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 Les Red Hot Chili Peppers ? J'aime pas. Mais alors, vraiment, j'aime pas, du tout, du tout, DU TOUT.

Mais alors, dans ce cas, pourquoi en parler ? Oh bah, histoire de. Et puis, si je n'ai jamais aimé ce groupe qui m'énerve bien comme il faut, il y à quand même, chez eux, un album qui me plaît beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP (oui, je sais, ça devient chiant).

La chose marrante, avec cet album, c'est que, souvent, les fans du groupe ne l'aiment pas beaucoup, lui, parce qu'il symbolise une période un peu particulière et pas vraiment représentative de leur style. Parce que c'est sans doute l'albume le moins représentatif de leur carrière. Mais en revanche, pas mal de personnes n'aimant pas vraiment ce groupe ont une tendresse particulière pour One Hot Minute, car tel est l'album en question. Pour ma part, c'est simple : j'avais, autrefois, en ma possession, à peu près tous les albums du groupe, de leur deuxième (Freaky Styley, produit par George Clinton de Parliament/Funkadelic, 1985) à I'm With You (2011). Je me suis débarrassé de tous ces albums qui encombraient mon étagère CD, sauf cet opus de 1995 que j'ai non seulement conservé...mais racheté en vinyle. Je fus d'ailleurs déçu, consterné même, de constater que la réédition vinyle de l'album était simple...alors qu'à la base, en 1995, cet album est sorti en tant que double vinyle (le CD a toujours été simple, lui ; l'album dure 61 minutes). Pourquoi foutre en l'air l'agencement vinyle initial (chaque face du double album se finit sur un morceau définitif et long) en réduisant ce Physical Graffiti moderne en un simple vinyle tout bête et tout con ? 

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Physical Graffiti Moderne ? Oui, en effet. Il faut savoir un truc avec One Hot Minute : si les albums des Red Hot Chili Peppers, en gros, sont des albums de funk-rock décomplexé riche en guitares fuzzy/cocotte à la Prince (grâce aux guitares de Hillel Slovak, mort d'overdose en 1988, puis de son remplaçant, John Frusciante), le groupe a, avec ce disque, viré au hard-rock pur et dur. Frusciante, accro à la came, quitte le groupe pendant la tournée japonaise de Blood Sugar Sex Magik, leur album cartonneur de 1991. Le groupe engage un remplaçant, Dave Navarro, de Jane's Addiction. En 1994, le groupe entre en studio, et d'emblée, ça ne se passe pas super bien concernant Anthony Kiedis, le chanteur, qui a replongé dans la came après 5 ans d'abstinence. Il va signer des textes assez hargneux et personnels, tandis que les sonorités du groupe, avec l'apport de Navarro le tatoué (dont la vie n'a pas toujours été un modèle de douceur ; adolescent, il a, en rentrant chez lui, retrouvé le corps de sa mère, assassinée, ce qui, on est d'accord, est une assez mauvaise surprise), vont changer du tout au tout. Navarro a un look bien rock (sur scène, il se fringuera parfois en...tutu de cuir noir ! J'te jure !), son style musical aussi, assez féroce. Vraiment pas funky. Je ne sais pas comment sonnaient les chansons de Blood Sugar Sex Magik (Under The Bridge, Give It Away...) et des albums précédents, en live, durant les concerts de l'ère Navarro, mais je peux comprendre que les premiers fans aient été déçus, voire choqués. D'ailleurs, Navarro quittera le groupe en 1998, viré (il était devenu accro à la came, notamment), et Frusciante reviendra, et le groupe fera le cartonneur Californication en 1999.

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Mais en attendant, One Hot Minute sort en 1995, sous une sublime pochette dessinée (le livret aussi) par Mark Ryden et une production signée Rick Rubin. Le précédent opus a cartonné (il est pourtant terriblement long, boursouflé, inégal, quasiment inécoutable désormais...), celui-ci se vendra moins (sans être non plus un bide) et sera, surtout, moins bien accueilli. Clairement, le son du groupe a tellement changé (alors qu'il n'y à que le guitariste qui a changé) que c'est limite s'il s'agit bien des RHCP. Pour un fan de hard-rock comme moi, cet album est une bombasse, et tant pis si je n'ai jamais aimé la voix de Kiedis, qui m'énerve souvent. Ici, la plupart du temps, il est tout de même moins énervant que sur les précédents albums (ses tentatives de rap/funk de cul-blanc sont terriblement embarrassantes, sur Blood Sugar Sex Magik). La basse de Flea est géniale (j'ai envie de dire : comme d'hab'), les parties de guitare de Navarro (crédité sur tous les morceaux ; tous les morceaux sont, en fait, crédités au groupe entier, sans distinction) sont monumentales. L'album s'ouvre sur un Warped qui tente de faire le lien entre le funk/rap/rock du précédent album et ce qui va faire la viande de One Hot Minute. Jubilatoire, sorti en single (le premier single promotionnel de l'album), ce morceau déchire. De même qu'Aeroplane, aussi sorti en single, ou que Deep Kick, morceau qui relate les aventures de jeunesse de Kiedis et Flea, sur la route, à faire les cons, à vagabonder, faire des expériences... My Friends, sorte de décalcage sympa du Something des Beatles, est une pure petite splendeur mélancolique. Sans transition, le furax Coffee Shop et le court (moins de 2 minutes) Pea acoustique suivent, avant que One Big Mob (oh yeah, oh yeah !!!) n'achève en fanfare (on y entend à un moment donné, dans le break, les pleurs d'un bébé, celui de Navarro), la première face vinyle. La suite, du funk-rock de Walkabout au transcendant (ha ha) Transcending, en passant par le morceau-titre et le bien-nommé Tearjerker ("tire-larmes"), est du même tonneau. One Hot Minute est un des meilleurs albums des années 90 et évidemment le sommet d'un groupe culte de son époque (je le reconnais, les RHCP, c'est un des groupes les plus importants de sa génération). S'il n'en fallait qu'un d'eux, vous savez lequel prendre !!

FACE A

Warped

Aeroplane

Deep Kick

FACE B

My Friends

Coffee Shop

Pea

One Big Mob

FACE C

Walkabout

Tearjerker

One Hot Minute

FACE D

Falling Into Grace

Shallow Be Thy Game

Transcending