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Revoilà les Simple Minds qui se pointent gentiment en plein été, comme des chats (bah oui, c'est la mi-août...OK, je sors, surtout que le 9 août, c'est pas la moitié du mois, mais laissez-moi d'abord faire cette chronique, d'accord ?), quelques semaines après qu'ils aient eu droit à quelques articles. Bon, vous le savez tellement je ne cesse de le répéter, mais les Simple Minds, c'est un de mes groupes de chevet, vraiment, et l'album qui nous intéresse aujourd'hui est un de mes grands préférés d'eux. C'est presque avec ce disque que j'ai découvert les Minds, en fait. Je ne connaissais d'eux que trois chansons avant de me procurer cet album, les chansons étaient Don't You (Forget About Me), Alive And Kicking et Mandela Day. Un jour, en brocante, dans ma ville, je devais avoir 18 ans, je tombe sur un mec qui vend pas mal de CDs (je n'achetais pas de vinyles à l'époque, car je n'avais pas encore de platine). Parmi eux, le Rouge de Fredericks/Goldman/Jones en boîtier métal gravé d'origine, que je n'ai pas acheté parce qu'à l'époque, ça ne m'intéressait pas (con que je suis...j'ai longtemps regretté de ne pas avoir acheté cette édition collector depuis, jusqu'à ce que je me la paie, pas trop cher, sur le Net), pas mal de trucs pas tzarribles aussi, du genre boys bands à la Alliage ou de la dance 90's (Ace Of Base, 2 Unlimited, ce genre...)...et cet album des Minds. Je regarde la liste des morceaux, je tombe sur Mandela Day vers la fin, hop, je l'achète. Street Fighting Years, sorti en 1989, fut donc mon premier album de la bande à Jim Kerr et Charlie Burchill. 

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D'aucuns diront que je n'ai pas démarré par le pire ; si ça avait été Néapolis (nous étions sans doute vers 1999 ou 2000, donc l'album existait déjà), je ne serais peut-être pas devenu aussi dingue de ce groupe. Mais il se trouve que Street Fighting Years est un des meilleurs albums du groupe, lequel, à l'époque, est un trio : Jim Kerr (chant), Charlie Burchill (guitare) et Michael MacNeil (claviers, accordéon). Les autres musikos sont des invités, comme les batteur Mel Gaynor (qui fit et refera partie du groupe) et Manu Katché, les bassistes John Giblin et Stephen Lipson, la violoniste Lisa Germano. L'album est produit par Stephen Lipson et Trevor Horn et bénéficie de la participation amicale, sur un titre, de Lou Reed (Stewart Copeland, batteur de The Police, est crédité comme, en anglais dans le texte, rhythmatist). Long d'une heure pour 11 titres (10 en vinyle, mais la durée n'est pas trop différente : le morceau retiré, When Spirits Rise, instrumental celtique final, ne dure que 2 minutes), cet album sera un très gros succès à sa sortie, grâce notamment à deux singles : Belfast Child, monument celtique qui file des frissons (cette montée en puissance...qui n'est pas la seule sur l'album), et surtout Mandela Day, hymne pour la libération de Nelson Mandela, chanson que le groupe, hélas, semble ne plus trop interpréter live (de même que des morceaux de cet album, d'ailleurs ; le groupe a sorti pas mal de lives ces dernières années, quasiment aucun ne contient de morceaux de Street Fighting Years) et qui était donc une des trois que je connaissais déjà. L'album dans sa globalité n'est pas du style des précédents opus (qui étaient dans l'ensemble de la new-wave pop à partir de 1982 ; et de la new-wave assez arty entre leurs débuts en 1978 et 1981). Ici, on est dans de la big music à la U2 et Waterboys de la même époque. Enfin, surtout ces derniers, U2 ayant réussi, en 1987, à distancer ses concurrents. 

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L'album est du genre à s'infuser lentement, lentement. Pas mal de morceaux sont assez lents, calmes, plusieurs sont de durée respectable (plus de 5 minutes, parfois plus de 6). La première fois que je l'ai écouté, ce disque, j'avoue, je me suis emmerdé par moments, j'attendais des morceaux rythmés (il y en à quand même : Take A Step Back, Wall Of Love, mais c'est à peu près tout), j'avais des chansons calmes, mélancoliques, sans aucun doute engagées (le titre de l'album, le choix de la reprise du Biko de Peter Gabriel, Mandela Day, This Is Your Land - avec Lou - sont des titres de chansons sans équivoque), dommage que les paroles manquent dans le mince livret (reproduit en intégralité dans l'intérieur de pochette vinyle, ci-dessus). Avec les écoutes répétées, l'album est devenu un compagnon indispensable, aussi bien à la maison qu'en voiture (un disque parfait pour les longs trajets), et je suis bien content qu'il soit aussi faussement pépère. Il n'en est que plus prenant. Soul Crying Out est une pure merveille, This Is Your Land (sur laquelle, donc, Lou Reed, à l'époque en pleine renaissance artistique, fait une rapide apparition vocale, money can't buy me, money can't buy me, I've got time, time is on my side) est à tomber, Let It All Come Down est mélancolique et splendide, les deux hit singles sont grandioses, la reprise de Biko est très réussie (mais oui, en effet, l'original est meilleur, on parle de Peter Gabriel, après tout, le mec qui est capable de faire des reprises meilleures que les originaux, alors quand il s'agit de reprendre une de ses chansons, le niveau est élevé), Take A Step Back est mouvementé, et semble un peu incongru au départ à cause de ça, mais est efficace...

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Coffret collector sorti récemment..

...et on a Street Fighting Years. Le morceau-titre ouvre l'album sur plus de 6 minutes à faire pleurer un caillou du désert de Gobi. Que dire ? Contrebasse prenante en intro, chant sobre, mélancolique, sur un accompagnement discret... Les grandes eaux versaillaises démarrent dans un refrain instrumental digne des plus belles heures de la big music. Excellente guitare, vaguement aérienne (l'image d'un guitariste s'échinant sur son instrument en haut d'une falaise battue par les vents marins me vient en tête à chaque fois, allez savoir pourquoi...), et puis Jim Kerr, après une petite vocalise, commence son monologue final sur fond d'accompagnement progressivement de plus en plus héroïque.

 I'm looking through the windows

And my mind goes in a whirl

Well there's a multitude of candles

Burning in the windows of this world...

On sent une tension monter, un crescendo redoutable, émotionnellement intense. Et puis le final, très fort, terriblement prenant, And I hear great wheels are turning/And I tell you not to fear/They say this is the time and place/They call street fighting years (x2)/And I love you, I look for you/And I walk to you, I walk to you...Le morceau se finit en tension relâchée, un petit peu de silence, une ou deux secondes, et puis sept notes de piano, douces, tristes comme une séparation, belles comme des retrouvailles, qui viennent nous achever.

Dire qu'un morceau aussi époustouflant est l'intro de ce magnifique album...d'ailleurs, ce morceau, vous le trouverez en bas d'article, certaines choses sont si belles qu'il faut faire péter, comme on dit vulgairement. 

FACE A

Street Fighting Years

Soul Crying Out

Wall Of Love

This Is Your Land

Take A Step Back

FACE B

Kick It In

Let It All Come Down

Mandela Day

Belfast Child

Biko

Bonus-track CD : 

When Spirits Rise