Meilleur album d'un groupe que je n'aime pas vraiment (mais j'aime cet album, ceci dit), The Queen Is Dead est troisième album des Smiths. Il date de 1986, et fait partie des meilleurs albums de cette décennie souvent décriée (car trop pop, commerciale, superficielle). Sur la pochette de l'album, une photo d'Alain Delon dans le film L'Insoumis. Le lettrage du nom du groupe et du titre de l'album est assez sobre, classieux. Précieux. Comme la voix du chanteur, Morrissey. Un chanteur excellent, symbole du mouvement gay (mais il a longtemps nié son homosexualité), et dont la voix peut cependant irriter par moments (trop précieuse, justement).
L'album contient un lot incroyable de classiques. J'ai cependant remarqué, avec amusement, qu'il y avait 5 chansons ici (sur les 10 de l'album) que j'adorais, et 5 que soit j'aimais bien, soit je n'aimais pas. Et, chose amusante, les chansons que j'adore sont les chansons impaires (1,3,5,7 et 9). Soit une sur deux. Soit la moitié des 37 minutes de l'album. On peut donc dire que j'aime l'album.
Passons tout de suite aux titres que je déteste : Vicar In A Tutu, très courte, est d'un ridicule qui, logiquement, devrait tuer toute personne l'interprétant (aucun des Smiths n'étant mort, j'en conclus que ce n'est pas logique). Et Some Girls Are Bigger Than Others est trop new-wave à la Alphaville pour me plaire. Après, j'aime bien Never Had No One Ever, mais elle se traîne en longueur. Frankly, Mister Shankly et Bigmouth Strikes Again sont deux chansons assez amusantes (la première est un règlement de comptes entre le groupe et leur manager), mais simples. Voilà donc pour les 5 titres que je n'adore pas.
Après, les autres titres sont tuants : Cemetery Gates est une ballade romantique et guillerette où Keats, Yates et Oscar Wilde se cotoient. Musique magnifique. The Boy With The Thorn In His Side bénéfice d'une guitare superbe de Johnny Marr. J'aime plus la musique que la voix ici, mais le morceau est superbe. Et après, on a aussi le trio magique de l'album. Trois chansons inoubliables, trois chocs. Tout d'abord, The Queen Is Dead, chanson d'ouverture, et la plus longue (6,20 minutes), chanson bénéficiant d'un jeu de guitare fluide et tuant de Marr, et dont le titre s'inspire d'une des nouvelles du recueil Last Exit To Brooklyn de Hubert Selby Jr (pas l'histoire, mais juste le titre de la nouvelle). On y croise le Prince Charles en robe de mariée, entre autres, dans cette chanson magistrale et envoûtante. I Know It's Over est une complainte déchirante, sur laquelle Morrissey chante de son mieux. There Is A Light That Never Goes Out, qui parle de suicide, est belle à pleurer toutes les larmes de son corps. Rien que pour ces trois chansons, l'album se doit d'être acheté et écouté.
En résumé, on tient ici un disque émouvant, puissant, bien que pas totalement parfait. Mais les sommets de ce disque sont tellement forts qu'on en oublie les titres mineurs.
FACE A
The Queen Is Dead
Frankly, Mister Shankly
I Know It's Over
Never Had No One Ever
Cemetery Gates
FACE B
Bigmouth Strikes Again
The Boy With The Thorn In His Side
Vicar In A Tutu
There Is A Light That Never Goes Out
Some Girls Are Bigger Than Others