Trois albums en trois années, le moins que l'on puisse dire, c'est que ZZ Top, That lil' ol' band from Texas, ne chôme pas. Le trio de barbus, qui ne le sont pas encore vraiment (Dusty Hill, le bassiste, était probablement déjà barbu dans le ventre de sa mère, celle du guitariste et chanteur Billy Gibbons pousse à son rythme et n'est encore qu'un collier, et le batteur ne l'a jamais été, barbu, mais comme son nom est Frank Beard, il n'en a pas besoin, il a une barbe dans son nom), se taille, de plus, un succès de plus en plus fort. Le premier album, baptisé Le Premier Album de ZZ Top pour insister sur le fait qu'il y en aura d'autres, se vendra correctement, sans plus, mais était réussi, ô combien. Rio Grande Mud se vendra à peu près pareil, mais se paie le luxe d'être encore meilleur. Tres Hombres, le troisième, là, ce fut le bon. Gros succès commercial, grâce à La Grange, qu'on ne présente plus. 1973, pourtant, c'est une année de grosse concurrence dans le rock. On ne va pas tous les citer, mais entre les Stones, Wings, Led Zep, Elton John, Bowie, Roxy Music, Genesis, Santana, il y à du lourd. ZZ Top a quand même réussi son coup. Trois albums, trois réussites. Le quatrième album sortira en 1975, et c'est donc cet album-ci, Fandango ! (du nom d'une danse originaire de l'Espagne et du Portugal, proche du flamenco). La pochette de l'album recto comme verso, montre le trio en action, sur scène. La sous-pochette montre d'un côté trois photos des membres du groupe, dans des cadres en forme d'étoiles, comme placardées sur une planche de bois, et de l'autre côté, une vue aérienne d'un stade totalement rempli de monde, à Austin, et légendée barbecue annuel avec quelques amis. Photo montrant un concert du groupe, je ne sais pas (ZZ Top était déjà hype, en 1975, surtout dans on Texas natal, mais le stade est vraiment rempli jusqu'à la gueule, ça peut sembler énorme), mais qui veut bien dire ce qu'elle veut dire.
Fandango ! est un album à part dans la discographie du groupe. C'est en effet un album à la fois live et studio. Une face de chaque, pour un total de 33 minutes bien frustrantes, mais, quand même, totalement réussies, il faut le dire. Le format live/studio est inhabituel, et ne donnera pas souvent lieu à des sommets, sauf Wheels Of Fire de Cream, Ummagumma de Pink Floyd, (Untitled) des Byrds, Moonflower de Santana qui, tous quatre, sont double. Les albums hybride de ce genre qui ne sont constitués que d'un seul disque ne sont pas nombreux (en dehors de ce ZZ Top, sur le moment, je ne peux en citer qu'un : 'Ot'n'Sweaty de Cactus, 1972) et c'est rarement mémorable, même si le Cactus vaut le coup. Sans doute ce quatrième ZZ Top est-il l'exception qui confirme la règle, car malgré qu'il soit frustrant (on aurait aimé plus de morceaux live, et les morceaux studio sont tellement réussis qu'on aurait bien repris quelques bouchées ; bref, un double album aurait été mieux), Fandango ! est totalement réussi. La face live, d'abord, d'autant plus qu'elle est la première sur l'album. 3 morceaux, pour 15 minutes. On a d'abord Thunderbird, un morceau composé par un jeune groupe des années 50, The Nightcaps, mais dont l'absence de copyrights a fait que ZZ Top l'a récupéré (ils sont crédités auteurs), pas glop (les Nightcaps intenteront un procès qu'ils perdront, ZZ Top ayant copyrighté leur propre version de Thunderbird en 1975, même s'ils ont reconnu qu'ils s'étaient inspiré des Nightcaps). Morceau efficace suivi par une courte (2 minutes) et bien nerveuse reprise du Jailhouse Rock d'Elvis Presley, chantée par Dusty Hill, avant de laisser la place, pour 9 minutes, à une version dantesque, entrecoupée de reprises de Willie Dixon ou John Lee Hooker, de Backdoor Love Affair, morceau qui achevait le premier album.
Et la face B, la face studio ? 6 titres, pour 17 minutes, là aussi c'est tassé, mais on en redemande sans hésitation. S'achevant sur un des plus gros hits (et un de leurs premiers) du groupe, chanté par Dusty, Tush (chanson qui parle probablement de cul, 'tush' étant un terme d'argot pour 'fesses'), morceau très court doté d'un riff de malade, cette face B offre du grandiose qui n'aurait pas dépareillé n'importe lequel des précédents albums du groupe. Nasty Dogs And Funky Kings est un des meilleurs morceaux de heavy rock de l'époque, là aussi le riff est à tomber du haut du Chrysler Building, là aussi l'interprétation est réjouissante à mort. Heard It On The X, Blue Jean Blues, Balinese, il faudrait tout citer, de ces six morceaux, tous signés du groupe, certes pas forcément d'une originalité folle (les influences, Hooker, Dixon, Johnson, B.B. King, sont bien là), mais tous d'une redoutable efficacité. Fandango ! est une totale réussite de plus pour le trio texan, on notera juste un seul reproche, concernant son format frustrant, comme je l'ai expliqué plus haut, mais ce n'est pas trop grave. Gibbons, Hill et Beard en imposent encore une fois dans leue registre de blues-rock truculent et vicelard, et quand l'album sortira en 1975, il sera une grosse vente qui fera dire aux acquéreurs vivement le suivant. Lequel album suivant déboule ici dans une paire de jours, évidemment.
FACE A
Thunderbird
Jailhouse Rock
Backdoor Medley :
a) Backdoor Love Affair
b) Mellow Down Easy
c) Backdoor Love Affair N°2
d) Long Distance Boogie
FACE B
Nasty Dogs And Funky Kings
Blue Jean Blues
Balinese
Mexican Blackbird
Heard It On The X
Tush
Donc je cherche de la chatte... la classe !