Je vais en faire hurler quelques uns, peut-être, mais je n'ai jamais été un fan de Status Quo, groupe qui, par ailleurs, en attiré des légions, des fans. Goldman a même fait une chanson en leur honneur (mais si, mais si, mais si : sur son dernier album, de 2001, Chansons Pour Les Pieds, on a The Quo's In Town Tonite, sur un fan du groupe qui prend des jours de congé et fait des kilomètres et des kilomètres rien que pour aller les voir), pas sa meilleure, mais l'intention y est. Le Quo a usiné, durant les années 70, des albums de boogie-rock que ses détracteurs affirmeront être toujours le même album, au final. Genre riff minimaliste et répétitif, posture de sagouin (jambes écartées, tête baissée qui bouge à gauche et à droite), rythmique solide mais peu variée, et on ne parle évidemment pas trop de la situation économique ou sociale mondiale dans les paroles. Bon, la bande à Rossi, Parfitt, Lancaster et Coghlan (le quatuor solide du Quo de l'Âge d'Or) ne cherchait pas à révolutionner quoi que ce soit, évidemment. Dans le même genre, on avait Foghat, que je pense préférer au final. Les deux groupes ont sorti leur premier album live la même année, 1977. Celui de Foghat, Live, on en a parlé ici récemment, un album sensationnel (leur meilleure vente, je crois), seul défaut, il n'est que simple. Mais sinon, rien à dire. Celui du Quo ? Il s'appelle Live ! (bravo les mecs) et est, lui, double, et toujours en CD, sa durée étant de 92 minutes, respect.
Un des deux pans de l'intérieur de pochette ouvrante
Respect aussi pour la pochette qui montre les quatre Quo à travers une pochette d'apparence lacérée, avec le titre de l'album et le nom/logo du groupe qui apparaît de ci de là. Pas respect, en revanche, pour la qualité sonore, qui laisse à penser que l'album a été enregistré dans une flaque de boue située au fond de la grotte de Fingal. Ce 'est pas le live qui sonne le pire, mais reconnaissons que la qualité laisse un peu à désirer, brutale, sans finesse, on a un peu de mal à s'y faire à chaque réécoute de ce que le groupe estimera par la suite être son pire album (le groupe a choisi des morceaux issus de trois concerts d'octobre 1976 à l'Apollo Theatre de Glasgow, et n'a pas forcément choisi les meilleurs morceaux, il y à eu des dissensions internes). Ce n'est évidemment pas leur pire album (je ne vais pas dire ce que je pense de tout ce que le groupe a fait à partir des années 80 ; j'adore leur hit In The Army Now, mais c'est bien le seul truc positif que je peux dire sur le Quo post-1976), et Leslie Barsonsec, ici même (sur le blog, pas sur l'article) avait dit, un jour, qu'on ne cherche pas, quand on écoute un live du Quo, à avoir une qualité audio purement exceptionnelle, il faut que cela sente la bière et la sueur. Bon, c'est pas faux, et vu comme ça, Live ! réussit son coup. Ca sent effectivement la Castrol avec laquelle on rigole ou la Motul avec laquelle on... enfin bref. Et puis on trouve ici un Forty-Five Hundred Times de presque 17 minutes à tomber par terre, un Roadhouse Blues (reprise des Doors) de presque un quart d'heure qui, aussi, est à tomber par terre, un couplé Caroline/Bye Bye Johnny de 13 minutes incluant l'inévitable solo de batterie et qui est...
...oui, qui est à tomber par terre aussi. You're so predictable, ma couille gauche.
On trouve aussi Don't Waste My Time, Junior's Wailing, In My Chair ou Roll Over Lay Down parmi les 12 titres (plusieurs sont en fait des assemblages/medleys, je parle donc ici de plages audio) proposés ici. Pas du grand art, mais on parle de Status Quo, pas des Stones. On s'étonnera de l'absence de Down Down, gros classique de 1975, mais personnellement, ça ne m'a jamais empêché d'apprécier ce live (à petites doses, ceci dit : sa qualité audio décevante et le peu d'amour que j'ai pour ce groupe - si je devais faire une liste de mes 50 groupes ou artistes préférés, ils ne seraient pas dedans, mais je ne les déteste cependant pas pendant leur période 1970/1976 - font que je le ressors pas souvent de sa pochette) ni de dormir la nuit. Dans l'ensemble, ce n'est pas un sommet de live (à noter, petite annonce, que dans les jours, semaines à venir, pas mal de double lives, de groupes divers et variés, aussi bien des réécritures que des chroniques inédites, seront publiées en un petit cycle), mais ce n'est pas un disque qu'il faut négliger si on aime le rock sans chichis. Rien d'original, rien d'innovant, juste quatre crétins avec leurs instruments (et leurs sourires de nigauds sur les sous-pochettes illustrées de l'album), et parfois, c'est tout ce qu'on demande.
FACE A
Junior's Wailing
Backwater/Just Take Me
Is There A Better Way
In My Chair
FACE B
Little Lady/Most Of The Time
Forty-Five Hundred Times
FACE C
Roll Over Lay Down
Big Fat Mama
Caroline
FACE D
Rain
Don't Waste My Time
Roadhouse Blues
Je ne vais donc pas être très objectif pour dire à quel point je tiens ce disque pour un chef d'oeuvre, un des très grands live des années 70, que je connais par coeur, après avoir usé le double vinyl et aussi le CD (bien remasterisé en 2005). Sur la qualité sonore, peut-être suis-je formaté depuis mes 13 ans quand je me suis plongé dans ce disque, mais j'avoue n'avoir rien à y reprocher. Oui, ça sent l'huile de moteur, bien vu, c'est du brut (un peu comme le live de Slade dont on parlait hier) mais ce que j'apprécie, c'est qu'on sent vraiment que c'est du live (on va peut-être me dire qu'il y a plein d'overdubs, ce qui m'étonnerait, mais je m'en fous, le résultat est là). Dès l'intro avec l'annonce éructée de l'arrivée du groupe (qui me rappelle les live de Kiss), on sent le public chaud bouillant. La set-list est parfaite (Down Down ne me manque pas non plus), tous les titres sont supérieurs à leur version studio et les 17mn de "Forty Five Hundred Times" restent un monument. Un de mes titres préférés est "Big Fat Mama" avec son riff à la basse repris par le groupe, ça déchire tout. Même le solo de batterie est suffisamment court pour ne pas être plombant.
Status Quo, que la critique aime détester car elle s'y connait et sait ce qui est bien ou pas, est un des groupes les plus anciens à être encore en activité (formé en 1962, sous un autre nom, leur album de 1982 s'appelle 1+9+8+2=20 pour célébrer leurs 20 ans), Francis Rossi, malgré la mort de son alter-ego Rick Parfitt, maintiendra le navire à flot jusqu'au bout (dernier album Backbone sorti en 2019). Quand on a placé plus de 60 titres dans les classements britanniques, plus que tout autre groupe de rock et qu'on a eu 22 titres dans le top 10, on peut se foutre pas mal de la critique.
Évidemment, je ne vous raconte pas le plaisir et l'émotion ressentie le 26 mars 2014, au Palais des Sports de Paris quand la formation réunie avec Lancaster et Coghlan ont rejoué quasiment intégralement ce répertoire. Pas de nostalgie (ou si peu), juste un bonus, un cadeau pour les fans, c'était magique. 1h30 qui donne l'impression de durer 5mn. Les live issus de ces concerts (Frantic Tour) sont très bons (la musique et le son...)