pur Todd. Et dans l'ensemble, si on ne peut pas considérer Initiation comme un chef d'oeuvre au même titre que A Wizard/A True Star ou Something/Anything ?, il reste un disque assez intéressant, inégal et surchargé certes, mais loin d'être nul. A réserver aux fans de Todd et aux amateurs de performances insensées. Et rien que pour avoir réussi à faire tenir 67 minutes sur un seul vinyle, chapeau bas ! Même si on écoutera, quand même, assez peu fréquemment cet album, au final.
FACE A
Real Man
Born To Synthesize
The Death Of Rock'n'Roll
Eastern Intrigue
Initiation
Fair Warning
FACE B
A Treatise On Cosmic Fire :
a) Intro - Prana
b) The Fire Of Mind - Or Solar Fire
c) The Fire Of Spirit - Or Electric Fire
d) The Internal Fire - Or Fire By Friction
d1) Mûlâdhârâ : The Dance Of Kundalini
d2) Svâdhishthâna : Bam, Bham, Mam, Yam, Ram, Lam, Thak You Mahm
d3) Manipûra : Seat Of Fire
d4) Anâhata : The Halls Of Air
d5) Vishudda : Sounds Beyond Ears
d6) Ajnâ : Sights Beyond Eyes
d7) Brahmarandhra : Nirvana Shakri
e) Outro - Prana