Originellement, Smile aurait du sortir en 1967. Et aurait du être un album des Beach Boys. Mais en fait, ce disque est sorti en 2004, sous le nom de Brian Wilson (leader, tête pensante des Beach Boys, et leur bassiste aussi). Pourquoi ? Oh, l'histoire de Smile est bien connue des amateurs de rock. En 1966, après qu'ils aient sorti le monumental (mais succès mitigé à l'époque) Pet Sounds, les Beach Boys désirent, ou plutôt Brian Wilson désire, sortir un nouvel album encore plus réussi et grandiose. Pet Sounds, influencé par le Rubber Soul des Beatles, a considérablement apporté à la musique. Pour Smile, les Beach Boys veulent à nouveau concurrencer les Beatles. Wilson veut faire mieux que Revolver. Il convoque Van Dyke Parks, parolier et claviériste de génie (et un peu fantasque) ainsi que des musiciens de studio (au grand dam de ses confrères du groupe, surtout le chanteur Mike Love, tête de lard number one). Plus de 80 sessions d'enregistrement sont faites.
L'album, cependant, ne sortira jamais, malgré qu'une pochette (voir juste au-dessus) ait été faite, et qu'une vingtaine de chansons (Heroes And Villains, Child Is Father Of Man, Cabin Essence, Vega-Tables) aient été faites. L'une d'elles, Fire, est bien connue, car Wilson, à la suite d'incendies dans la région de Los Angeles, sera persuadé que c'est sa chanson qui en est l'origine. Faut dire que Wilson devait bouffer ses buvards, à l'époque...Wilson plonge vraiment dans la drogue lysergique, et son état de santé s'en ressent. Physique, mais surtout psychologique. L'homme pète les plombs. Un jour, Paul McCartney (ardent admirateur de Pet Sounds, au demeurant) rend visite à Wilson et sa femme, et leur interprète, au piano, seul, une version de She's Leaving Home, chanson qui se trouve sur Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, album des Beatles qui sortira peu de temps après. Wilson, en entendant ça, pleure. Il se rend compte que c'est foutu d'avance avec son Smile, que les Beatles vont encore une fois tout rafler (et ça sera le cas, mais sans concurrence des Beach Boys, excepté le single monstrueux Good Vibrations). Entre ça, les drogues, plus les crises au sein du groupe, plus les pressions de la maison de disques (Capitol), plus l'état de santé de Wilson qui va en s'étiolant, pas besoin de vous faire un dessin : Smile est relégué aux tiroirs, oublié, abandonné. Un gâchis, un album maudit.
Mais des chansons refont surface sur d'autres albums (Smiley Smile). Mais, surtout, en 2004, Smile sortira enfin, sous le nom de Brian Wilson. L'album a été réenregistré, mais il est bien là, 17 chansons (dont Good Vibrations, mais Fire a été renommé : Mrs O'Leary's Cow, chanson qui obtiendra le Grammy Award du meilleur instrumental rock), pour 47 minutes. Ce n'est pas tout à fait le Smile tel qu'il aurait du sortir (il a été réenregistré), mais c'est quand même Smile. Enfin, un des derniers mystères du rock, en 2004, fut révélé. Et le résultat est vraiment bluffant et magistral. Oui, on peut le dire, s'il avait été commercialisé en 1967, Smile aurait atomisé Pet Sounds et il aurait été un sérieux concurrent pour les Beatles...parce que, musicalement parlant, c'est franchement magistral. Un des joyaux du rock, point barre.
Our Prayer/Gee
Heroes And Villains
Roll Plymouth Rock
Barnyard
Old Master Painter/You Are My Sunshine
Cabin Essence
Wonderful
Song For Children
Child Is Father Of Man
Surf's Up
I'm In Great Shape/I Wanna Be Around/Workshop
Vega-Tables
On A Holiday
Wind Chimes
Mrs O'Leary's Cow
In Blue Hawaii
Good Vibrations