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2009, année métallique... Alice In Chains est revenu, Wolfmother se pose en digne héritier des vieux barbons seventies (à la place d'ACDC, je me ferais du souci : les prendre en 1ère partie des concerts australiens pourrait se révéler TRES périlleux !), les Dead Weather remettent le blues épais au goût du jour. De quoi nous venger des sinistres blagounettes de Towers Of London ou des rigolus Darkness qui n'avaient retenu du hard que la facette sleazy à mort, et les colifichets à faire frémir un Steven Tyler un soir de cuite au beaujolpif nouveau !

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Mais dans ce nouveau champ de bataille hardos aux frontières désormais redessinées, une curieuse bête semble attirer l'attention : une sorte d'Hydre de Lerne à trois têtes à la machoire de triceratops dopé aux Purple Hearts. La gestation de cet étrange créature fut longue, Dave Grohl en avait eu l'intuition dès 2005 lorsqu'il déclarait à la presse anglaise son intention d'enregistrer avec les sieurs John Paul Jones et Joshua Homme. Il aura fallu attendre quatre longues années avant de voir ce projet se concrétiser.

A l'orée de l'été 2009, une phrase de miss Brody Dalle, Mme Homme à la ville, a mis le feu aux poudres : "des sons et des rythmes fous, du jamais entendu !". Je ne sais pas ce qu'avait entendu la Distilleuse en chef, ni ce qu'elle avait pris ce jour-là, mais cette déclaration fut suivie par de longs filets de bave chez les rock-critics du monde entier ! La réunion du patriarche Jones (bassiste suprêmement subtil, et musicien / arrangeur hors pair) de chez LZ, du Grohl au jeu de batterie qui ne sent pas des panards, et du rouquemoute en chef des Reines de l'Age de Pierre promettait de mettre toute la concurrence à genoux.

Pour se faire la main et semer le trouble chez les bleu-bites des festoches estivaux, les trois gaillards s'invitèrent sur quelques dates européennes (Lowlands, Reading, Pukklepop, Rock en Seine...) et firent quelques dates US dans de petites salles. Et là, certaines craintes furent soulevées : ce que l'on entendait trahissait un potentiel étonnant ainsi qu'une puissance de bon aloi. Mais parfois une curieuse impression de jams légérement auto-indulgentes pointait le bout de son nez...

Sans compter que l'album se faisait attendre : la date de sortie fut repoussée d'octobre à la mi-novembre. Lorsque le mystère fut enfin dévoilé le lundi 16 novembre, la fébrilité saisit les amoureux de rock burné. Et si la déception était au rendez-vous ? La première écoute se fait dans le recueillement et l'expectative...

Il suffit de cinq secondes pour se voir dissiper le malaise.  Dès que la guitare de Josh H. perfore le riff de "No One Loves Me & Neither Do I", on est en terrain conquis : celui d'un rock lourdissime emmené par une section rythmique souveraine qui ne fera pas retomber l'intensité d'un iota durant les 66 minutes de l'album. La présence de Homme au chant et à la guitare tire la musique du groupe vers les terres QOTSAiennes, mais deux musiciens à la personnalité aussi forte que Jones et Grohl ne peuvent pas faire autrement que d'imprimer leur patte.

Ainsi Grohl bastonne dru tout du long, faisant d'"Elephants" ou de "Reptiles" de curieux rejetons du Zeppelin. Breaks nombreux et jouissifs, guitare inspirée... Une vraie cure de jouvence qui vous donneenvie de jouer à la corde à sauter avec les tripes de Devendra Banhart !

Quelques moceaux plus ramassés et concis sont idéalement placés en première partie d'album : la triplette "Mind Eraser, No Chaser" - "New Fang"- "Dead End Friends" jouent ^parfaitement leur rôle ambigü d'amuses-gueules corsés, et de singles potentiels (si cette forme disographique présente encore un intêret quelconque).

John Paul Jones prend la main sur quelques titres heavy-funky en diable : son Clavinet endiablé sur "Scumbag Blues" ressucite le fantôme de "Trampled Underfoot", et l'on aperçoit Bonham sourire de là-haut en voyant la cohésion et le plaisir que prennent les trois compères... "Caligulove" est aussi taré que son titre le laisse suggerer avec ses claviers déguelants, et "Gunman" est une tuerie hard-funky qui cogne lourd entre l'enclume de Thor et la voix légére et haut perchée de Homme.

Il est amusant de constater que même le "raté" de cet album, le décevant "Bandoliers", passe comme une lettre à la poste après plusieurs écoutes. Une dernière famille de morceaux plus sombres figurent sur la galette : "Interlude With Ludes" ne vole pas son titre, on a bel et bien l'impression d'être défoncé jusqu'à l'os dans une léthargie cotonneuse. Psychedelia time, man ! "Warsaw" semble être un hommage aux Doors, et se traîne légérement en longueur tout en demeurant cohérent. Le morceau final, "Spinning In Daffodils", est selon moi LE morceau de l'album : tordu, lourd, noir charbon, oppressant... Une bien belle sortie pour un album amplement attendu au tournant, et qui a su répondre à mes attentes.

Peut-être un léger point mitigé sur la production : d'une puissance faramineuse, mais qui délaisse les dynamiques au profit d'un assaut permanent qui laisse parfois à bout de souffle au bout de l'écoute. Mais le musicianship des gus et les structures des morceaux appelaient certainement un forgeron viking plutôt qu'une dentellière de Calais !

A noter qu'un deuxième tome ne serait pas à exclure d'ici peu selon Homme et Jones (dèja de nouveaux morceaux sont testés sur scène...), ROCK OUT GUYS !!!

Critique complémentaire de ClashDoherty :

Oh putain ! Cet album est un authentique choc sonore ! Mais que pouvait-on attendre de différent venant d'un groupe tenant en son sein Josh Homme (chant, guitare) des Queens Of The Stone Age, Dave Grohl (batterie) de Nirvana et des Foo Fighters (et Queens Of The Stone Age pour l'album Songs For The Deaf) et John Paul Jones (basse, claviers), de Led Zeppelin ? Avec un tel capital musical, Them Crooked Vultures, premier album éponyme de Them Crooked Vultures, malgré une pochette assez moche (mais en rapport avec leur nom), assure totalement, et propose 66 minutes de déflagration sonique, superbement produite, 13 chansons qui sont toutes absolument irremplaçables. Le disque rock de l'année, probablement.

De No One Loves Me & Neither Do I (mais bon, Josh, on t'aime, nous !) à Spinning In Daffodils (d'accord à 10000000000000000000% avec Leslie - voir plus haut - , ce titre de 7,30 minutes est le monstre de l'album, sa conclusion dantesque), en passant par Scumbag Blues et son clavier très zeppelinien (effectivement, des accents à la Trampled Under Foot), Bandoliers qui peut sembler simple, mais reste un truc de ouf', Mind Eraser, No Chaser ou le long et majestueux Warsaw Or The First Breath You Take After You Give Up (chapeau, le titre), tout est d'enfer ici. Tout. All ! Them Crooked Vultures est un disque de furie binaire et hard, sans prise de tête, même si la production effectivement trop parfaite et puissante, ajouté à la durée du disque, fait qu'il faut plusieurs écoutes (au moins 3) pour bien l'incorporer. Comme pour le Chinese Democracy des Guns'n'Roses ou l'éponyme d'Alice In Chains (de 1995), Them Crooked Vultures mérite qu'on s'y attarde à plusieurs reprises. Ce disque ne mérite pas qu'une seule écoute distraite en fond sonore. D'ailleurs, comment pourrait-on l'écouter autrement qu'avec attention ? Imaginez-vous mettre ce skeud en fond sonore d'une soirée entre potes, par exemple, ou pendant que vous bouquinez le dernier best-seller de Stephen King (au choix) ?

En résumé, inutile de tergiverser : il suffit d'écouter des titres comme Reptiles, Scumbag Blues, Mind Eraser, No Chaser ou Gunman pour s'en convaincre, Them Crooked Vultures, premier du nom, est un monument de hard rock.  66 minutes infernales !

Tracklisting :

1.

"No One Loves Me & Neither Do I"  5:10
2. "Mind Eraser, No Chaser 4:07
3. "New Fang 3:49
4. "Dead End Friends"  3:15
5. "Elephants"  6:50
6. "Scumbag Blues"  4:26
7. "Bandoliers"  5:42
8. "Reptiles"  4:16
9. "Interlude with Ludes"  3:45
10. "Warsaw or the First Breath You Take After You Give Up"  7:50
11. "Caligulove"  4:55
12. "Gunman"  4:45
13.

"Spinning in Daffodils" 

7:28