E1

Les Eagles sont un des groupes de rock les plus connus des années 70, sans doute un des plus représentatifs de la scène pop-rock californienne de cette décennie (avec Toto, Steely Dan et Fleetwood Mac aussi). Le groupe, d'obédience country-rock à la base (plusieurs membres ont oeuvré dans la country, Bernie Leadon avec les Flying Burrito Brothers, le bassiste Randy Meisner avec Rick Nelson et Poco...), a sorti son premier album, éponyme, en 1972, avec déjà des classiques dessus (Take It Easy, Peaceful Easy Feeling...). La suite sera encore meilleure : Desperado en 1973, avec le morceau-titre et Tequila Sunrise ; On The Border en 1974, plus pop, avec Already Gone et The Best Of My Love ; One Of These Nights en 1975 (qui marque l'arrivée de Don Felder, guitariste, et le départ du guitariste et banjotiste Leadon), avec le morceau-titre et Take It To The Limit ; et Hotel California, en 1976 (arrivée du guitariste Joe Walsh), avec...bon, ben, vous savez quelle chanson, hein, mais aussi New Kid In Town, Life In The Fast Lane, The Last Resort, Wasted Time, Pretty Maids All In A Row, tout l'album est à citer, tous les 9 titres, en fait. Après cet album anthologique, le groupe organise une tournée qui se passera difficilement : des tensions occasionneront le départ de Randy Meisner, qui sera remplacé par Timothy B. Schmitt pour l'album suivant. Ce dernier, aussi connu comme choriste de luxe (il faut dire qu'il possède une remarquable voix), quitte le groupe Poco pour rejoindre les Eagles. Chose amusante et qui ne s'invente pas : Meisner, à la base, était dans Poco, qu'il quittera pour les Eagles, et c'est Schmitt qui, dans Poco, le remplacera ! Le reste des Eagles, pour l'album qui suivra Hotel California, est inchangé : Glen Frey (chant, guitare), Don Henley (chant, batterie), Joe Walsh (chant, guitare, claviers), Don Felder (guitare).

E2

Schmitt, Felder, Frey, Henley, Walsh

C'est en 1979, soit trois ans après le carton plein de leur cinquième album, que les Aigles publient leur sixième opus, sous une pochette noire et classieuse. The Long Run, tel est le nom de ce disque encore une fois produit par le fidèle Bill Szymczyk (à vos souhaits), et il est sorti fin septembre 1979. Mais fut enregistré sur une période de un an et demi, entre mars 1978 et quelques semaines avant sa sortie. A la base destiné à être double (au final, il ne dure que 43 minutes, pour 10 titres), ce disque a apparemment été compliqué à faire. L'album a été fait dans cinq studios différents, par un groupe complètement à plat, exténué par la tournée de Hotel California, les tensions internes, et aussi la pression externe et interne suite au succès monumental, et quasiment inattendu (pour le groupe, c'était vraiment du jamais-vu), de leur précédent opus. A voir les tronches des membres du groupe sur la photo de la pochette ouvrante (ci-dessus), on sent vraiment la fatigue, un peu comme sur la pochette du Beatles For Sale. Je vais être sincère : il y à 10 ans, lorsque j'avais, pour la première fois, abordé ce disque, c'était pour le démonter comme un puzzle auquel on se rend compte, au final, qu'il manque une pièce. J'ai mis un sacré bon bout de temps à apprécier, puis aimer (oui, aimer) cet album. C'est donc désormais le cas, et c'est pour ça que je le réaborde, mais pendant des années, je n'ai quasiment jamais écouté ce disque, juste une ou deux chansons (le morceau-titre et King Of Hollywood) qui me plaisaient bien, mais sans plus. Et puis, un jour, à la radio, je tombe (via la station francilienne MBS, 92.8, qui est, dans son genre, excellente), sur I Can't Tell You Why (morceau chanté par Schmitt, au passage), et je chavire. 

E3

Je me remets l'album de retour chez moi (j'étais en voiture), et si, définitivement, The Greeks Don't Want No Freaks est une chanson de merde (de très loin la pire du groupe ; la seule vraie chanson mauvaise du groupe, en fait), je dois dire que le reste de l'album fait tilt dans mon cerveau. Oui, l'album n'est pas aussi grandiose que le précédent ; mais en même temps, c'était impossible à accomplir. Les Eagles devaient bien le savoir. Je ne veux pas dire qu'ils n'ont pas essayé, car des morceaux comme King Of Hollywood (de Henley, sans doute le sommet de l'album), In The City (de Walsh, dont il faudra bien qu'un jour ou l'autre j'aborde les albums solo 70's) et I Can't Tell You Why (de Schmitt, donc) sont d'une très très haute volée. La production de l'album est, de plus, similaire, de la pop-rock californienne bien charpentée, qui a bien vieilli. On a quelques incartades (l'amusant et court The Disco Strangler de Henley, le countrysant/bluegrass Teenage Jail), on a un hit co-écrit avec Bob Seger (Heartache Tonight), l'inévitable ballade lacrymale de Henley (The Sad Cafe)...On a de tout pour faire un album solide, peut-être pas le sommet du groupe (quand on se penche sur la discographie du groupe juqu'à The Long Run, on admettra que c'est même, probablement, le moins grandiose du lot, tout compte fait), mais vraiment, je regrette d'avoir été aussi salopard envers lui pendant toutes ces années. La suite de leur carrière est quasiment finie : un double live (mixé, d'après plusieurs concerts de 1977 et 1980, dans un climat de tensions internes violentes), Eagles Live, excellent mais un peu frustrant, en 1980, puis la séparation. Vous reformerez-vous un jour ? Oui, quand il gèlera en Enfer. En 1994, donc, il gèle en Enfer : Hell Freezes Over, live essentiellement acoustique accompagné de 4 inédits studio pas dégueulasses (Learn To Be Still), sort, gros succès. Puis plus rien jusqu'à 2007 et le double Long Road Out Of Eden, sans Don Felder (viré comme un malpropre), un album vraiment excellent bien que trop long (90 minutes), et pour le moment, c'est tout pour les Eagles. Surtout depuis le décès de Frey en 2016...

FACE A

The Long Run

I Can't Tell You Why

In The City

The Disco Strangler

King Of Hollywood

FACE B

Heartache Tonight

Those Shoes

Teenage Jail

The Greeks Don't Want No Freaks

The Sad Café