BG1

Aah, les Bee Gees... Pour beaucoup, ce nom va rappeler des souvenirs disco, la bande originale de La Fièvre Du Samedi Soir avec John Travelo (euh non, c'est pas ça) Révoltant (non c'est pas ça non plus) Travolta (ah, voilà), mythique double album avec des tubes du genre tels que Stayin' Alive, You Should Be Dancin' ou le slow dégoulinant mais sublime How Deep Is Your Love, ou bien l'album Spirits Having Flown de 1978, avec ce hit disco Tragedy, sans oublier cette dégueulasserie disco/pop infâme et imbitable qu'est Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (pas l'album des Beatles, hein, mais le film et sa bande-son, en 1978, infâme merde musicale avec Peter Frampton, Aerosmith, les Bee Gees, Billy Preston, Alice Cooper, Steve Martin, film inspiré par l'album des Beatles, et revisitant des chansons de l'ensemble du répertoire du groupe). Une abomination filmique et auditive dont Frampton, Cooper, Aerosmith et les Bee Gees ont très certainement honte depuis pas mal d'années, et qui sera accueilli comme une épidémie de peste bubonique dans une maternité. Se dire que les Bee Gees sont aujourd'hui connus pour leurs hits disco de fin de carrière, ça fait mal, car ce n'est vraiment pas représentatif de l'essentiel de leur carrière. Oh que non. Australiens, produits par Robert Stigwood, les Gibb Brothers (d'où le nom du groupe : Brother Gibbs, B.G.'s, Bee Gees), Barry (chant, guitare), Maurice (chant, basse, guitare) et Robin (chant, claviers) (seul Barry est toujours en vie en 2018), ont démarré leur carrière dans les années 60. Ils vont livrer des chansons mythiques de pure pop 60's bien sucrée et produite, comme New York City Mining Disaster 1941, Run To Me, I Started A Joke, Massachusetts, Holiday...

BG2

En 1969, les Bee Gees vont sortir leur chef d'oeuvre absolu, intégral et incontestable (certains diront que Trafalgar, de 1971, mérite plein de kudos aussi, et il est vrai qu'avec des chansons telles que Israel, How Can You Mend A Broken Heart ? et Lion In Winter, il est absolument sublime et indispensable, et puis, quelle pochette), un disque qui sortira, sous la forme d'un double album (un court double album : 63 minutes, pour 17 titres), dans une pochette de velours rouge (une édition le proposait aussi dans une épais coffret) : Odessa. L'album sera réédité à plusieur reprises, en double album avec une pochette différente et moins glamour (photo ci-dessous) par le label RSO appartenant à Stigwood, l'original étant sur ATCO/Polydor ; en album simple aussi, en 1976, avec donc la moitié des titres en moins (quel est l'intérêt ?). La première édition CD ne propose pas le 13ème titre, un instrumental de moins de 2 minutes intitulé With All Nations (International Anthem), qui sera en revanche sur les plus récentes rééditions CD (la plus récente reprend le boîtier en velours). L'intérieur de pochette de la version d'époque montre une illustration verdâtre d'un bateau et d'une chaloupe, dans laquelle on place les passagers, le bateau étant en train de couler. L'intérieur de pochette de la réédition RSO double, moche comme un cul de lépreux après une séance de grattage, montre le groupe sur scène, et la liste des morceaux, présentés comme sur une vulgaire compilation de musette, et l'ordre des deux disques est inversé, le disque 2 étant indiqué comme le disque 1, et réciproquement, quels bandes de cons à RSO...

BG3

Réédition RSO (double) dans les années 70 : graphiquement moins glorieux, pas vrai ?, que le sublime lettrage de l'original

Odessa, qui n'est pas un disque conceptuel (ou alors, si c'est le cas, le concept est pour le moins flou, difficilement contenu) mais aurait dû en être un sur la perte d'un bateau imaginaire du nom de l'album, qui aurait fait naufrage en 1899, est un chef d'oeuvre de pop symphonique, un régal de 17 titres qui, hélas pour le groupe, ne marchera pas du tout à sa sortie. C'est sans doute pour ça que le disque ressortira, par la suite, notamment en version rabotée de la moitié de ses morceaux : afin d'essayer de lui donner une seconde chance, alors que le groupe était, musicalement, passé à autre chose, et quasiment à la disco, d'ailleurs. Au moment de la sortie de l'album, le groupe a perdu son guitariste Vince Melouney, qui claquera la porte et ne joue quasiment pas dessus (l'album, pas la porte ; ceci dit, il ne joue pas non plus sur la porte). Robin Gibb, suite à des tensions avec ses frangins sur le choix du premier single (il voulait que ça soit son sublimissime Lamplight, ça sera le non moins sublimissime First Of May de Barry), partira, mais reviendra l'année suivante. L'album offre une succession de chansons mémorables dont beaucoup auraient très bien pu sortir en singles : Marley Purt Drive, les délicats You'll Never See My Face Again, Give Your Best, I Laugh In Your Face et Black Diamond, le sensationnel Lamplight, l'immense et inoubliable Melody Fair... Le morceau-titre, Odessa (City On The Black Sea), long de plus de 7 minutes, est également inoubliable. L'album n'oublie pas le côté symphonique avec, outre le morceau-titre, With All Nations (International Anthem), The British Opera et Seven Seas Symphony

BG4

Ayant failli s'appeler The American Opera, puis Masterpeace, Odessa est un des meilleurs albums de 1969, une très grande année on le sait. On ne va pas revenir sur tous les classiques qui sont sortis cette année-là, mais n'importe quelle année voyant la sortie de disques tels que Tommy, In The Court Of The Crimson King, Abbey Road, Odessa, Led Zeppelin et Let It Bleed ne peut être qu'une grande année, un cru exceptionnel. Ce court double album (63 minutes, c'est vraiment peu, mais au moins, rien à jeter) est une merveille absolue à pochette suave en velours (du moins, l'original), un régal pop remarquablement produit et interprété, sublimement écrit et composé, un album dont on ne se lasse pas. Avis aux amateurs ! Il est en revanche dommage que la réédition CD la plus récente (qui est, il me semble, dans un coffret de 3 CD !!) soit aussi difficile à trouver, et souvent à un prix assez rébarbatif ! L'ancienne édition CD est de qualité audio excellente, mais il manque un titre, pas le plus crucial, mais tout de même, c'est con. Mais les chefs d'oeuvres sont immortels, c'est pas une minute de plus ou de moins...

FACE A

Odessa (City On The Black Sea)

You'll Never See My Face Again

Black Diamond

FACE B

Marley Purt Drive

Edison

Melody Fair

Suddenly

Whisper Whisper

FACE C

Lamplight

Sound Of Love

Give Your Best

Seven Seas Symphony

With All Nations (International Anthem)

FACE D

I Laugh In Your Face

Never Say Never Again

First Of May

The British Opera