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Faut-il encore présenter ce live ? Il a été un tel succès à sa sortie en 1976 que son auteur, Peter Frampton, sera reçu à la Maison-Blanche. Aaah, Peter Frampton... Guitariste et chanteur (acteur très occasionnel, aussi) britannique, blondinet bouclé, voix chevrotante et aiguë, ayant fait partie d'un des plus fameux groupe de hard rock britanniques de son époque, Humble Pie, avant de se lancer en solo en 1972, un an après avoir quitté le Pie après un double live quasiment anthologique (Performance - Rockin' The Fillmore). Le Pie devient dès lors la chose de l'autre guitariste et chanteur du groupe, Steve Marriott, dont la voix est elle aussi d'enfer (Jimmy Page pensait d'abord à Marriott avant d'engager Robert Plant, quand il a fondé Led Zeppelin). Frampton, au sein d'Humble Pie, a livré quelques chansons imparables comme Earth And Water Song (1970). En solo, dès Wind Of Change en 1972, il va signer de grandes choses, qui sont aujourd'hui peu connues, Frampton ayant, depuis les années 80, une réputation de merde qui, franchement, est scandaleuse : ce live, Frampton Comes Alive !, se vendra aussi bien que du pain dans une boulangerie, ce qui, déjà, peut suffire à agaçer ; il est très commercial FM, ce qui peut aussi agaçer ; Frampton fait usage intensif, parfois, de la talk-box (instrument branché à un ampli de guitare, dans lequel on souffle pendant qu'on joue, et donnant l'impression que la guitare 'parle' ; la talk-box est devenue indissociable de Frampton) ; pire, deux ans plus tard, Frampton joue dans le film Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, avec aussi et surtout les Bee Gees, film atomiquement merdique qui provoquera quasiment la fin des Bee Gees et de Frampton. Et pour certains amoureux du rock, le pire sera atteint quand Frampton collaborera avec Johnny Hallyday, comme sur l'album Rock'n'Roll Attitude en 1985. Autant de bonnes (le film) et mauvaises (ce n'est pas parce que c'est commercial que c'est mauvais) raisons qui font qu'aujourd'hui, Frampton, c'est plus ça.

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Entre 1972 et 1976, Frampton va sortir quatre albums studio (Wind Of Change, Frampton's Camel, Somethin's Happening et Frampton) franchement bons, et tous bien représentés ici via ce double live de 1976, donc, enregistré en plusieurs endroits : Marin County Civic Center de San Rafael et Winterland Ballroom de San Francisco (en Californie tous deux) et Long Island Arena, à Commack et SUNY Plattsburgh, à Plattsburgh (état de New York tous deux). Long de 78 minutes dans sa version originale de 14 titres, l'album a été réédité en DeLuxe, en 2001, avec plusieurs bonus-tracks, et dure ainsi 95 minutes. Si cette version rallongée assure (Just The Time Of Year, Nowhere's Too Far For My Baby), rien que l'originale est à elle seule démentielle. Tenant le chant et la guitare (et la talk-box), Frampton est entouré de Bob Mayo (guitare rythmique, piano et divers claviers, choeurs), John Siomos (batterie) et Stanley Sheldon (basse, choeurs). L'album est produit par Peter Frampton, et possède un excellent son, bien rock et FM.

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Intérieur de pochette vinyle

L'album offre tous les classiques de Frampton en solo, rien n'est issu d'Humble Pie. Et ça démarre en fanfare avec Introduction/Somethin's Happening, morceau grandiose qui représente bien l'ensemble du live. Si vous ne connaissez pas encore Frampton Comes Alive ! et que vous aimez ce premier titre, vous aimerez tout le live. Doobie Wah, qui suit, est du même tonneau, et Show Me The Way, avec sa talk-box, est une chanson mythique (issue de Frampton), fait partie des chansons légendaires des années 70, impossible que vous ne la connaissiez pas, sauf si vous êtes trop jeune. It's A Plain Shame termine bien la face A, la B s'ouvre elle aussi très bien avec le délicat All I Want To Be (Is By Your Side), car ce live sait aussi se faire tendre. Il touche tout le monde, rockeurs et amateurs de douceurs (Baby, I Love Your Way, aussi de Frampton, aussi un gros, gros, gros tube). Wind Of Change et I Wanna Go To The Sun sandwichent d'ailleurs avec nervosité cette chanson calme et tubesque au possible.  La face C s'ouvre sur le court instrumental (1,23 minute !) Penny For Your Thoughts, qui s'enchaîne directement sur (I'll Give You) Money, très réussi, Shine On et une remarquable reprise du Jumpin' Jack Flash des Cailloux, issue du premier opus solo du bonhomme. La D ne contient que deux titres : les 7 minutes de Lines On My Face (situé bien plus haut dans le tracklisting dans la réédition DeLuxe 2001, d'ailleurs), morceau touchant et grandiose, et le quart d'heure (un tout petit peu moins, en fait : 14 minutes) rempli d'effets de talk-box de Do You Feel Like We Do, cheval de bataille absolu de Frampton en live, indéniablement LE morceau avec lequel il fallait achever l'affaire. C'est certes long, mais la vache ! Do you, do...feel like I do ?

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Pochette dépliée

On en redemande ? On le réécoute ! Ou on prend la réédition 2001, avec plusieurs titres supplémentaires vraiment bons. Mais comme je l'ai dit plus haut, dans l'ensemble, Frampton Comes Alive ! est déjà quintessentiel dans sa version de base, ces bonus-tracks ne sont là que pour en rajouter un peu, mais les fans avent déjà depuis des plombes que les 14 titres originaux se suffisent. Je terminerai ma chronique sur ce chef d'oeuvre en citant le film Wayne's World 2 (ce navet), dans lequel on parle rapidement de ce disque en ces termes (histoire d'insister lourdement sur la popularité de l'album en son temps et sur le fait qu'il soit ultra connu) : Oh, excuse moi, tu m'demandes si j'connais l'album Frampton Comes Alive ? Mais tout le monde a le disque Frampton Comes Alive. En banlieue on te le distribuait gratuitement. Tu trouves ça dans ta boite aux lettres avec un échantillon de lessive.

FACE A
Introduction/Somethin's Happening
Doobie Wah
Show Me The Way
It's A Plain Shame
FACE B
All I Want To Be (Is By Your Side)
Wind Of Change
Baby, I Love Your Way
I Wanna Go To The Sun
FACE C
Penny For Your Thoughts
(I'll Give You) Money
Shine On
Jumpin' Jack Flash
FACE D
Lines On My Face
Do You Feel Like We Do ?