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Aaah, les Eagles... En lisant les différentes chroniques qui, ces dernières semaines, ont été publiées ici, vous avez sans doute compris que j'aimais vraiment énormément ce groupe de soft-rock typiquement californien (et pourtant, il me semble qu'aucun des membres du groupe n'est originaire de Californie). C'est vrai. De leur premier opus à Hotel California, strictement rien à jeter dans leur discographie. Après ? C'est moins grandiose, moins fourni aussi (deux album studios espacés de presque 30 ans, une petite poignée d'inédits sur un album live entre les deux, et un double live très peu de temps avant leur première séparation), mais rien de véritablement mauvais, sauf une ou deux chansons. Arrivé à ce stade du cycle (qui s'achève bientôt, encore un article ; les albums qui viendront ensuite ont déjà été abordés ou réabordés ici il y à un an/un an et demi), le groupe est définitivement hype, de vraies stars. On The Border, sorti en 1974, leur troisième opus, a très bien marché. Il a récolté des critiques parrfois un peu sévères, ou en demi-teinte, mais se vendra vraiment comme des pains au chocolat devant une école. Le groupe semble solide, et a engagé un nouveau membre, ils sont désormais cinq depuis que le guitariste Don Felder est engagé. De plus, ils semblent avoir trouvé leur son avec le producteur qui va avec : Bill Szymczyk. Bref...qu'est-ce qu'ils chantait, déjà, Ménélik, dans les années 90 ? Ah oui, tout baigne

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Le quatrième album du groupe sort en 1975, toujours sur le label Asylum, et sous une pochette iconique représentant un crâne de vache, ou de bufffle, orné d'ailes d'aigle et de plumes, peinturluré à l'indienne, une oeuvre signée Boyd Elder, qui collabore avec le groupe, pour leur iconographie scénique, depuis 1973. Au verso, le groupe pose, fièrement (Felder est en arrière-plan, peu visible par rapport aux autres). A noter : en vinyle, l'ouverture de la pochette est, par rapport au visuel, en haut (ce qui signifie que la tranche avec le titre est en bas ; donc, la pochette est en fait, inclinée sur la droite). Premier album fait en totalité avec Felder, One Of These Nights est aussi le dernier fait avec Bernie Leadon (banjo, guitare, chant), qui partira après la sortie de l'album, mécontent de la tournure que prenait alors la musique du groupe : à la base groupe de country-rock, les Eagles sont désormais, ça semble clair, un groupe de soft-rock, à vocation de plus en plus commerciale. Certains ont sûrement dû se dire mais comment Leadon a-t-il réagi en 1976, après son départ, quand les Eagles ont explosé à la face du monde avec Hotel California ? C'est bien simple, je pense qu'il s'en  foutait, ou même qu'il était content d'avoir quitté le groupe avant ; ce genre de musique n'est pas la sienne, il est plus orienté roots/country que pop/rock ! Sur ce quatrième opus, Leadon est crédité sur trois titres : Hollywood Waltz, co-écrite avec Henley (qui chante, seul, le morceau), Frey et le frangin de Leadon, Tom (excellente chanson) ; I Wish You Peace, qui achève le disque, et qu'il a co-écrite avec sa fiancée de l'époque, Patti Davis, fille de Ronald et Nancy Reagan, chanson qu'il interprète seul, et qui, bien que ne parlant pas de ça, peut très bien servir de chant d'adieu de Leadon envers ses futurs ex-complices du groupe ("je vous souhaite la paix"). Et Journey Of The Sorcerer, instrumental qu'il a signé seul, sur lequel il brille au banjo, un morceau gigantesque achevant parfaitement la face A. 

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Mais l'essentiel de l'album (en terme d'impact commercial, pas en terme de nombre de morceaux) est signé Henley et/ou Frey. Certes, Randy Meisner, le bassiste, chante sur deux titres qu'il a signés : Too Many Hands (un de mes préférés de l'album, sombre et extraordinaire, méconnu aussi) et Take It To The Limit, qui sortira en single et marchera très bien. Et on a même une chanson interprétée par Felder, Visions, cas unique dans la discographie du groupe. Une chanson loin d'être inoubliable, et qui n'est sûrement sur le disque que pour faire plaisir au nouveau-venu (qui l'a co-écrite avec Henley) et donner l'impression d'un groupe aussi démocrate que, disons, les Wings. Ici, en effet, tout le monde chante au moins une chanson à lui. Mais les Eagles étaient à deux doigts de se séparer, en fait, entre  Leadon qui n'aime pas cette nouvelle orientation, Meisner qui, sans doute, en a marre aussi (lui aussi bien de la country), Felder qui vient d'arriver et avec qui ça ne se passera au final pas super bien dans le groupe, Frey qui rêve de devenir le leader du groupe (ici, il interprète le sublime Lyin' Eyes, et co-interprète After The Thrill Is Gone avec Henley) et Henley qui, clairement, prend l'ascendant (Hollywood Waltz, After The Thrill Is Gone, et surtout, One Of These Nights, immense chanson, sans doute ma préférée du groupe, si si). Le départ de Leadon va un peu faire baisser la pression. Le groupe va engager pour le remplacer un killer de la guitare, un artiste génial (dont j'ai déjà parlé ici de ses albums solo 70's, tous recommandés), Joe Walsh, qui gravitait autour du groupe depuis des années. Avec lui, les Aigles vont voler encore plus haut...

FACE A

One Of These Nights

Too Many Hands

Hollywood Waltz

Journey Of The Sorcerer

FACE B

Lyin' Eyes

Take It To The Limit

Visions

After The Thrill Is Gone

I Wish You Peace