En 1977, Neil Young publie American Stars'n'Bars, album présentant la particularité d'être vendu sous une pochette faisant partie des plus rebutantes de l'histoire de la musique enregistrée (Neil se faisant emplâtrer la gueule contre une vitre par une femme en talons aiguilles et tenant une bouteille de whisky, photo retouchée et conçue par l'acteur Dean Stockwell). Pendant longtemps, cet album (et quelques autres : On The Beach, Re.ac.tor, Hawks & Doves) ne sera pas réédité en CD, et il semblerait que ce soit le Loner lui-même qui ait empêché ces rééditions, finalement arrivées comme des grandes filles en 2003. Autant on peut se demander ce qui a poussé Neil Young à retarder la sortie CD de On The Beach (album magistral de 1974, un de ses trois meilleurs), autant on ne se pose pas la question pour les trois autres disques enfin sortis en 2003. Ils sont, en effet, assez moyens. Pour ne pas dire pire, en fait.
American Stars'n'Bars est pour le moins un disque décousu, sans vraie direction. Sans unité. L'album n'a pas été conçu comme tel, les morceaux qui le composent (9 au total : 38 minutes de musique à forte tendance country-folk) devaient à la base se trouver sur un album qui ne verra pas le jour : Homegrown. L'enregistrement de ces 8 chansons s'étendra entre 1974 et 1977. Star Of Bethlehem (1974, avec EmmyLou Harris au chant), Like A Hurricane et Homegrown (1975, avec son groupe Crazy Horse) seront tirées, sauvées, des sessions d'enregistrement de cet album perdu. Will To Love, avec son ambiance 'feu de camp' (bruitages claquants de feu de bois) a été enregistrée en 1976. Ces 4 chansons se trouvent sur la face B de l'album. La face A, elle, comprend 5 titres enregistrés avec Linda Ronstadt, Nicolette Larson au chant, Carole Mayedo au violon, et Crazy Horse : The Old Country Waltz, Saddle Up The Palomino, Hey Babe, Hold Back The Tears et Bite The Bullet. Selon la légende du Loner, ces 5 chansons auraient été enregistrées sans l'accord des guests (Ronstadt, Larson...), en 1977. Elles auraient aussi été enregistrées toutes en une seule journée. Doit-on dire chapeau bas à Neil Young ?
Sans doute pas. Si Saddle Up The Palomino et Hold Back The Tears sont belles, l'ensemble de la face A, la face récente et vraiment 'pure' de l'album, est assez moyen. Chansons courtes (Hey Babe, la plus longue, dure 3,35 minutes) et peu intéressantes. La face B est plus décousue encore, mais meilleure. Elle contient le sublimissime Like A Hurricane, 8 minutes essentielles pour tout fan du Loner. Je vais être honnête, il n'y à que deux raisons valables pour acheter (souvent à prix très peu élevé, heureusement) American Stars'n'Bars : d'abord, pour compléter sa collection d'albums de Neil Young (à condition d'être fan) ; ensuite, pour Like A Hurricane. Solo de guitare parfait, jamais l'ennui ne se pointe malgré les 8 minutes, Like A Hurricane est un des joyaux du Loner avec Cortez The Killer (1975). L'autre grande chanson de la face B est Will To Love, 7 minutes assez belles et sobres. Bon, là, par contre, on s'emmerde un peu durant l'écoute ! Le reste est somme toutes du niveau de la face A, autrement dit, pas foireux, mais vraiment en-dessous du niveau des précédents albums du Loner. C'est un fait, American Stars'n'Bars est son premier ratage. Un disque sans âme, dont l'unique intérêt réside dans une chanson de 8 minutes. C'est la principale raison d'achat de ce disque, mais vous en conviendrez, c'est quand même sacrément peu ! Et puis cette pochette de merde, enfin !!
FACE A
The Old Country Waltz
Saddle Up The Palomino
Hey Babe
Hold Back The Tears
Bite The Bullet
FACE B
Star Of Bethlehem
Will To Love
Like A Hurricane
Homegrown