Je l'ai déjà dit plein de fois, mais bon, je vais le redire, parce que c'est quand même bien pratique pour introduire une chronique : Queen fut le premier groupe dont j'ai été fan. J'ai quasiment découvert le rock par leur biais. Il y à des albums qui m'ont emballé direct (comme A Night At The Opera, A Day At The Races dont j'ai reparlé ici il y à peu de temps, News Of The World et, j'ai honte de le dire, A Kind Of Magic, que je ne peux plus trop écouter maintenant), d'autres qui m'ont laissé froid comme un glaçon en hiver (Jazz, j'ai toujours eu du mal ; le premier opus m'a longtemps résisté, et encore aujourd'hui, je ne l'aime pas tant que ça, sans le détester). Queen II est un de mes grands préférés, mais je l'ai découvert sur le tard. Flash Gordon Soundtrack et Hot Space m'ont fait, quand je les ai découverts autrefois, virer de bord, le groupe a bien baissé dans mon estime à cause de ces deux albums bien merdiques. Sheer Heart Attack, lui, je ne savais pas trop par quel bout le prendre. A la fois il me plaisait et me rebutait. Certaines de ses chansons me plaisaient énormément, et je les écoutais souvent. D'autres m'étaient tellement insupportables que je les 'sautait' avec la télécommande de ma chaîne hi-fi. Je crois même que j'avais fait une copie K7 de mon CD, sans ces morceaux, ce qui en faisait un album plus court que ses 38 minutes. Il devait en durer 25 ou 26, ce qui fait une sacrée grosse différence, surtout quand on sait que pas mal des 13 morceaux sont assez courts.
Cet album, c'est leur troisième opus, et comme le précédent (Queen II), il date de 1974, sorti en novembre, enregistré entre juillet et septembre, en partie pendant une période assez compliquée (Brian May, qui s'était chopé une hépatite pendant la tournée promotionnelle de Queen II, était hospitalisé, et n'a pas pu participer à tout le disque ; John Deacon, bassiste à la base, tient la guitare acoustique sur pas mal de morceaux). L'album est considéré comme une pierre angulaire du glam-rock et sera dans l'ensemble super bien accueilli à sa sortie, le New Musical Express en parlera comme d'un vrai festin de roi. Un disque, aussi, extrêmement varié, et j'imagine que c'est ça qui a fait qu'au départ, j'ai eu du mal avec lui. On passe d'un morceau très heavy à du glam décadent, on a une ballade au piano, une incartade caribbéenne, un pastiche rétro type années 30, un morceau très furax (que Metallica reprendra, no shit, je parle de Stone Cold Crazy), un morceau très chelou riche en vocalises terriblement stridentes... Quand on a 13 ans, on recherche souvent des trucs plus digestes et accessibles. Et cette pochette, qui suinte la décadence par tous ses pores. Le groupe, avachis les uns sur les autres, débraillés, échevelés, en sueur, regards fixant un horizon mort au fond d'un verre de tise, braguettes et chemises ouvertes. J'imagine que ça a fait un peu scandale à l'époque, cette photo (prise par Mick Rock, et reproduite, avec un effet verre brisé, au verso), très sexe sans que rien d'osé n'y soit montré.
Sheer Heart Attack (trois ans plus tard, le groupe enregistrera une chanson éponyme, composée en partie durant les sessions 1974) est un disque majeur pour la Reine. Il vous faudra peut-être plusieurs écoutes pour vous en rendre compte. Mais certaines chansons devraient faire l'unanimité dès le départ, notamment Now I'm Here, qui achève la face A sur une petite furie hard-rock, et qui, en live, sera prétexte à de belles envolées. Ou bien Brighton Rock, ouverture de l'album, dont le magistral solo de guitare (un de mes premiers chocs en la matière) sera joué live à la sauce surpmultipliée. Ou bien Killer Queen, morceau décadent et très glam, un tube à l'époque, que Mercury chante d'une voix très maniérée. Ou le final de l'album, In The Lap Of The Gods...revisited, qui n'est pas la suite de In The Lap Of The Gods, morceau opératique ouvrant la face B sur des vocalises stridentes et presque flippantes du batteur Roger Taylor. L'album offre aussi la belle ballade de Brian May (il la chante) She Makes Me (Stormtrooper In Stilettos), morceau terriblement méconnu, presque négligé ; Tenement Funster, écrite et interprétée par le batteur, qui a toujours été un de mes morceaux préférés de l'album ; ou la belle complainte au piano Dear Friends, qui ne dure qu'une minute ; ou Lily Of The Valley, presque deux fois plus longue, et trs touchante. Après, Misfire n'est pas terrible, et Bring Back That Leroy Brown, pastiche rétro, est positivement insupportable. Mais ça fait à peine 4 minutes ratées sur 38 minutes, autrement dit, négligeable. Dans l'ensemble, c'est un des meilleurs opus du groupe, tout simplement. Mais au début, il vous faudra sans doute vous accrocher un peu...
FACE A
Brighton Rock
Killer Queen
Tenement Funster
Fick Of The Wrist
Lily Of The Valley
Now I'm Here
FACE B
In The Lap Of The Gods
Stone Cold Crazy
Dear Friends
Misfire
Bring Back That Leroy Brown
She Makes Me (Stormtrooper In Stilettos)
In The Lap Of The Gods...Revisited
Et franchement Metallica aurait du s'abstenir de souiller "Stone Cold crazy"...
Misfire est rigolote, mais Bring back est ignoblement ignoble !