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Alors là... On tient le bon, les mecs. Le plus mauvais album des Rolling Stones. Oubliez Undercover, oubliez Dirty Work, oubliez Bridges To Babylon... Voici Emotional Rescue. Un naufrage intersidéral, qui plus est sorti après un album remarquable (ce Some Girls fantastique de 1978). Emotional Rescue a été enregistré au même endroit que Some Girls, soit à Paris. Il a été enregistré en 1979, par des Stones dans un état assez difficile à imaginer : Ron Wood et Keith Richards (qui vient de retrouver l'amour via Patti Hansen, avec qui il est toujours) sont en pleine addiction à la drogue ; Keith a eu des emmerdes à Toronto en 1977 (arrêté pour possession et usage de stupéfiants), et 1979 est l'année du procès ; l'entente entre Jagger et Richards commence sérieusement à patiner, même si ça empirera par la suite ; Ron Wood semblait trouver difficilement ses marques dans le groupe, le seul avec qui il avait vraiment des liens étant Keith (au fond, c'est assez logique : Keith est le frère de came de Woody). Et puis les punks, dès 1976, n'ont eu de cesse de crier sur tous les toits que les grands groupes de papy, Led Zep, Pink Floyd, Who, Deep Purple, et bien évidemment, Stones, c'est fini, des dinosaures, et on sait comment les dinosaures ont fini, hein ? Bien que Some Girls ait très bien marché, on sentait que c'était un baroud d'honneur. Et si on ne le savait pas, l'arrivée d'Emotional Rescue, qui sera cependant assez bien accueilli, le fera savoir. Ce disque, c'est un peu Some Girls en version cheap.

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Dos de pochette vinyle

Que trouve-t-on sur les 41 minutes (pour 10 titres) de cet album sorti sous une atroce pochette me faisant penser à celle du Let It Be des Beatles, en version négatif (le style visuel sera utilisé pour le clip de la chanson-titre) ? Un tube disco à la Miss You, en plus dansant et disco encore, Dance (Pt 1), qui ouvre le bal. A la base, le groupe en a aussi enregistré une suite (Dance (Pt 2), évidemment), qui devait se trouver sur l'album, mais, au final, ça ne sera pas le cas. Cette chanson, je l'adore, mais sérieusement, et ce, malgré qu'elle soit assez mineure dans la discographie stonienne. Get up, get out, down into something new... Ce morceau disco-rock est assez efficace, les cuivres sont pas mal utilisés, Jagger est en forme... Hélas, la suite de l'album, malgré un petit sursaut dans sa conclusion (la chanson-titre, chantée en falsetto par le Jagg', et She's So Cold sont pas mal du tout, tout en restant mineures elles aussi), est aussi déprimant pour un fan des Stones qu'un film de Michaël Youn l'est pour un fan de comédies. Send It To Me, Where The Boys Go, Let Me Go, Down In The Hole, autant de chansons plates comme une limande, il ne se passe rien durant l'écoute de ce disque. OK, on peut éventuellement, dans un TRES bon jour, trouver Indian Girl sympathique, mais en ce qui me concerne, il faut vraiment que ça soit un TRES putain de TRES bon putain de jour. Autant j'arrive à apprécier (à condition de les écouter de temps en temps, pas trop souvent) Undercover et Dirty Work (sur ces disques, des chansons comme Undercover Of The Night, She Was HotToo Much Blood, One Hit (To The Body), Sleep Tonight, Harlem Shuffle, me branchent), autant, aussi, Bridges To Babylon peut passer, de temps en temps (bien qu'il soit beaucoup trop long et rempli de mauvaises chansons, il y à quand même Saint Of Me, Flip The Switch, qui me plaisent beaucoup), autant Emotional Rescue, non, je ne peux pas, je n'arrive pas.

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C'est un fan des Stones qui vous parle, là. Et un fan assez conciliant, ayant réussi à adorer It's Only Rock'n'Roll et Black And Blue, un fan adorant Steel Wheels et appréciant Undercover et Dirty Work à petites doses. Si un mec comme ça vous dit qu'Emotional Rescue ne vaut rien (sauf deux chansons, Emotional Rescue et Dance (Pt 1), donc), croyez-le (et, donc, croyez-moi), c'est que ce disque ne vaut rien. Emotional Rescue n'est pas médiocre comme le seront Undercover, Dirty Work et Bridges To Babylon, il est, littéralement, nul, deux chansons ne parviennent pas à le sauver. Il ne se dégage rien de ce disque, du néant. Quand on pense que les quelques chansons enregistrées ou écrites en même temps que les 10 de l'album, et qui se retrouveront sur Tattoo You (1981), Start Me Up (en réalité un peu plus ancienne, 1977), Black Limousine et Little T&A, sont supérieures à celles retenues pour le disque, on peut se demander ce qui se passait dans la tronche des Glimmer Twins (surnom de producteurs de Jagger et Richards) en 1979... Allez, on l'oublie, celui-là ? Rien que sa pochette ne donne pas envie de tenter l'écoute, de toute façon.

FACE A

Dance (Pt 1)

Summer Romance

Send It To Me

Let Me Go

Indian Girl

FACE B

Where The Boys Go

Down In The Hole

Emotional Rescue

She's So Cold

All About You