Je voulais ce disque en vinyle. C'est d'ailleurs assez marrant que je tenais à obtenir (c'est chose faite) cet album sous ce glorieux format, car je l'avais autrefois éreinté ici (il était classé dans les ratages), et donc, je n'aimais donc pas du tout l'album fut un temps. Ooh La La, un titre d'album très con, est le quatrième album des Faces et date de 1973. Les Faces, vous connaissez ? C'était, au départ, les Small Faces, un groupe de rock à tendance un peu psychédélique, qui avait en son sein le guitariste Steve Marriott, mais aussi Ronnie Lane. Après le départ de Marriott parti fonder Humble Pie avec Peter Frampton, les Small Faces se sont reconvertis en simple Faces, et Lane a recruté deux tueurs : le bassiste Ron Wood et le chanteur Rod Stewart, tous deux débauchés du Jeff Beck Group. C'était en 1970. Un premier album ma foi excellent (First Step) en 1970, un deuxième encore meilleur (Long Player) en 1971, un troisième quasiment aussi bon (A Nod's As Good As A Wink...To A Blind Horse) en 1971 aussi. Parallèlement, Rod the Mod entame sa carrière solo, au moment des premiers albums des Faces en fait, avec Gasoline Alley, An Old Raincoat Won't Let You Down et surtout, surtout, Every Picture Tells A Story. Très pris par sa carrière solo (il fait jouer les Faces, notamment, sur ses albums), Rod semble quelque peu négliger son groupe. Les tensions arrivent, et au moment de la sortie de ce quatrième album, ce Ooh La La très court (30 minutes !), les Faces ne vont pas tarder à imploser. Rod continuera sa carrière solo (Smiler, Atlantic Crossing...), Ron Wood va se lancer en solo en 1974 avec un album majeur au titre en allusion caustique aux préoccupations de Rod (I've Got My Own Album To Do) avant d'intégrer, l'année suivante, les Rolling Stones, en tant que guitariste. On parle de son premier album solo comme du meilleur jamais fait par un Stones, même s'il n'en était pas encore un à l'époque. J'en reparlerai ici bientôt...
Ooh La La est sorti sous une pochette amusante et ludique : pressez le haut de la pochette (pas trop souvent ni trop fort : risque de niquer la pochette de plus en plus grand à chaque fois) et le visage de Gastone, sur la pochette, ouvrira la bouche et bougera ses yeux, un simple procédé de pop-up imbriqué dans une double pochette, mais très amusant. Le disque se glissait dans une ouverture dans le haut de l'album, et le verso de la pochette se dépliait afin de montrer une photo du groupe, des danseuses style french cancan, et les crédits. Pour ce qui est de l'ouverture par le haut, c'est le cas pour la réédition vinyle, donc j'imagine que ça doit être pareil pour un pressage d'époque. Au dos de la pochette, photo ci-dessus, des portraits individuels, dans des cadres art-déco (un peu comme Every Picture Tells A Story), des membres du groupe : Ron Wood (basse, guitare, chant), Rod Stewart (chant, un peu guitare), Ronnie Lane (basse, guitare, percussions, chant), Kenney Jones (batterie) et Ian McLagan (claviers). Woody est au centre, curieux, alors que le chanteur est Rod. Lequel Rod n'apparait absolument pas sur trois titres, Fly In The Ointment (qui est un instrumental), Glad And Sorry (chanté par Lane, Wood et McLagan) et Ooh La La (chanté par Wood). Le reste est chanté par Rod (enfin, non : Flags And Banners l'est par Lane, mais Rod joue dessus) et sa voix si caractéristique se fait magistralement entendre sur Borstal Boys, Cindy Incidentally et Sillicone Grown, trois immenses morceaux. Morceaux qui sont tous situés sur la face A, laquelle, il faut le dire, est meilleure que la B.
L'album dans sa globalité n'est pas un chef d'oeuvre du rock, aucun des albums du groupe n'en est un, mais des quatre, c'est probablement mon préféré, ce qui est paradoxal car avant, c'était celui que j'aimais le moins. Sa courte durée (sincèrement, 30 minutes, c'est quasiment de l'escroquerie), le fait qu'une moitié des chansons n'étaient pas interprétées par Stewart (pour les autres albums aussi, Lane et Wood chantaient, mais moins de chansons que sur Ooh La La tout de même), plus le fait que, tout de même, deux-trois chansons (Flags And Banners, Just Another Honky, le morceau-titre que j'ai toujours trouvé un peu usant) ne soient pas géniales, ça ne faisait pas trop pencher la balance en faveur de cet album. Album qui sera le dernier du groupe (un live sortira en 1974), et une conclusion, donc, un peu mitigée. Ceci dit, Ooh La La est quand même très très sympathique, et on prend beaucoup de plaisir à l'écouter. Sa courte durée est frustrante, mais n'est pas un frein à l'écoute, il vaut, à la rigueur, mieux écouter un disque de 30 minutes un peu inégal qu'un disque de 80 minutes qui le serait franchement. Borstal Boys et Cindy Incidentally sont juste géniales, la production (du grand spécialiste Glyn Johns) est parfaite, et la pochette, culte et ludique, achève de rendre le bouzin sympathique et intéressant. Bref, un mea culpa tardif (la précédente chronique datant de 2010 !) de ma part, une nouvelle chronique totalement à l'opposé de l'ancienne, comme mon avis sur la question. Vous savez ce qu'on dit : il n'y à que les cons qui ne changent pas d'avis. Ben, j'ai changé ! Pas con, hein ?
FACE A
Silicone Grown
Cindy Incidentally
Flags And Banners
My Fault
Borstal Boys
FACE B
Fly In The Ointment
If I'm On The Late Side
Glad And Sorry
Just Another Honky
Ooh La La
Et "Borstal boys" est un rock ultra-morveux comme je les aime.
En deça des deux précédents totuefois, et au niveau du premier.