But it's been fourteen years of silence, it's been fourteen years of pain ("Ce fut quatorze années de silence, quatorze années de douleur")... Ces paroles sont issues de la chanson 14 Years, des Guns'n'Roses, chanson qui, malgré les apparences, ne parle pas du long, très long délai de...14 ans avant que le groupe, réduit à sa plus simple expression (le chanteur, c'est tout), ne se décide enfin à sortir l'Arlésienne du rock, j'ai nommé Chinese Democracy, en 2008 (à peu près à cette période de l'année, d'ailleurs). La chanson que je viens de citer ne parle pas de celà pour une simple et bonne raison, elle date de 1991 et se trouve sur Use Your Illusion II, c'est donc une simple (et amusante, dans un sens) coïncidence si, dans cette chanson, on parle d'un long délai de 14 ans, alors que le groupe n'avait en 1991 pas encore commencé à bosser sur un disque qui, au final, se fera attendre durant un délai aussi long. Durant ces 14 années allant de 1994 (année de sortie de Sympathy For The Devil, remake de la chanson des Rolling Stones et issu de la bande originale d'Entretien Avec Un Vampire de Neil Jordan) à 2008, les Guns'n'Roses n'ont cessé de dire on n'est pas encore prêts, l'album ne va pas sortir tout de suite, et les membres du groupe de, progressivement, foutre le camp, le départ le plus important ayant été le dernier, celui de Slash, guitariste au haut-de-forme, parti fonder son propre groupe (Velvet Revolver) et se lancer en vrai solo. Des Guns'n'Roses, ne reste plus que W. Axl Rose, le chanteur (et tête pensante du groupe) et, accessoirement, Dizzy Reed, pianiste ayant bossé sur les deux Use Your Illusion et "The Spaghetti Incident ?" (inégal et frustrant, mais sympathique disque de reprises de 1993, qui sera le dernier opus studio du groupe jusqu'à 2008), mais Reed ne fait pas partie du groupe, c'est un accompagnant.
Comment, avec seulement le chanteur comme membre restant, continuer à considérer les Guns'n'Roses, les Guns'n' Fuckin' Roses, comme un groupe digne de cette appellation d'origine contrôlée ? C'est pourtant sous ce nom de Guns'n'Roses que l'album, Chinese Democracy (14 ans que le nom de l'album est connu de tous, c'est la seule chose qu'on avait à ce sujet), sortira donc en 2008, sous une pochette non trafiquée (le tag au nom du groupe était là avant que la photo ne soit prise). Long de quelques 71 minutes pour 14 titres, Chinese Democracy (le titre est amusant, la blague qui était faite autout de l'album, durant ces 14 années, aussi : le temps qu'il sorte, la Chine deviendra sans doute vraiment une démocratie...) ne sera pas accueilli avec des fleurs à sa sortie. Bien qu'étant un gros succès commercial, bien qu'ayant reçu quand même de bonnes critiques (Rock'n'Folk l'intronisera disque du mois, Manoeuvre en fera un panégyrique absolu, le qualifiant de Grande Pyramide du rock, entre autres, et, évidemment, le maximum en notation, soit cinq étoiles), Chinese Democracy sera atteint du syndrôme tout ça pour ça, les fans et les gens en général gueuleront, foutage de tronche, c'est pas le groupe parce qu'il n'y à plus que le chanteur, c'est surproduit, ça ressemble trop à ce que le groupe faisait avant (et vous vouliez quoi ? Qu'Axl Rose reprenne du Bob Dylan à la sauce reggae ? Ou bien des chansons pour enfants sur fond de rockabilly ?), ça valait pas le coup d'attendre, gnia gnia gnia... Les mêmes critiques/reproches fusent actuellement sur le Net au sujet du dernier (dans tous les sens du terme, le groupe étant, officiellement, mort) album de Pink Floyd, The Endless River. Si un jour Goldman revient aux affaires avec un album studio, ces mêmes reproches/critiques fuseront. Elles ont aussi fusé, dans le monde du cinéma, pour le dernier volet de la saga Indiana Jones, rappelons-nous. Autre chose ayant quelque peu entraîné les foudres, c'est un album ayant coûté extrêmement cher, on parle de 13 millions de dollars, c'est l'un des albums, si ce n'est l'album, le plus cher de l'histoire du rock.
L'album, dont des démos ont souvent circulé dans le marché parallèle durant des années (entraînant de fausses joies, de fausses craintes...), est mal aimé, donc, et même, incompris. Pourtant, franchement, à son écoute, difficile de ne rien ressentir. Très fortement produit, il est vrai, ce disque est une bombe atomique pure, 14 titres super efficaces, certains très furieux, d'autres plus calmes, on a de belles ballades au piano, de grands moments de guitare, un Axl Rose survolté... Les musiciens l'accompagnant, trop nombreux pour être tous cités ici (les guitaristes Buckethead et Robin Finck, le bassiste Tommy Stinson, le claviériste Dizzy Reed, le batteur Brain, pour certains des plus importants), sont en forme et livrent de grandes prestations (le solo de guitare sur Better, l'ambiance très Hendrix du XXIème siècle de Scraped qui rappelle le Crosstown Traffic de Hendrix, justement, par certains aspects, et notamment son riff). Axl joue du piano de temps en temps, c'est sublime aussi. Mais pas original, il en jouait déjà avant, voir November Rain, par exemple, sur le premier Use Your Illusion en 1991... On peut voir ce disque comme une sorte de troisième partie des UYI, d'ailleurs. Les morceaux se suivent, ne se ressemblent pas, l'album s'ouvre sur le furieux Chinese Democracy (et son intro d'ambiance, son riff tueur), se poursuit sur un Shackler's Revenge très électrorock/jungle, puis le rockissime Better, la power-ballad Street Of Dreams, le très étonnant If The World avec ses arrangements qu'une chanson de britpop telle que celles de Suede ou d'Oasis n'aurait pas refusé, puis le monumental There Was A Time (contenant lui aussi un grand solo de guitare)... On trouve aussi Sorry, chanson grandiose et dévastatrice, sombre, toute en climat introspectif dans sa première partie (It's harder to live with the truth about you than to live with the lies about me, grande phrase), en explosion dans sa seconde... I.R.S. qui semble règler des comptes (l'IRS, c'est le fisc américain), Madagascar qui en jette, This I Love, sublime ballade au piano, luxurieusement produite, et Prostitute, final enchanteur de l'album, ultime touche de beauté dans un album vraiment IMMENSE, une claque auditive dans la gueule qu'il faut à tout prix réhabiliter. 6 ans après sa sortie, cet album que je me suis payé en CD ET en vinyle n'a toujours pas quitté ma tête, et ne squatte jamais très loin de ma chaîne hi-fi/platine. Je ne m'en suis toujours pas lassé (ce qui me fait dire, car figurez-vous que je me connais, que je ne m'en lasserai jamais, de cet album), ayant même réussi à aimer If The World et Riad 'N' The Bedouins qu'avant, je n'aimais pas. Mais ça, c'était avant.
Chinese Democracy
Shackler's Revenge
Better
Street Of Dreams
If The World
There Was A Time
Catcher In The Rye
Scraped
Riad 'N'The Bedouins
Sorry
I.R.S.
Madagascar
This I Love
Prostitute
J'aime les deux premiers morceaux (Rahhhh! Shackler's Revenge!), mais c'est assez soupasse pour moi...