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Cactus est un groupe que l'on pourrait qualifier, disons, d'un peu secondaire (comme Foghat dont on pourrait bien reparler rapidement dans quelques jours, mais patience), par rapport aux pointures que sont les Rolling Stones ou les Who, ou Led Zeppelin. Mais secondaire ne veut pas dire mauvais. Si j'adore écouter les albums des groupes cités, je ne déteste pas, de temps en temps, descendre en seconde division pour écouter les albums de groupes moins connus des masses, moins cartonneurs (même si parfois, le temps d'un album ou deux, ils ont bien vendu), mais malgré tout franchement remplis de talent. Et puis, Cactus, même s'il est en seconde catégorie (je sais que certains ne seront pas d'accord, mais c'est mon avis), était un putain de groupe de rock qui butait à bout portant, et il avait en son sein des musiciens de talent : le batteur Carmine Appice (à la base de Vanilla Fudge), le bassiste Tim Bogert, mort en janvier dernier, lui aussi issu de Vanilla Fudge. Les deux, en 1973, quittent Cactus qu'ils ont fondé, et partent rejoindre Jeff Beck et forment avec lui le supergroupe Beck Bogert & Appice, qui n'a fait que deux albums (un studio et un double live ; ils ont aussi fait un deuxième album studio, du moins, ont commencé son enregistrement, mais les bandes dorment encore dans un entrepôt, jamais sorties). Mais en 1972, ils sont encore dans le groupe. Enfin, plus pour longtemps : l'album que j'aborde ici, pour la seconde fois (après une première chronique en 2009 ou 2010, qui était franchement médiocre), sera leur dernier jusqu'à 2006. Enfin, en 1973, un The New Cactus Band se formera, pour un seul et unique album...

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Cactus s'est formé en 1970, le premier album, éponyme (fameuse pochette bien osée), avait été abordé par MaxRSS qui en avait dit tout le bien qu'il fallait, c'est en effet une tuerie de hard-rock bluesy. Le groupe va ensuite, en 1971, sortir deux albums. Puis le guitariste Jim McCarty et le chanteur Rusty Day se barrent, et sont remplacés par, respectivement, Werner Fritzschings et Peter French, ancien chanteur du groupe culte Leaf Hound. Et on a l'apport aussi d'un claviériste, Duane Hitchings. Cette formation de Cactus va sortir un seul album, en 1972, cet album : 'Ot'n'Sweaty. On est d'accord, la pochette pue de la gueule pire qu'un mec ayant passé sa semaine à bouffer du munster et de l'oignon. Ce soileil jaune sur fond orange, ces petits palmiers, ce titre écrit en cactus...Au verso, sur fond bleu nuit (et pour cause, on y voit une lune au-dessus des palmiers !), des photos du groupe sur scène, ce qui est aussi le cas de l'intérieur de pochette. 'Ot'n'Sweaty, je ne l'ai pas encore précisé, est un disque hybride. Il n'est pas électrique et thermique, mais live et studio, une face de chaque. La face A a été captée live au festival Mar Y Sol de Porto Rico, le 3 avril 1972. Le son est parfait, la prestation, ici en trois morceaux, aussi. Le groupe (c'est la même formation sur les titres lives que studio, ici) est en forme et livre notamment un Bad Mother Boogie (une sorte de nouvelle version, ou de suite, à leur Big Mama Boogie du deuxième album) féroce et un Our Lil Rock'n'Roll Thing démentiel de 7 minutes. Le chant de French est efficace, il ne fait peut-être pas oublier Rusty Day (qui, en 1982, se fera assassiner chez lui, en même temps que son fils, un double crime non élucidé, mais ayant peut-être un lien avec la drogue), mais c'est du bon boulot, bien éraillé.

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La face B, hormis un Underneath The Arches de 26 secondes (une reprise d'une chanson de 1932) inutile en final, est réussie aussi. Elle envoie le bois mieux qu'une scierie des Vosges, je peux le dire, une série de chansons de hard-blues-rock de très bonne tenue (je n'aimais pas Bedroom Mazurka, autrefois, mais ça, c'était avant ; sans être le sommet de l'album, car je pense que Telling You et Bringing Me Down sont nettement supérieures, cette chanson est tout de même vraiment efficace), mention par ailleurs ultra-ultra-spéciale à Telling You. Ce morceau, le dernier de l'album (Underneath The Arches mis à part...) démarre calmement, doucement, pour se finir en furie, c'est intense et puissant. Je ne peux que vous conseiller l'écoute de 'Ot'n'Sweaty ; dans la catégorie des petits albums sans grande envergure (aucun risque, je pense, de tomber, dans une liste 'meilleurs albums de tous les temps', sur cet album ; sur le premier Cactus, peut-être, mais pas cet album de 1972) mais qui, malgré tout, n'offrent que du bonheur sur deux faces de vinyle noir. Un album assez court (36 minutes) et je sais ce que vous allez dire : on aurait aimé deux faces de live, ou deux faces de studio, ou les deux (bref un double album) plutôt que moins de 20 minutes de chaque partie, mais c'est comme ça. Tel qu'il est, cet ultime album de Cactus pendant de nombreuses années (à noter qu'au sein de l'éphémère New Cactus Band il n'y aura que le claviériste Hitchings, avec de nouveaux musiciens, mais aucun des membres fondateurs, ni même le chanteur et le guitariste officiant sur 'Ot'n'Sweaty) est une belle petite réussite, un album certes secondaire, mais tout de même franchement recommandable et agréable, je l'aime vraiment beaucoup. 

 

FACE A

Swim

Bad Mother Boogie

Our Lil Rock'n'Roll Thing

FACE B

Bad Stuff

Bringing Me Down

Bedroom Mazurka

Telling You

Underneath The Arches