Ce disque, je l'avais abordé sur le blog il y à un sacré paquet d'années (2010) et j'étais pour le moins du genre sévère, avec ce disque, tout en ayant quand même précisé que j'avais bien aimé son contenu. Je disais, ni plus ni moins, sacré putain de zut, que ce groupe était médiocre. Mais en quoi serait-ce gênant, en même temps ? Je veux dire par là, tout les groupes ne peuvent pas être les Rolling Stones (dont il se pourrait bien que l'on en reparle pas mal avant la fin de l'année, c'est vague comme annonce mais ouaite and scie...), les Who, Led Zeppelin ou les Beatles, hein ? Bah non, il faut bien des challengers, aussi, des secondes zones. On peut tout autant, et parfois même plus, s'éclater avec un groupe de seconde zone qu'avec une pointure qui, certes, a sorti des albums de chevet, mais n'a au final plus rien à prouver, c'est bon, Keith, c'est bon, Mick, on sait que vous êtes des grands, on le sait depuis 1964, place aux autres. Le J. Geils Band, fondé en 1968, fait partie de ces autres. Ce groupe, mené par le guitariste John Geils, alias J. Geils, et le chanteur Peter Wolf, qui a connu plusieurs périodes (de sa création jusqu'à 1985, puis en 1999, puis reformé encore en 2005 jusqu'en 2006, et 2009 jusqu'en 2015), ne fait généralement pas partie de ceux que l'on retient, hormis pour trois albums : leur premier, éponyme, en 1970 (parfois appelé Wait, du nom de la première chanson) ; un double live sorti en 1976, Blow Your Face Out ; et cet album-ci, également un live, leur premier, sorti en 1972 : Live - Full House.
Sur le papier, ce live a peu de choses pour me plaire : pochette criarde (mais sympa quand même), durée rikiki (35 minutes, c'est donc un disque simple, et n'attendez pas de trouver des chiées de bonus-tracks sur la réédition CD, elle est aussi basique qu'un instinct de Sharon Stone), et groupe qui, à la base, ne me tente pas, j'ai l'impression que j'aurai affaire à un sous-Rolling Stones. Ce n'est pas totalement faux, mais ce qu'il faut quand même dire, c'est que, sans qu'ils soient des mecs géniaux, le J. Geils Band, en live, apparemment, faisait tout péter, envoyait le bois comme une scierie de l'Oregon en plein rendement, faisait brailler de plaisir son public et ne ménageait pas ses effets. Un harmonica génial de Magic Dick (hé oui, il a un nom de scène à la con), un chanteur acharné qui saute apparemment partout, et qui parfois part dans des délires, une section rythmique (basse de Danny Klein, que le groupe surnommait, apparemment, entre eux, le pédé, parce qu'il se fringuait en rose ; oui, c'étaient des poètes ; et la batterie de Stephen Bladd) du feu de dieu, un claviériste très compétent (Seth Justman), et la guitare de J. Geils, pas aussi quintessentielle que celles de Page, Clapton, Keith et Townsend, mais quand même, il envoie.
Les morceaux ? On se calme, j'y arrive. Live - Full House est peu généreux (il n'y à que 8 titres, pour, donc, 35 minutes, ce qui inclus les intros et outros avec les clameurs de la foule, mais en terme de morceaux, seulement 32 minutes de musique), mis ce qui s'y trouve est un petit paquet de rock saignant, de boogie/blues à tomber raide dingue. Le live s'ouvre sur une reprise dévastatrice du First I Look At The Purse de Smokey Robinson (aux paroles bien cyniques : le narrateur le clame tout de go, lui, ce qu'il regarde en premier chez une gonzesse, c'est son porte-monnaie), se termine sur une reprise du Looking For A Love des Valentinos de Bobby Womack, et entre les deux, offre notamment un Homework génial (de Carl Perkins), une longue - 9,30 minutes !- version, très intense, du Serves You Right To Suffer de John Lee Hooker et Hard Drivin' Man, unique morceau de l'album signé du groupe (Geils et Wolf précisément). 6 des 8 titres sont sur le premier album, les deux autres (Whammer Jammer, Looking For A Love), sur le second, The Morning After de 1971. Qui sont tous deux de très bons moments de rock basique, boogie, bluesy, couilles velues posées sur la table basse en teck. Si votre idéal dans la vie, c'est d'écouter du rock pur et dur, sans prise de tronche, je pense que ce live, certes frustrant (mais la qualité y est excellente, aussi bien pour le son que l'interprétation), pourrait vous plaire, voire même illuminer votre journée, votre semaine, votre mois, votre année, votre vie. Mais je ne force personne : si tu préfère écouter du Ed Sheeran, mon gars, vas-y, je ne vais pas te le piquer.
FACE A
First I Look At The Purse
Homework
Pack Fair And Square
Whammer Jammer
Hard Drivin' Man
FACE B
Serves You Right To Suffer
Cruisin' For A Love
Looking For A Love