31q6936OEEL

Sorti en 2000, The ConstruKction Of Light est le plus mauvais album de King Crimson. En fait, leur seul album vraiment mauvais. L'album est à ce jour l'avant-dernier album studio du groupe. Il offre une quatrième partie à la fameuse suite Larks' Tongues In Aspic, démarrée sur l'album du même nom en 1973 (les deux premières parties), poursuivie tardivement en 1984 sur Three Of A Perfect Pair (troisième partie), et achevée ici (partie 4, en...trois parties). The ConstruKction Of Light, avec sa pochette aussi insignifiante que son contenu, a été enregistré par un groupe revampé et réorganisé : Robert Fripp (guitare, soundscapes), Adrian Belew (guitare, chant), Trey Gunn (basse, stick, warr guitar) et Pat Mastelloto (batterie et percussions électroniques). Plus de Bill Bruford, qui était dans le groupe depuis 1972. Plus de Tony Levin, qui était là depuis 1981. Ces deux-là manquent cruellement, surtout Levin, un bassiste et stickman de génie (écoutez les albums de Peter Gabriel pour vous en convaincre).

kingcrimsonbw1101smtl0

The ConstruKction Of Light est d'un genre radicalement différent, car électronique. Discipline, Beat et Three Of A Perfect Pair étaient pop, THRAK et THRaKaTTaK étaient metal progressif et expérimental, et ici, c'est nettement plus orienté rock progressif, mais avec des sonorités on ne peut plus modernes (notamment la batterie, qui fait techno par moments). Autant le dire tout de suite, si l'album est mauvais, ce n'est pas à cause du groupe. Crimso a toujours bénéficié de musiciens de grand talent, et l'album ici présent ne fait pas exception. Fripp, Belew, Gunn, Mastellotto, sont talentueux, extrêmement. Ils assurent. Manque de pot, la musique qu'ils proposent est, à la base, sans aucune originalité (rien que le fait de refaire une partie supplémentaire, et qui plus est elle-même divisée en 3 parties, de Larks' Tongues In Aspic, en dit long sur la carence d'imagination). Comme il a été dit sur un site musical dont vous trouverez le lien à droite (cherchez !), la musique de Crimso était culte et grandiose dans les années 70, mais la refaire dans les années 2000 la rend immédiatement faisandée.

robert_fripp

Vraiment plat et sans aucune saveur, sans intérêt, The ConstruKction Of Light est à réserver aux fans ultra-hardcore de King Crimson. Eux seuls parviendront, à la rigueur, à en retirer quelque chose. Car je dois bien dire que deux titres, ici, sont, à la rigueur, un peu intéressants : le morceau-titre, scindé en deux plages audio, et la refonte modernisée de Fracture, intitulée aussi connement que logiquement FraKctured. Une refonte intéressante, mais quand même trop longue et moins forte, vraiment moins forte, que Fracture. Rien n'égalisera jamais l'original de 1974 (Fracture, instrumental tétanisant, est sur Starless And Bible Black), ceci dit, et si vous voulez du bon Crimso moderne, ruez-vous sur le difficile mais parfait THRaKaTTaK plutôt que sur The ConstruKction Of Light qui sent vraiment bon (ironie) la fin de série.

Critique complémentaire de KingStalker :

Si je devais citer l'album le plus mauvais de King Crimson, ce serait bien celui-ci... King Crimson a toujours eut cette volonté de toujours vouloir aller plus loin, plus haut etc. De ce fait, il a publié nombres d'esquisses et de brouillons plus ou moins réussies. The construKction Of Light, de même qu'un Three Of A Perfect Pair ou un Starless And Bible Black se classe ainsi. Sauf qu'à la différence des deux albums précités, il est inintéressant dans le sens  où il apporte moins que certains live (officiels ou non) ou DVD comme le très réussi Déjà Vroom. De ce fait, on peut se demander l'utilité de ce disque pour l'évolution de King Crimson. THRaKaTTaK apportait beaucoup pour le groupe, notamment le retour des improvisations débridées plus ou moins oubliées durant les eighties... The construKction Of Light à côté fait un peu tâche car encore une fois n'apporte rien et même retourne vers son glorieux passé en tentant de remettre au goût du jour une des pièces les plus impressionnantes de son glorieux passé... Fracture paru sous l'égide de Starless And Bible Black devient FraKctured. Ce qui fait de l'original une des pièces les plus imposantes de l'histoire de la musique, c'est ses longs moments de silence qui écrasent littéralement l'auditeur pour encore mieux nous happer durant les irrémédiables et irrésistibles montées. On peut toujours se torcher ici. J'ai la douloureuse impression que Robert Fripp ne comprend pas sa bête et l'émascule de toute puissance en la rendant bruyante, fini les moments de silences, bienvenue aux bavardages inutiles.
Certains diront que ça ve de paire avec cette envie de rendre électronique et de plus en plus industrielle de la musique de King Crimson. Il est clair que le concept de ce disque est le suivant:
Faire un album comme le ferait une machine. C'est à dire quasi sans-émotions, viré tous les éléments qui font de la musique de King Crimson une musique divine mais humaine. Oui, vous l'avez compris, King Crimson s'appuie sur son passé pour envoler sa musique vers de nouvelles contrées. Bof, bof pour ma part et pire que bof même FraKctured est une abomination. Continuons dans les très mauvaises surprises avec le morceau starter ProzaKc Blues. Oui, le groupe devait vraiment être sous prozac quand il composait ce morceau parce que franchement, aussi mauvais chez King Crimson, c'est indigne... Le morceau est comme son nom l'indique lent et est un putain de somnifère. Voilà ce que donne le Crimso' du second millénaire quand il n'a pas d'inspiration... Cela fait peur, au moins, ce titre aura le mérite de faire rire les ans à petites doses de King Crimson, moi, en tant que fanpur et dur, je pleure. C'est tout simplement honteux. Dans les mauvaises surprises nous avons aussi les suites de la désormais interminable pièce Larks' Tongues In Aspic. Encore une fois, le groupe revisite son glorieux passé. Si la partie 3 sur l'album Three Of A Perfect Pair était sympa autant là, c'est tout simplement à gerber. Je vais pas tourner autour du pot pendant 3 heures, ces suites n'en valent pas la peine. Elles n'apportent rien du tout par contre Fripp nous prouve une nouvelle fois qu'il sait jouer de la guitare et pondre de bons solos quand il veut. En effet, chaque pièces comportent son solo et bien souvent, ils sont réussis. Après, le reste...
Voilà pour le réellement mauvais passons aux pièces un peu plus dignes d'intérêt. Comme la suite The ConstruKction Of Light qui offre une prémice à ce que sera le titre Elektrik sur l'album The Power To Believe. Le titre est constitué de deux parties, une pendant laquelle le groupe perfectionne et sort tous ses bons arpèges, personnellement j'accroche assez. L'ambiance est sympa, la plupart déploreront le fait qu'il n'y ait aucun moment de silence. Je trouve pas, justement elle sert bien l'espèce d'explosion d'une finesse assez rare pour qu'on le souligne! Cette partie I ouvre parfaitement la partie 2, la plus belle, la plus atmosphérique; la partie chantée. J'aime beaucoup le chant de Belew, c'est un fait et ici, je trouve qu'il se surpasse dans les émotions qu'il fait passer à l'auditeur. Le groupe reprend un peu le thème de Discipline avec le fameux tricot tout en rajoutant le chant de Belew. Frissons assurés pour ma part, cet avis reste purement objectif.
Dans le rayon des titres corrects, nous avons aussi Into The Frying Pan. Morceau qui en a dans le ventre... Quel chant, je sais pas pour vous mais moi j'ai l'impression d'entendre un peu de Alice In Chains durant le refrain. Impression sûrement fausse mais quand même... C'est un titre bien rock avec des solis encore frais et varié à noter Fripp qui imite le son d'un piano... La ressemblance est troublante, bien vu! Néanmoins, la fin est toute simplement interminable. The World's My Oyster Soup/Kitchen Floor Wax Museum est le titre le plus violent du disque, l'ambiance est sympa, c'est assez rock n' roll dans le riff... Après, de là à dire que c'est un bon titre, il n'y a qu'un pas. Les meilleurs moments sont les moments finaux avec la sublime Coda : I Have A Dream. Perle d'ambiances et toute simplement apocalyptique, une douce odeur de fin du monde plane sur ce titre, la prémice d'un The Power To Believe. Mais à cette ambiance chaotique se mêle de l'optimisme... I have a dream.
Le dernier titre Heaven And Earth est crédité au nom de ProjeKct X. Il  faut savoir que le grand trip de Robert Fripp était les ProjeKct. Les  ProjeKct sont des espèces de mini-groupe comprenant chacun des membres différents du groupe... Bien sûr, Fripp participe à chaque ProjeKct. Il les créa environ vers 1997-98. Chaque ProjeKct a du bon et du moins bon, pour moi, les surprises fuirent bonnes. D'ailleurs, je chroniquerai tous ce qu'ont fait les ProjeKcts, cela prendra son temps mais ça se fera. Par exemple, le ProjeKct one était composé de Tony Levin, Trey Gunn, Bill Bruford et Robert Fripp. Ce ProjeKct ne publia (à ma connaissance) qu'un bootleg et un live. Un très bon live par ailleurs. Le meilleur ProjeKct est moi le three... L'album Masque est une perle expérimentale et ingénieuse. Sans oublier le bootleg Live In Austin: 1999. Le ProjeKct X a publié l'album Heaven And Earth, c'est un album sympa mais pas au niveau des quatres autres ProjeKct. Le titre Heaven And Earth vient donc de ce ProjeKct est offre un bon panels de sensations et d'émotions. De plus, l'expérimentation est là... Pour finir avec les ProjeKct, je ne peux que vous recommander le très bon coffret The ProjeKcts qui est une vraie perle.
Il contient le Live At Jazz Café du ProjeKct one ; le Live Groove du ProjeKct two; Masque du ProjeKct three et enfin le West Coast Live du ProjeKct four. Ce coffret fournit une bonne entrée en matière en ce qui concerne les ProjeKcts!
The ConstruKction Of Light n'est pas si mauvais, c'est juste une énorme déception comparé à tout ce que le groupe a prouvé durant des lives d'époques et autres minis. Quelques titres tels que The ConstruKction Of Light 1 et 2 ou Into the frying Pan sauve le disque de la misère. Le groupe pêche ici par un trop plein de sons, un album bavard et bruyant inutile et trop long mais qui contient ses fulgurances...

ProzaKc Blues

The ConstruKction Of Light (Part 1)

The ConstruKction Of Light (Part 2)

Into The Frying Pan

FraKctured

The World's My Oyster Soup/Kitchen Floor Wax Museum

Larks' Tongues In Aspic, Part 4

Larks' Tongues In Aspic, Part 4 (continued)

Larks' Tongues In Aspic, Part 4 (continued and ended)

Coda : I Have A Dream

ProjeKct X : Heaven And Earth