Pendant longtemps, ce disque sera celui de Genesis queje considérais comme le meilleur. Maintenant, je pense que The Lamb Lies Down On Broadway est supérieur, mais Wind And Wuthering reste toujous mon album studio préféré du groupe, et un de leurs meilleurs albums, clairement. Sorti en 1977, il est le huitième album studio de Genesis et leur neuvième album tout court (en comptant le live de 1973), et son titre est inspiré par le fameux roman d'Emily Brontë Les Hauts De Hurle-Vent. De même que les titres des deux instrumentaux 'Unquiet Slumbers For The Sleepers... et ...In That Quiet Earth' : ensemble, ces deux titres de morceaux forment tout simplement la dernière phrase du roman ! A l'époque, Genesis est encore pleinement un groupe de rock progressif. Peter Gabriel a quitté l'aventure en 1975 juste après la tournée The Lamb Lies Down On Broadway (1977, année de sortie de Wind And Wuthering, est par ailleurs l'année de sortie de son premier opus solo, avec Solsbury Hill et Here Comes The Flood), et le groupe, durant une partie de 1975, cherchera en vain un nouveau chanteur, tout en demandant sans cesse à Phil Collins, leur batteur, de prendre cette place ; le batteur refuse, ne voulant pas prendre autant de place dans le groupe, la batterie lui va bien. Mais devant le peu de résultats concluants de la recherche de chanteur, il se voit obligé d'accepter, et tout en restant batteur (sauf en concert, ou, durant les passages chantés, un batteur vient le remplacer : Bill Bruford en 1976, Chester Thompson dès 1977, et jusqu'à la fin du groupe, et y compris pour la carrière solo de Collins). A Trick Of The Tail, le premier album avec Collins au chant, sort en 1976, le succès est au rendez-vous, public et critique (on attendait le groupe au coin du bois, faut dire), l'album est une pure merveille...
On attendra donc la suite à cet A Trick Of The Tail ensoleillé (la pochette, jaune-orangée), et en 1977, le groupe enregistre sa suite, en Hollande, ce Wind And Wuthering ('Vent et Hurle-Vent') à la pochette venteuse, hivernale, aussi froide que celle du précédent album était chaude et estivale. Une magnifique pochette, cet arbre dans la brume qui, au dos (vois ci-dessus), se révèlera être constitué d'oiseaux faisant les branches. Une pochette simple (elle ne s'ouvre pas en gatefold, contrairement à celle du précédent opus, et du suivant), avec, à l'intérieur, un livret dépliant proposant les paroles (et, pour l'édition imprimée en France, la traduction des paroles, aussi. Des traductions parfois trop littérales, on gagne en sens ce que l'on perd en charme et en originalité). L'album aligne 9 titres, dont trois instrumentaux, pour 50 minutes, soit la durée du précédent opus (qui contenait 8 titres, lui). Niveau personnel, rien ne change : Collins au chant et à la batterie, Anthony Banks aux claviers, Steve Hackett à la guitare, Mike Rutherford à la basse et un peu à la guitare. Notons cependant qu'une fois la tournée de l'album achevée (le visuel plus bas est une affiche de concerts d'époque), Hackett partira, et ne reviendra pas. Sur scène, on le remplacera par Darryl Stuermer (carrière solo de Phil Collins aussi, comme Chester Thompson), qui secondera un Rutherford devenu, en studio, bassiste et guitariste lead. Maintenant qu'on a parlé du contexte, de la pochette et des zicos, parlons un peu de la musique. L'album s'ouvre sur Eleventh Earl Of Mar ('Le onzième Comte de Mar'), une chanson racontée par Collins à la manière d'une histoire racontée par un papa à son enfant avant qu'il ne s'endorme. Les refrains sont d'ailleurs sans équivoque, Daddy, you promised ! Une belle chanson, d'environ 7 minutes, baignée de claviers omniprésents, il faut dire que ce disque est un peu celui de Banks, qui, il est vrai, en fait parfois un peu trop dans la démonstration, mais c'est du rock progressif, en même temps. Ne vous plaignez pas, dans le genre, Keith Emerson, dans Emerson, Lake & Palmer, en fait nettement plus dans le registre du je suis le meilleur aux claviers, tenez, la preuve. One For The Vine, 10 minutes tout rond, est une chanson magistrale (sans doute le sommet de l'album) qui parle du même sujet que The Knife, ancienne chansn du groupe (1970) : un seigneur envoie ses hommes à la guerre, beaucoup, ils le savent, y mourront. Mais si The Knife est violente, agressive, martiale, One For The Vine est mélancolique, triste, douce. Sublime.
Autre douceur, de 6 minutes environ, Your Own Special Way, chanson généralement critiquée chez les fans du groupe (surtout chez les premiers fans), car elle marque la première incursion de Collins dans la ballade, avant Follow You Follow Me, Misunderstanding ou In Too Deep. Une chanson certes douce, sentimentale, mais ça ne l'empêche pas d'être magnifique. La face A se finissait sur l'instrumental Wot Gorilla ? qui tend à prouver que ce disque est clairement celui de Banks : ses claviers sont, ici, très imposants ! Ce n'est pas le meilleur morceau de l'album, c'est même le moins grandiose, mais il est pas mal. Son titre étrange ('Quel gorille ?') est une allusion à Frank Zappa et Chester Thompson. Thompson a aussi joué pour Zappa, et notamment, en 1975, il joue sur l'album One Size Fits All, sur lequel il est crédité, par un Zappa ayant toujours manié l'humour absurde, 'gorilla victim' ('victime du gorille'), allusion à la chanson Inca Roads, sur l'album. Genesis, qui engage Thompson dès 1976/77 pour les seconder en live, pose donc amicalement la question à Zappa via ce titre de morceau : 'mais quel gorille ?'... Voilà-voilà... La face B s'ouvrait sur All In A Mouse's Night, chanson amusante sur la vie d'une souris et d'un chat qui lui court après, à la Tom & Jerry, une chanson qui aurait très bien pu être signée Gabriel tant elle respire son style. Je ne suis pas plus fan que ça de cette chanson un peu longue, mais qui, sinon, est pas mal du tout. Blood On The Rooftops, qui suit, est en revanche une pure merveille, douce-amère, mon morceau préféré de l'album et le second sommet de l'album derrière One For The Vine. L'intro hackettienne en diable est inoubliable, les refrains sont superbes, Collins assure du feu de Dieu... Après, on a les deux instrumentaux cités tout en haut d'article, 'Unquiet Slumbers For The Sleepers... et ...In That Quiet Earth', qui se suivent sans pause (et forment, avec la chanson finale Afterglow, une trilogie). La première partie, très courte (dans les 2 minutes), est à l'image de la pochette, venteuse, brumeuse, hivernale, on en tremble presque. La seconde, plus longue, s'ouvre sur une ruade de batterie, et c'est le déchaînement, imparable, grandiose, on trouve d'ailleurs ce titre, ainsi qu'Afterglow et Your Own Special Way, sur la triple compilation du groupe sortie il y à une dizaine d'années. Puis Afterglow, douceur chantée qui achève idéalement l'album, une prise de congé remarquable, une 'dernière lueur' (traduction du titre, en gros) de toute beauté qui sera souvent jouée live, à toutes les tournées, quasiment.
Hackett, Banks, Thompson, Rutherford, Collins : le groupe en 1977, formation des concerts
Wind And Wuthering (qui sera moyennement accueilli ; pas aussi bien accueilli que le précédent album, je veux dire, mais il ne sera pas non plus honni par la presse) est une merveille, donc, un des tous meilleurs albums de Genesis, et il faudra attendre Duke en 1980 pour que le groupe revienne à un aussi bon niveau (l'album de 1978, ...And Then There Were Three..., étant en effet médiocre). 9 morceaux dans l'ensemble remarquables, une excellente production, on a certes un peu trop de claviers de Banks par moments (c'est clairement son album), mais Wind And Wuthering reste une réussite. Titre d'album remarquable, pochette sublime, morceaux le plus souvent extraordinaires (Afterglow, One For The Vine, ...In That Quiet Earth', Blood On The Rooftops...), musiciens en forme, ce disque est vraiment à conseiller aux fans du groupe et de rock progressif de l'époque. La même année sortira le second live du groupe (et le premier officiellement reconnu par Genesis), le double Seconds Out, que je réaborderai ici bientôt, et qui concluera divinement bien la période vraiment progressive du groupe. Dès 1978, en effet, l'aspect pop de Genesis prendra vraiment le pas sur l'aspect progressif, au grand dam des premiers fans, au grand bonheur des nouveaux...
FACE A
Elevent Earl Of Mar
One For The Vine
Your Own Special Way
Wot Gorilla ?
FACE B
All In A Mouse's Night
Blood On The Rooftops
'Unquiet Slumbers For The Sleepers...
...In That Quiet Earth'
Afterglow
Les claviers sonnent kitsch, les compositions sont molles et clairement pompeuse.
Je me demande ce que les fans reprochent à end then there were three alors que celui-là est vraiment similaire...
Wind and Wutherind est une daube genesisienne dans toute sa splendeur malgré deux bons titres (one for the vine et blood on the rooftops)...