Sorti en 2003, The Power To Believe est à ce jour le dernier album studio officiel de King Crimson. C'est un album que les fans du groupe attendaient, car ce n'est rien de dire qu'après un The ConstruKction Of Light (2000) ultra décevant, le groupe était attendu au tournant par des fans armés d'un fusil à pompe, prêts à achever la bande à Fripp en cas de nouvel échec. Force est de constater deux choses avec The Power To Believe (et sa pochette de P.J. Crook, designer attitré des albums les plus récents du groupe, live, albums studio et compilations réunies) : il ne déçoit pas autant que le précédent album. Première chose. Et il reste quand même nettement en-dessous des canons crimsoniens que sont Red, Lizard, Discipline et le premier album. Seconde chose.
A la première constatation, on dire que faire pire que The ConstruKction Of Light était difficile, voire impossible. A la seconde constatation, j'entends déjà certains dire que The Power To Believe n'a rien à voir avec, au pif, Red. Certes. Déjà, le son est nettement moderne, sur cet album de 2003. Il est même totalement industriel, technologique, électronique. Plus de batterie traditionnelle (la batterie électronique est, elle, tenue par Pat Mastelloto). Plus de vraie basse (mais une warr-guitar, tenue par Trey Gunn). En revanche, guitare et chant (peu de chant, d'ailleurs) pour Adrian Belew, et guitare et soundscapes (ambiances) pour Robert Fripp, là, ça ne change pas.
L'album dure 51 minutes, il offre 11 titres, et comme KingStalker l'a dit dans sa critique de l'album (que je reproduis ci-dessous, comme pour les autres albums de Crimso présents ici), beaucoup, voire quasiment tous les titres se trouvaient déjà sur des mini-albums (ou EP) sortis auparavant. Ceux qui ne possèdent pas ces EP (moi, par exemple) en ont un peu rien à secouer, que l'album soit une sorte de compilation de différents mini-albums de la même période. Les fanatiques collectionneurs, eux, se sentiront un peu blousés, mais business is business. Crimso, ici, a juste offert deux titres (en fait, un, car un des deux est si court qu'il ne compte pas) : Facts Of Life (et son Intro). Comme KingStalker l'a dit, l'album n'est pas parfait, il propose quelques titres pas terribles : Elektrik, The Power To Believe, Part I : A Capella et Facts Of Life (justement). L'album, aussi, offre des titres magnifiques, comme The Power To Believe, Part 2, Happy With What You Have To Be Happy With (allez, exercice : prononcez ce titre de chanson le plus rapidement possible !) ou Level Five.
Mais, mais, mais...mais je n'arrive vraiment pas à considérer cet album moderne et original (le son est incroyable) comme un grand Crimso. The Power To Believe est un disque que pourrait être considéré comme charnière dans la discographie du groupe de Fripp (comme le premier album, Larks' Tongues In Aspic, Discipline et THRAK peuvent aussi l'être : un nouveau style musical à chaque fois, une nouvelle orientation, une progression). Mais malgré la nette originalité du projet, malgré sa qualité musicale mille fois supérieure à celle de l'album The ConstruKction Of Light, malgré une atmosphère très particulière et intéressante, je n'arrive pas à apprécier ce disque comme je le devrais. Décidément, je ne suis pas fanatique du Crimso de l'après Red. Soit j'aime énormément (Discipline), soit je supporte (Beat), soit je hais (The ConstruKction Of Light), mais jamais je ne saute au plafond comme je le fais avec les albums de la première époque. Suis-je trop vieux pour ces conneries (sous-entendu, la musique de cet album est-elle trop moderne pour mes oreilles habituées au rock progressif classique) ?
Critique complémentaire de KingStalker :
The Power To Believe est l'apothéose de 10 ans de recherches acharnées... Il est la fin d'un cycle entamé par le très bon THRAK et à la manière d'un Red va condenser et synthétiser tout ce que Crimso' a vu jusque là...
The ConstruKction Of Light en est l'étape principale, l'étape de la recherche profonde, de ce fait, ils ressemblent à un produit non-finit et fut vite jeter aux oubliettes (fin malheureuse pour cet album pas si mal que ça). J'ajoute qu'en bon fan crimsonien, j'ai acheté tout ce que je pouvais.
Les minis, les coffrets, les DVD, les bootlegs... Ce qui touchait aux musiciens eux-même, j'ai acheté les ProjeKcts et j'en ai un constat simple...
King Crimson ne cherche plus à innover ses arpèges mais à les améliorer. Symbole d'un groupe en perpétuelle recherche de l'illumination musicale ainsi que la fin de ce groupe magistral.
Oui, un souffle d'adieu plane sur The Power To Believe et quel adieu!
Oui, ce KC de 2003 est le meilleur objet studio pondu par le groupe depuis Three Of A Perfect Pair, rien que ça!
Pas mal de titres de cet album ne sont pas inédits, à part les Facts Of Life, tous les autres titres se trouvent déjà sur les minis. Le non-fan crimsonien criera à l'arnaque. Pas moi, les titres sont ici améliorés et apportent à ces derniers de vraies nouveautés pourtant imperceptibles!
11 titres, 6 chef d'oeuvres... Le constat est clair, KC ne rigole plus!
Parlons des 4 titres moins bons avant d'entamer les grands moments.
Commençons par Elektrik qui est une suite d'arpèges assez interminables rappelant FraKctured de l'album précédent et ce n'est pas forcément une bonne comparaison. On en a fait le tour en 3 minutes et le titre en dure 8... C'est lassant!
Dangerous Curve propose une excellente montée mais le début est trop mou.
Après, ce sont les Power To Believe ouvrant et clôturant l'album... Mais bon, ils durant 3 fois rien et se laisse quand même écoutés! Et puis, il y a le morceau d'intro de Facts Of Life qui n'apporte rien!
Niveau chef d'oeuvre, on a:
Level Five qui cristallise tout ce que crimso' a vu jusque là... Quelle montée, quelle violence, ça fout la trique tout simplement!
Eyes Wide Open offre de très belles ambiances et quels arpèges! Fripp a beau être vieux, il joue encore comme un dieu!
Facts Of Life est le seul titre inédit du disque, c'est vraiment une bombe. Très électronique (quel son de batterie et quels rythmes!) et très métal, une nouvelle bonne cuvée qui ne vaut pas un Level Five malgré tout!
The Power To Believe, Part II rappelle l'intro de Larks' Tongues In Aspic, Part I... Les ambiances sont flippantes, mystérieuses, intriguantes! A chaque écoute, j'ai les larmes aux yeux, c'est génial!
Happy With What You Have To Be Happy With est le titre métal par excellence du disque! Quel riff, je trippe à fond là-dessus... J'avoue que le titre me rappelle Red (le titre)!
The Power To Believe, Part III est un titre violent, sombre, industriel, désincarné, fabuleux!
Le constat est clair, Crimso' ne fait pas dans la dentelle, ils sont directs et c'est tant mieux.
Certes, les mauvaises langues diront qu'on retrouve la plupart des titres sur des minis... Mais c'est le but de la recherche des songs parfaites! Le résultat est presque réussi, dommage, ils étaient à deux doigts de la perfection!
The Power To Believe, Part I : A Capella
Level Five
Eyes Wide Open
Elektrik
Facts Of Life : Intro
Facts Of Life
The Power To Believe, Part II
Dangerous Curves
Happy With What You Have To Be Happy With
The Power To Believe, Part III
The Power To Believe, Part IV : Coda
Effectivement, ceux qui possèdent les minis et autres EP du crimso' (comme moi) se sentiront floués. Mais si vous aimez crimso', si vous pêtes un crimhead pur et dur vous apprécierez les changements opérés sur les titres non-originaux.
La version de l'album de Level five est meilleure que celle que l'on peut trouver sur l'EP du même nom par "exemple.
N'hésitez pas!
Très bonne chronique clash